Le 17 avril 2011, en la fête de l’Entrée du Seigneur à Jérusalem, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a célébré la Divine liturgie dans l’église « Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés », sur la rue Grande Ordynka à Moscou. L’archimandrite Cyrille Govoroun, premier vice-président du Comité d’enseignement de l’Église orthodoxe russe, l’higoumène Philippe Riabykh, représentant du Patriarcat de Moscou à Strasbourg, le prêtre Dimitri Agueev, adjoint au président du Département et les clercs de la paroisse concélébraient. La veille, le chef du Département des relations extérieures avait célébré les vigiles dans cette même église.

Au cours de la Divine liturgie, le Chœur synodal de Moscou, dirigé par l’artiste émérite de Russie A. Pouzakov, a interprété des chants traditionnels tirés du répertoire de la chorale de N. Matveev (1909-1992).

Avant l’office, Monseigneur a vénéré l’icône de la Mère de Dieu « Notre Dame Joie de tous les affligés ».

Les clercs et les laïcs ont félicité le métropolite Hilarion qui célébrait il y a deux ans sa première liturgie en tant que recteur de l’église. Les paroissiens ont porté à leur archipasteur des vêtements sacerdotaux en présent.

A l’issue de la liturgie, le métropolite Hilarion de Volokolamsk s’est adressé aux fidèles :

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

Nous fêtons aujourd’hui l’Entrée du Seigneur à Jérusalem. Cet évènement précède immédiatement ceux de la Semaine sainte : notre Seigneur Jésus Christ entre dans la ville sainte de Jérusalem sur un ânon, acclamé par la foule, précédé des cris joyeux des enfants (cf Mt 21, 8-11). Le peuple reçoit le Christ comme un roi. Il avait mis en lui son espoir, croyant qu’il dénouerait la situation politique dont souffraient les Juifs depuis des années et les délivrerait du joug des Romains. Ils espéraient qu’il viendrait comme un roi puissant qui les libèrerait de la domination étrangère et rétablirait le royaume d’Israël jadis glorieux.

Les gens qui viennent à la rencontre de Jésus aux portes de Jérusalem avaient entendu ses paroles, ils connaissaient ses miracles, y compris celui de la résurrection de Lazare, dont la nouvelle s’était rapidement répandue à Jérusalem et dans les environs. C’est pourquoi ils ne saluent pas seulement le Seigneur comme un roi, mais aussi comme un prophète, espérant que leur pays retrouverait la prospérité religieuse du temps des grands rois, David, Salomon et tant d’autres dont la mémoire était restée vivante au sein du peuple d’Israël.

Mais le Seigneur Jésus Christ n’entre pas à Jérusalem pour s’emparer du pouvoir politique ou civil, il n’entre pas à Jérusalem pour renverser la domination romaine, mais pour s’y offrir en sacrifice pour le salut du monde. Et ce sacrifice ne concerne pas seulement le petit pays des Hébreux, pas plus que le puissant Empire romain. Il s’adresse au monde entier et à toute l’humanité. Non seulement ceux qui vivaient alors, mais ceux qui avaient vécu avant eux et même ceux qui vivront après eux, y compris vous et moi.

C’était un sacrifice que le Seigneur lui-même a offert pour sauver tout homme, car l’homme ne saurait surmonter la distance qui le sépare de Dieu, ni se libérer du péché et atteindre le royaume des cieux. Le chemin que doit parcourir l’homme à la rencontre de Dieu, Dieu le parcourt lui-même à la rencontre de l’homme. Il n’entre pas dans la gloire et la puissance, il vient avec douceur et humilité. « Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne» (Zach 9, 9), disait une prophétie sur le Messie, et cette prophétie se réalise lorsque le Seigneur Jésus Christ entre à Jérusalem.

Il révèle à l’humanité le doux visage de Dieu, d’un Dieu qui aime et qui attend le salut de chaque homme, qui ne se contente pas d’une attente passive mais est prêt à lier sa propre existence aux destinées de l’humanité. Le Tout-puissant aime tant sa création qu’il est prêt à partager la vie des hommes, à boire jusqu’à la lie la coupe des souffrances et à ressusciter avec lui tout le genre humain.

Lorsque le Seigneur Jésus Christ entra à Jérusalem, suivant les évangélistes, les enfants l’acclamèrent avec les adultes (cf Mt 21, 15-16). Pourquoi les enfants se sont-ils sentis attirés par cet homme doux qui traversait la ville sainte assis sur un ânon ? C’est la grâce de Dieu qui les attirait. En ce jour, à la fois jour de fête pour les adultes et pour les plus petits, nous devons repenser à notre responsabilité envers les enfants, car nous sommes responsables de leur éducation chrétienne. Les adultes pensent trop souvent que les enfants s’ennuient à l’église, qu’ils n’y vont que contraints et forcés. Les parents laissent parfois leurs enfants à des nourrices ou des femmes de ménage pour aller eux-mêmes à l’église, oubliant que les enfants ont autant besoin que les adultes de la grâce divine que nous puisons à la seule source du salut, l’Église du Christ.

Il faut élever les enfants à la crainte de Dieu et à l’amour de l’église dès leur plus jeune âge. Certains courants chrétiens et sectes affirment qu’il ne faut pas baptiser les enfants car ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. D’autres estiment qu’il s’agirait de faire violence à l’enfant, de porter atteinte à sa liberté : les enfants grandiront, disent-ils, et ils choisiront eux-mêmes d’aller ou non à l’église, à quelle religion appartenir, croire ou pas. Nous chrétiens orthodoxes, ne serons jamais d’accord avec ce point de vue : nous croyons que la grâce divine doit être communiquée à l’homme dès la petite enfance, car elle est également nécessaire aux enfants et aux adultes. Persone n’a le droit d’empêcher les enfants de venir à la source d’eau vive (Jn 4, 14) qu’est la communion au Corps et au Sang du Christ. Et si les enfants ne se conduisent pas toujours bien à l’église, ce n’est que parce que telle est leur nature. En fait, l’âme des enfants n’est pas moins réceptive, est peut-être même plus réceptive que celle des adultes aux torents de la grâce divine qui se déversent sur nous.

Nous devons aimer nos enfants et exprimer notre amour y compris en les menant à l’église, en leur apprenant à voir dans l’église de Dieu leur maison spirituelle. Même s’ils n’ont pas rationnellement conscience de ce qui se passe à l’église, même s’ils ne sont pas capables de comprendre les paroles de l’office, les enfants se nourrissent de la grâce divine qui les attire naturellement vers le Christ Sauveur, comme il y a 2000 ans, lorsque des foules d’enfants sortirent à la rencontre du Roi doux et sauveur.

Que Dieu nous donne à tous l’amour, la dévotion et la douceur pour recevoir notre Sauveur qui s’avance volontairement vers la passion. Que Dieu nous donne de prier le Seigneur avec un cœur ouvert, comme les enfants d’Israël, pour qu’il améliore notre vie et illumine nos cœurs, pour qu’il soit notre guide vers le Royaume des cieux. Que Dieu nous donne en ces jours de la Semaine sainte, de revivre les derniers jours et les dernières minutes de la vie terrestre de notre Seigneur Jésus Christ et d’accueillir dans la joie spirituelle la fête de la lumineuse résurrection du Christ. Amen »

On a procédé ensuite à la bénédiction des rameaux (suivant la tradition russe des branches de saule) apportées par les nombreux paroissiens.