Le 5 juin 2011, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a célébré la Divine Liturgie dans la cathédrale de la Résurrection du Christ de Berlin. Avec le président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, concélébraient l’archevêque Théophane de Berlin et d’Allemagne et les clercs de la cathédrale.

Pendant la petite entrée, Mgr Hilarion, avec la bénédiction du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a remis l’épigonation à l’higoumène Daniel Irbits, secrétaire de l’archevêque Théophane, responsable des relations du diocèse de Berlin avec le gouvernement et la société allemands.

A l’issue de l’office, l’archevêque Théophane a chaleureusement salué le métropolite Hilarion. Évoquant la diversité des travaux de Mgr Hilarion au poste à haute responsabilité de président du Département des relations extérieures, il a souligné : « Les relations extérieures du l’Église, ce n’est pas simplement les relations diplomatiques entre les Églises. Elles servent avant tout le renforcement de l’unité inter-orthodoxe. C’est un labeur permanent pour que l’Église orthodoxe, en ces temps difficiles, dans un monde sans cesse en évolution, puisse témoigner d’une seule voix de la vérité de la foi et de notre expérience. »

Le métropolite Hilarion a ensuite pris la parole :

« Éminence, cher Mgr Théophane, chers prères, frères et sœurs !

J’aimerais avant tout vous transmettre la bénédiction du patriarche Cyrille de Moscou. Sa Sainteté est souvent venue en Allemagne, y compris à Berlin, a visité cette cathédrale et tout ce qui se passe ici lui tient à cœur. En tant que président du Département des relations extérieures, il a beaucoup fait pour la bonne marche du diocèse de Berlin et d’Allemagne. Et maintenant, malgré les nombreux devoirs qui lui incombent en tant que Primat de l’Église orthodoxe russe, Sa Sainteté continue à s’intéresser à la vie de ce diocèse. Lorsque je rentrerai d’Allemagne, je raconterai au patriarche Cyrille ce qui j’ai vu ici, je lui parlerai de cette sainte église, de vos travaux, cher Mgr Théophane, de ceux de vos prêtres, de vos diacres, de la prière des paroissiens de la cathédrale, de tous ceux avec lesquels j’ai célébré aujourd’hui cette Divine liturgie.

Aujourd’hui, dimanche après l’Ascension, nous célébrons la mémoire des pères du Premier concile œcuménique. En les honorant, nous nous souvenons d’une époque unique de l’histoire ecclésiastique, celle qui a suivi les trois premiers siècles de persécutions. En 313, l’empereur Constantin le Grand publie l’édit de Milan, accordant à l’Église chrétienne une existence légale, la faisant ainsi sortir des catacombes. Une nouvelle période commençait : on se mit à élever des églises, des milliers et des millions d’hommes reçurent le baptême, vinrent à l’Église de Dieu. Ainsi, ce qui était auparavant caché sous le boisseau se trouva « sur le lampadaire, afin de briller pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5, 15). L’univers a été illuminé de la lumière de la foi au Christ. Les barrières qui empêchaient l’enseignement de la foi chrétienne étaient tombées. La mission de l’Église, l’œuvre de salut du Christ à la continuation de laquelle sont appelés les évêques, les prêtres et les laïcs passait à un tout autre niveau.

Mais l’ennemi du genre humain, qui ne veut pas que l’homme soit sauvé, s’est efforcé de détruire l’Église, non plus de l’extérieur, mais de l’intérieur. Il a suggéré à certains, en particulier à l’hérétique Arius d’idée de déformer la doctrine chrétienne, de dire que le Fils de Dieu, Notre Seigneur Jésus Christ, n’est pas égal ni coéternel au Père, mais qu’il est une créature née dans le temps comme chacun de nous.

Douze ans ne s’étaient pas écoulés depuis la publication de l’édit de Milan qu’il fallut convoquer un Concile afin de résister à cette attaque contre l’Église, à cette menace qui ne venait plus de l’extérieur, mais de l’intérieur. Les Pères du Premier concile œcuménique ont courageusement tenus tête à l’hérésie arienne qui divisait le corps de l’Église comme une tumeur. L’hérésie, cependant, n’a pas de suite été enrayée après les décisions concilaires, et il fallut convoquer un Second concile en 381. L’hérésie arienne fut définitivement vaincue lorsque les pères de l’Église formulèrent la doctrine de la Trinité : le Père, le Fils et le Saint Esprit sont égaux en honneur et en adoration, ils sont les trois Personnes de l’unique Sainte Trinité, non pas trois dieux, mais un Dieu, adoré en trois Personnes.

La lutte contre cette hérésie était une lutte pour l’Église, pour sa survie, pour que l’Église garde sa vérité donnée aux hommes par le Seigneur Jésus lui-même.

Près de seize siècles ont passé depuis et ces évènements peuvent sembler très éloignés de nous. Peut-être peu d’entre vous savent-ils ce qu’est le premier concile œcuménique, qui était Arien et pourquoi il était si important de vaincre cette hérésie. Dans notre vie, dans l’histoire de l’humanité, les évènements peuvent cependant se répéter. Aujourd’hui, ce n’est plus l’hérésie d’Arius, mais de multiples autres fausses doctrines qui se répandent, déviant les hommes du chemin du salut.

Dans le monde contemporain, l’Église est confrontée à de nombreux défis, extérieurs et intérieurs. C’est pourquoi il est si important, malgré les modes et les fausses doctrines de s’en tenir à la vérité, de garder fermement la sainte foi orthodoxe.

Vous êtes dans ce pays le petit troupeau, une minorité religieuse : ne vous laissez pas troubler. Vous êtes les gardiens de la vraie foi. Elle vous a été transmise par Dieu, non à cause de vos mérites, mais pour que vous témoigniez d’elle devant le monde, devant vos proches et devant tous, non seulement en paroles, mais en actes.

Le Seigneur confie cette mission à chacun de nous. Et nous tous, où que nous vivions, où que nous nous trouvions devons nous souvenir de ce que le Seigneur Jésus Christ attend de nous que nous soyions les témoins agissant de sa résurrection, de ses commandements. Nous serons coupables devant le Seigneur si nous passons notre vie dans l’oisiveté et enterrons le talent que Dieu nous a donné au lieu de le faire fructifier.

Chacun de nous dans le pays où il se trouve doit être apôtre du Seigneur et enseigner la vérité de la résurrection du Christ aux hommes qui l’entourent.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a souhaité à Mgr Théophane que Dieu l’affermisse dans son ministère. S’adressant au clergé et aux laïcs, il les a invités à glorifier le Seigneur Jésus Christ d’un seul cœur et d’un seule voix.

Le même jour, Mgr Hilarion s’est envolé pour Moscou, accompagné à l’aéroport par l’archevêque Théophane de Berlin et les clercs et les collaborateurs du diocèse.