Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est adressée au métropolite Onuphre de Tchernovtsy et de Bucovine, locum-tenens de la chaire métropolitaine de Kiev, aux évêques, aux prêtres et à tous les fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne face à la situation en Ukraine.

Éminence, bien-aimé dans le Seigneur Monseigneur Onuphre, gardien de la chaire métropolitaine de Kiev. Éminences, révérends pères, chers frères et sœurs !

C’est avec affliction, alarme et douleur que je suis les évènements actuellement en cours en Ukraine.

Les dissensions politiques entraînent des confrontations et des divisions parmi les gens, y compris parmi ceux unis par une même foi. L’existence même de l’Ukraine en tant qu’état uni est menacée. Ces évènements résultent d’une crise politique intérieure, de l’incapacité des différentes forces en présence à s’entendre sur une résolution non-violente des problèmes existant au sein de la société.

Les fidèles de notre Église ont des opinions et des convictions politiques différentes, ils se retrouvent des deux côtés des barricades. L’Église ne prend pas parti dans cette lutte politique. Mais son devoir est de compatir à ceux qui font l’objet de violences, qui ont besoin de protection, dont la vie est en danger.

Répondant à votre appel, cher Monseigneur, je Vous assure, ainsi que nos fidèles ukrainiens, que je ferai mon possible pour convaincre ceux dans les mains desquels le pouvoir est concentré, qu’il est inadmissible que périssent des citoyens paisibles de l’Ukraine chère à mon cœur.

Le sang de nos frères versé à Kiev et dans d’autres villes d’Ukraine est le fruit de la haine que les belligérants des deux côtés ont permis à l’ennemi du genre humain de laisser croître dans leurs cœurs. Que le Seigneur arrête toute main levée pour infliger du mal ou des souffrances, qu’Il bénisse ceux qui défendent la paix. Que notre Père très-miséricordieux ne permette pas que le frère se lève contre le frère, que les violences se poursuivent, que les sanctuaires soient profanés. Qu’il n’y ait plus de victimes en terre d’Ukraine ! Nous élevons d’ardentes prières à ce sujet.

Aucun habitant de l’Ukraine ne doit se sentir étranger dans sa maison, quelle que soit sa langue. Il ne faut pas laisser la société se polariser davantage, ni la violence monter contre les civils. Il est indispensable de garantir à l’ensemble de la population la réalisation de ses droits et de ses libertés, y compris le droit de prendre part aux décisions existentielles. Ceux qui détiennent le pouvoir ont l’obligation d’empêcher les violences et les iniquités. Le peuple ukrainien doit décider lui-même de son avenir, sans intervention extérieure.

La fraternité des peuples russe, ukrainien et biélorusse est une réalité confirmée par des siècles de souffrances et les générations de nos ancêtres. Cette réalité habite nos cœurs et doit déterminer notre avenir. Elle ne doit pas être sacrifiée à des intérêts éphémères.

En ce dimanche du pardon, je m’adresse à tous mes frères et sœurs en Christ, les appelant vivement à se pardonner et à se comprendre. Je m’adresse à tous ceux qui sont au pouvoir : pas de violences envers les citoyens pacifiques !

Seigneur, bénis ton peuple et garde de tout mal ceux qui vivent sur la terre ukrainienne !

+CYRILLE,
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE