Les 8-9 juillet 2011, à Salzbourg (Autriche), a eu lieu une conférence sur « La contribution de l’Athos à la tradition spirituelle et intelletuelle de l’Europe », organisée par le Forum public mondial « Dialogue des civilisations ». Parmi les représentants présents à la rencontre figuraient l’ex-secrétaire général du Conseil de l’Europe Walter Schwimmer, la princesse Katarina de Serbie (Grande-Bretagne), le prince Georges Yourevsky (descendant de la famille impériale des Romanov) venu de Suisse, des représentants de la société « Les amis de l’Athos » (Oxford), de l’Institut d’études sur le christianisme orthodoxe (Cambridge), du Centre de théologie orientale-orthodoxe (Amsterdam), des représentants d’organisations publiques et gouvernementales, des Églises catholique romaine et anglicane, des cercles d’affaires et du monde scientifique, des membres du clergé des Églises russe, géorgienne, grecque et d’autres Églises orthodoxes locales, des moines des monastères du Mont Athos.

Le président du forum « Dialogue des civilisations », V. Iakounine, a ouvert la conférence.

Le père André Elisseev, secrétaire de la Représentation de l’Église orthodoxe russe près les organisations internationales européennes de Bruxelles a lu le message du métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou. « La civilisation européenne doit son existence au christianisme. Ses valeurs fondamentales, son mode de pensée, la loi morale qui a dominé durant des siècles, remontent à la mission évangélique des disciples de Jésus Christ qui a englobé tous les peuples de l’oekumène d’alors (…) Prendre conscience de la contribution de l’Athos à la tradition spirituelle et intellectuelle de l’Europe, c’est prendre conscience de la tâche qui nous incombe de conserver le monde unique de la Sainte Montagne pour les générations à venir, avec la diversité des différents aspects de la vie monastique, de l’accueil chaleureux des pèlerins à la stricte hésychia intérieure », écrit le métropolite Hilarion.

L’archimandrite Ephrem, supérieur du monastère de Vatopedi, l’un des plus grands monastères du Mont Athos, a présenté ensuite un exposé. « L’homme moderne, qui a fait de grands progrès dans le développement des technologies et de l’économie, n’a pas atteint la paix intérieure. Il s’agit de la présence du Christ dans notre cœur. La Sainte Montagne est un lieu de paix, de pénitence, d’humilité, de joie comme état particulier de sainteté, fruit de la présence du Saint Esprit. Les occidentaux perçoivent souvent l’humilité comme un complexe d’infériorité, tandis qu’elle constitue l’alpha et l’omega de l’expérience spirituelle, a-t-il dit ». « Sur le Mont Athos, a conclu le père Ephrem, on peut rencontrer des moines vraiment humbles et entendre une Parole donnée dans l’expérience ».

La cérémonie officielle d’ouverture de la conférence a eu lieu au palais des princes-évêques de Salzbourg. Elle comprenait une exposition de photographies du XIXe siècle, tirées de l’album du grand-duc Constantin Constantinovitch Romanov et des archives contemporaines du monastère de Vatopedi.

Le chœur athénien « Tropos » et l’ensemble de musique religieuse russe « Svetilen » se sont produit devant les participants.

Le samedi 9 juin, à la paroisse orthodoxe roumaine de Salzbourg a été célébrée une Divine liturgie selon le rite du Mont Athos, présidée par l’archimandrite Ephrem.

Pendant les différentes assemblées, les membres de la conférence se sont prononcés à l’unanimité en faveur de la conservation du statut particulier du Mont Athos. L’intangibilité et la nécessité d’une défense légale multilatérale du principe selon lequel les femmes ne sont pas admises sur la presque-île, l’intolérabilité de la transformation du Mont Athos en une zone de tourisme libre ou un lieu de profit ont été soulignées, ainsi que la tendance à l’ingérence dans la vie intérieure des monastères.

Walter Schwimmer, ancien secrétaire général du Conseil de l’Europe et président du Comité international de coordination du « Dialogue des civilisations », a déclaré : « La Sainte montagne de l’Athos est importante pour l’héritage culturel du monde entier, mais avant tout pour l’héritage spirituel et intellectuel de l’Europe. C’est pourquoi il est essentiel de défendre ce lieu, d’y intéresser les différences puissances d’Europe et du monde ».

« Nous avons (au sein de l’Union Européenne), un marché commun, une monnaie commune, mais nous n’avons pourtant pas pu éviter la crise, a remarqué Jan Figel’, président du Mouvement démocrate-chrétien de Slovaquie, ancien commissaire européen à la science, l’enseignement et la culture. L’importance du christianisme en Europe est immense, et les chrétiens ont un système de valeurs bien défini. L’Europe sera magnifique, si la mosaïque est unie, et non divisée en Orient et Occident ».

Le directeur de la Fondation d’études religieuses « Jean XXIII », Alberto Melloni (Italie) a suggéré que l’Athos devienne un lieu de formation d’une nouvelle génération de jeunes scientifiques qui travailleraient dans la société « post-sécularisée » contemporaine à la conservation des sources de compréhension de la vie chrétienne.

Le sénateur S. Chtcheblyguine, président de la Fondation « Saint André le Protoclite » a parlé du renforcement des liens entre la Russie et l’Athos, y compris par le biais de l’exposition de reliques, l’aide à la restauration des bâtiments du monastère Saint-Pantéléimon, le soutien aux études en histoire et histoire de l’art. « Nous estimons, a-t-il précisé, que la développement des liens avec l’Athos en tant que centre de vie contemplative et spirituelle a un potentiel bienfaisant pour la société russe dans son ensemble. En Russie, le christianisme orthodoxe est devenu le fondement de la vie spirituelle des gens sur d’immenses espaces allant de la mer Baltique à l’océan Pacifique en Extrême-Orient ».

S. Khoroujy, de l’Institut de philosophie de l’Académie des sciences russe, a noté dans son exposé que les anciens courants du sécularisme, tendant à évincer la religion de la sphère publique, s’estompent devant les nouvelles tendances du « post-sécularisme », qui préfère s’attarder sur les valeurs religieuses et aspire au dialogue des institutions séculières avec les représentants des traditions religieuses. C’est pourquoi les philosophes et les anthropologues contemporains cherchent à repenser ce qui se produit dans l’humanité et la société. Et ici, l’hésychasme athonite, estime le philosophe, devient une source inépuisable de connaissances non pas théoriques, mais fondées sur l’expérience de la « théologie des énergies », capable de beaucoup contribuer à la résolution de cette tâche intellectuelle, d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la compréhension de la nature « synergique » de l’homme (participante de l’énergie divine).

Faisant le bilan de la discussion, l’archiprêtre Antoine Ilyn, modérateur du forum, représentant de l’Église orthodoxe russe près les organisations internationales européennes à Bruxelles et président européen de la Fondation « Monde russe », a proposé de créer une « société de soutien à l’Athos, non seulement dans le cadre de l’Union européenne, mais dans celui de la grande Europe. » Selon lui, il s’agirait d’un « format permettant un échange constant des analystes et des experts pour le soutien juridique de la Sainte Montagne, ainsi que d’un portail internet ».

Dans son discours de conclusion, l’archimandrite Ephrem, supérieur du monastère de Vatopedi a également invité la Fondation « Saint André le Protoclite » a collaborer à l’étude et au catalogage des manuscrits russes conservés au monastère. Il a également appelé à se servir des fruits spirituels de l’Athos, remarquant qu’il y avait sur la Sainte Montagne des pères spirituels capables de répondre aux questions les plus essentielles de l’homme contemporain.