A la fin du mois de juillet, la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie ont célébré le 1025e anniversaire du baptême de la Russie. L’archevêque Chrysostome II de Chypre et de la Nouvelle Justinienne y a participé. Le portail « Prikhody » (« paroisses ») a publié une interview avec le Primat de l’Église orthodoxe de Chypre.

–        Béatitude, quelles impressions retirez-vous des célébrations du 1025e anniversaire du baptême de la Russie ?

–        L’invitation de Sa Sainteté le Patriarche de Moscou et de toute la Russie à visité le pays et à prendre part à ces importantes festivités a été une grande joie pour nous. Le fait que les Primats de toutes les Églises orthodoxe du monde ou leurs représentants assistaient à la célébration du 1025e anniversaire du baptême de la Russie témoigne de l’unité de l’Orthodoxie. Bien qu’il existe de nombreuses Églises orthodoxes, l’Église elle-même est une. Et le fait que nous tous, représentants de différentes Églises locales, sommes venus d’abord à Moscou, puis à Kiev et à Minsk pour ces festivités, le souligne et est un message fort et éclatant au monde entier.

Le christianisme est une foi d’amour, il donne un sens à la vie humaine, il dit à l’homme au nom de quoi il doit vivre. Celui qui garde le Christ en son cœur possède tout et n’a besoin de rien. Malgré la pauvreté apparente, il est riche parce qu’il a le Christ. Malgré les malheurs apparents, il est néanmoins heureux. L’homme qui a le Christ dans son cœur est illuminé. Il tient dans son cœur la lumière et l’amour. Cette lumière sort de son cœur et éclaire le prochain.

Pendant ces journées de célébrations, j’ai pu observer les milliers de fidèles qui venaient à la liturgie prier avec les Patriarches, communier, s’unir les uns avec les autres et avec le Christ. Avec les autres Primats, j’ai pu voir combien Moscou et Kiev avaient changé ces deniers temps : il faut dire que j’ai eu le bonheur de participer aux solennités du millénaire du baptême de la Russie en 1988. Je peux dire que j’ai vu de nombreuses et importantes améliorations.

–        Quel rôle, selon vous, joue la Russie dans le monde d’aujourd’hui ? Que peut-elle proposer à la communauté internationale ?

–        La Russie est un grand pays, un pays puissant et en tant que telle, elle a beaucoup à proposer au monde contemporain. Malheureusement, les grands de ce monde poursuivent de plus en plus leurs propres intérêts politiques et économiques, sans chercher la justice ni à l’appliquer. Mais la Russie est un état fort où vivent de multiples fidèles et elle doit s’appuyer, de même que l’Orthodoxie russe, sur des valeurs et des idéaux comme l’amour et la justice. Lors de la rencontre commune avec le Président V. Poutine, j’ai dit au chef de l’état russe que la plénitude de l’orthodoxie était présente. Nous l’avons prié de venir au secours du Proche Orient, pour que les chrétiens qui y vivent ni quittent pas leurs foyers ni leurs villes natales. Si les extrémistes arrivent au pouvoir dans les pays musulmans, non seulement il n’y aura plus de minorités religieuses dans ces pays, mais il n’y aura tout simplement plus de présence chrétienne.

Je suis certain qu’un état aussi fort que la Russie peut beaucoup donner au monde. Elle peut empêcher que les pauvres soient opprimés ; elle peut elle-même aider à la rechercher de solutions justes aux problèmes du monde contemporain. Seuls les gens aisés peuvent se permettre de quitter le Proche Orient. Que deviendront les pauvres, ceux qui ne peuvent pas partir ? En ce sens, les états orthodoxes forts peuvent proposer leur aide et défendre ces gens.

Tous les états orthodoxes doivent défendre la vérité et la justice, pour que l’amour règne dans le monde. Souvenons-nous que Dieu est amour (I Jn 4, 8). C’est pourquoi il est nécessaire que Dieu règne dans cette région.

  De quelle aide parlez-vous concrètement ? A part les soutenir par la prière, que peut-on faire pour le salut des chrétiens du Proche Orient ?

Il y a des présidents ou des premiers-ministres orthodoxes dans les pays orthodoxes. Ils peuvent tous influer sur la prise de certaines décisions, y compris politiques. Et si le peuple fidèle pèsent de toute sa masse sur ses autorités civiles, les hommes politiques devront entendre l’opinion publique.

Le pouvoir dépend du peuple puisque des élections se répètent au bout d’un certain délai. C’est pourquoi les simples fidèles doivent appeler les hommes politiques à la paix et à l’amour, et les politiques doivent entendre la voix des fidèles et prendre les décisions correspondantes.

Propos recueillis par Milena Faustova