A Pékin, une table ronde des représentants des religions traditionnelles en Russie et en Chine
Le 14 mai 2015, dans le cadre de la quatrième réunion du groupe de travail russo-chinois pour les contacts et la coopération dans le domaine religieux, une table ronde a eu lieu à la Direction d’état aux affaires religieuses de la République populaire de Chine, rassemblant des représentants des religions traditionnellement présentes en Russie et en Chine.
Les co-présidents de cette table ronde étaient le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, et le vice-directeur de la Direction des affaires religieuses Cheng Zourong.
Les participants de la rencontre ont échangé leurs opinions sur l’importance du facteur religieux dans le développement de la société contemporaine. Les personnes présentes ont déclaré inadmissible l’utilisation du vocabulaire religieux pour justifier l’extrémisme et le séparatisme. L’importance de la consolidation des religions traditionnelles en Russie et en Chine afin de préserver les valeurs morales fondamentales et la culture spirituelle devant les défis du monde contemporain, dans lequel le processus de sécularisation se développe intensivement. Les parties ont souligné l’apport des communautés religieuses de Russie et de Chine à la guerre contre le fascisme allemand et le militarisme japonais le 70e anniversaire de la victoire sur lesquels est fêté cette année.
Les participants russes et chinois de la rencontre ont développé dans leurs interventions la thèse de l’importance des contacts dans la sphère religieuse pour l’affermissement des relations de la Russie et de la Chine et l’amitié des peuples des deux pays, comme l’avaient déclaré Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et le Président de la RPC Xi Jinping lors de leur rencontre le 8 mai à Moscou.
Dans son allocution, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a souligné que les questions de foi religieuse exigeaient une approche délicate. « Je propose de réfléchir aux principaux défis auxquels sont aujourd’hui confrontés les croyants de différentes religions » a dit le président du DREE. Constatant l’implantation active du modèle de conduite laïc dans la société contemporaine, la notion de péché étant rejetée hors de la sphère publique, l’hiérarque a rappelé : « Une interprétation faussée des droits de l’homme a fait porter une attention malsaine aux droits des couples homosexuels. Cependant peu de gens se rendent compte que des droits de l’homme fondamentaux comme le droit à la vie et le droit à la liberté de confession sont bafoués grossièrement dans beaucoup de régions du monde. Afin de s’opposer à ces influences, il faut s’appuyer sur les valeurs spirituelles traditionnelles de nos peuples ».
Revenant sur l’expérience séculaire de coexistence pacifique de différentes religions en Russie, Mgr Hilarion a constaté : « Les chrétiens, les musulmans, les juifs et les bouddhistes de Russie non seulement vivent en bons voisins, mais participent aussi activement à la vie de la société ». Ceci est rendu possible selon lui, notamment par à une forme de dialogue bien établie entre religions traditionnelles dans le cadre du Conseil interreligieux de Russie, par un système de relations de respect mutuel et de partenariat entre les religions et l’état, en particulier dans le cadre du Conseil présidentiel pour la coopération des associations religieuses.
Parlant de la situation tragique de la population chrétienne dans différents pays du Proche Orient, le président du DREE a souligné : « Nous soutenons les appels des leaders chrétiens du Proche Orient à aider les chrétiens à ne plus se sentir minorité religieuse, mais citoyens à part entière de leur état, à créer les conditions nécessaires pour qu’ils ne craignent plus pour leur vie et restent dans leurs maisons. » Le métropolite Hilarion a cité l’Égypte comme exemple positif de participation active de l’état à la répression de l’extrémisme religieux, où grâce aux efforts du nouveau pouvoir du président As-Sissi, la situation s’est sensiblement améliorée.
Le métropolite Hilarion a souligné que l’Église orthodoxe russe avait fait de la paix et de la défense des droits des chrétiens ses objectifs principaux dans son activité extérieure. Elle s’exprime activement au niveau international, témoigne auprès d’organisations politiques, publiques, scientifiques et autres.
A la fin de la réunion, Cheng Zourong, chef de la Direction des affaires religieuses de Chine a donné une réception en l’honneur du métropolite Hilarion de Volokolamsk et de la délégation russe.
Ensuite, la délégation a visité la plus ancienne mosquée de Pékin, où les autorités de l’Association islamique chinoise ont présenté à leurs invités russes la situation actuelle des musulmans en Chine. La mosquée avait été fondée en 996, dans un quartier de la capitale peuplée de musulmans chinois depuis des temps reculés. Le site possède un ensemble de bâtiments d’architecture traditionnelle chinoise, terminés au début du XVIII siècle. Plus de six mille musulmans peuvent y prier conformément aux règles de leur foi.
Le même jour, l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Chine, A. Denissov, a reçu la délégation. Le métropolite Hilarion, le chef de la représentation diplomatique russe à Pékin et les membres de la délégation russe ont déposé des fleurs devant une croix érigée dans l’enceinte de l’ambassade en mémoire des expatriés russes morts sur le sol chinois.
Le soir du même jour, le métropolite Hilarion et les personnes l’accompagnant se sont envolés pour la Mongolie intérieure.