A son arrivée à Tachkent, le 29 septembre 2017, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a visité le monastère de femmes La-Trinité-Saint-Nicolas, situé dans la capitale de l’Ouzbékistan.

Sa Sainteté était attendue devant les portes du monastère par : le métropolite Vincent de Tachkent et d’Ouzbékistan, chef de la région métropolitaine d’Asie centrale, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Léon de Novgorod et de Staraïa Roussa, l’archevêque Serge de Solnetchnogorsk, directeur du Secrétariat administratif du Patriarcat de Moscou, l’évêque Pitirime de Douchanbé et du Tadjikistan, l’évêque Daniel de Bichkek et de Kirghizie, l’higoumène Catherine (Malguina), supérieure du monastère de la Trinité-Saint-Nicolas, les moniales du couvent, le clergé du diocèse de Tachkent et de nombreux orthodoxes de la ville.

Dans l’église Saint-Nicolas, le métropolite Vincent a prononcé un discours d’accueil à l’adresse de Sa Sainteté, avant de lui offrir un encolpion, dont le médaillon représente la Sainte Trinité.

Le primat de l’Église orthodoxe russe s’est adressé à l’assemblée :

« Je suis heureux que ma première visite, à peine atterri à l’aéroport de Tachkent, soit pour le monastère de la Trinité-Saint-Nicolas. Je connais l’histoire de ce couvent. Je sais qu’après sa fermeture, beaucoup de moniales s’étaient cachées, craignant les répressions. Elles travaillaient dans des établissements civils, tout en restant fidèles à l’Église. Des gens se groupaient autour de certaines d’entre elles, et les moniales enseignaient l’orthodoxie à une génération qui n’avait plus nulle part où entendre parler de la foi. Certes, leurs cœurs ont dû être brisés en voyant leur monastère fermé, dévasté, profané. Puis, les temps ont changé, le monastère a pu renaître, et il est aujourd’hui un important centre spirituel à Tachkent et dans tout le diocèse. J’aimerais honorer la mémoire de tous ceux qui sont restés fidèles au monachisme en Ouzbékistan à une époque où il était impossible de songer à quelque monastère que ce soit. Dieu fasse que les sœurs continuent aujourd’hui à être pleinement responsables dans leur vocation monastique.

Les laïcs ont un rapport tout particulier aux moines et aux moniales. Pour beaucoup, être moine ou moniale correspond à un idéal de vie spirituelle : chacun se mesure à l’aune du monachisme et comprend bien souvent qu’il n’est pas capable d’en assumer l’austérité, car la vie du moine, c’est un exploit spirituel au nom du Christ. Il arrive pourtant que certains revêtent l’habit monastique, mais l’agitation du monde les gêne et ils ne parviennent pas à pratiquer l’ascèse. Si un laïc rencontre un moine de ce type, il se sent bien souvent profondément déçu. C’est pourquoi grande est la responsabilité des moines.

Il faut absolument que nos monastères continuent à être des centres d’attraction spirituelle, afin que les gens du siècle soient heureux de participer aux offices monastiques, d’échanger avec les moines, de leur adresser leurs demandes de prières. Il faut que les communautés monastiques prient pour le monde, pour les gens, car l’obédience principale du moine est de prier pour ceux qui ne peuvent prier comme des moines.

Je vous appelle donc, ma mère, mes sœurs, à vous souvenir de votre éminente vocation et à ne pas vous renfermer sur votre propre vie intérieure, mais à penser que l’influence du monastère doit dépasser ses murs. C’est ainsi qu’ont agi celles qui vous ont précédé à une époque extrêmement difficile, où il était même impossible de porter l’habit monastique.

Que le Seigneur garde le monastère de la Trinité-Saint-Nicolas ! Que la vie monastique y prospère ! Que de plus en plus de sœurs rejoignent la vie monastique. Nous croyons que, par la prière de ceux qui ont consacré leur vie à Dieu, la miséricorde du Seigneur se répandra sur ceux qui sont loin des murs monastiques. »

Sa Sainteté s’est aussi adressée au métropolite Vincent :

« Je vous remercie de vos travaux, Mgr Vincent, notamment de prendre soin de ce monastère. Je suis convaincu que la création de la métropole d’Asie centrale a été une décision de grande importante. Qui, à Moscou, au niveau de la hiérarchie centrale, connaissait les particularités et les détails de la vie orthodoxe dans les républiques d’Asie centrale ? Ils n’étaient pas nombreux. Maintenant, puisque le métropolite qui dirige la région d’Asie centrale est membre permanent du Saint Synode, Mgr Vincent informe le Synode à chacune de ses réunions de ce qui se passe dans sa métropole. Il nous informe de ce qui se passe dans chaque diocèse, il présente les procès-verbaux du Synode de la région métropolitaine d’Asie centrale, et c’est d’après eux que le Saint Synode de l’Église orthodoxe russe prend les décisions concernant la métropole.

Cela nous permet de sentir le pouls de la vie de l’Église locale, ici, en Asie centrale, et nous constatons que cette vie se développe, grâce à Dieu, avec succès, dans les diocèses de Tachkent, de Bichkek et de Douchanbé, ainsi que dans le doyenné patriarcal de Turkménie. Nous en sommes heureux et espérons que la foi orthodoxe restera vivante dans le peuple orthodoxe vivant sur les territoires de la métropole d’Asie centrale. »

En souvenir de sa visite, le primat de l’Église russe a offert au monastère une icône de la Protection de la Mère de Dieu.

Ensuite, le patriarche Cyrille a visité le département de chant choral et de catéchèse du séminaire de Tachkent, installé sur le site du monastère.

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Le monastère de la Trinité-Saint-Nicolas a été fondé en 1893 à l’initiative de Mgr Grégoire, évêque du Turkestan et de Tachkent, au village de la Dormition(Kouïlioka), près de Tachkent, grâce à l’aide matérielle et au soutien du colonel G. I. Ionov, donateur du terrain. Une chapelle dédiée à Saint-Nicolas fut créée, et consacrée le 15 février 1894. La moniale Callista (Barsova), première supérieure de la communauté, était issue du monastère de Tikhvine, au diocèse de Novgorod. Après la mort de la moniale Callista, en 1894, c’est la moniale Eusébie, doyenne du monastère Notre-Dame-de-Kazan de Troïtsk, région de Tcheliabinsk, qui prit la succession.

En 1901, la communauté prit le nom de monastère cénobitique féminin Saint-Nicolas. Avant la révolution, il comptait une cinquantaine de sœurs, possédaient des terres agricoles et un atelier de vêtements sacerdotaux. Le monastère reçut la visite du grand-duc Constantin Constantinovitch.

En 1911, l’évêque du Turkestan et de Tachkent Dimitri (Abachidze) offrit au monastère une icône de saint Basile et une icône de la Dormition.

Dans les années 1920, le monastère fut pillé. Beaucoup de femmes continuèrent cependant à être tonsurées en secret.

Dans les années 1990, l’archevêque Vladimir de Tachkent et d’Asie centrale prit la décision de recréer le monastère Saint-Nicolas. En 2013, l’higoumène Catherine (Malguina) prit la tête du couvent de la Sainte-Trinité-Saint-Nicolas.

Depuis 1995, les offices sont célébrés quotidiennement et le psautier lu en permanence. Aujourd’hui, le monastère dispose d’importants domaines agricoles. Il abrite, en dehors de l’église et des bâtiments conventuels, les locaux du département féminin du séminaire de Tachkent (chant d’église et catéchèse).