Le primat de l’Église russe a rencontré le grand mufti de la République de Kirghizie
Le 28 mai 2017, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a rencontré le grand mufti de la république de Kirghizie, Maksatbek ajy Toktomouchev. La rencontre avait lieu à la résidence d’état « Ala-Artcha-1 » de Bichkek.
L’Église orthodoxe russe était représentée par le métropolite Vincent de Tachkent et d’Ouzbékistan, chef de la région métropolitaine d’Asie centrale, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’évêque Daniel de Bichkek et de Kirghizie, V. R. Legoïda, président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias, le prêtre Dimitri Safonov, secrétaire du DREE aux relations interreligieuses. La Direction spirituelle des musulmans de Kirghizie avait délégué le conseiller du grand mufti, Otonbaï oulouou Douïchonbek aji, l’adjoint au grand mufti, Jorobaï aji Chergaziev, le membre du Conseil des oulemas de Kirghizie, K. K. Malikov, le président du Comité d’état de Kirghizie aux affaires religieuses, D. P. Maïliev.
Saluant le grand mufti, le patriarche Cyrille a dit notamment : « Bonjour, cher frère. Je suis heureux de visiter la Kirghizie. Je n’y étais jamais venu, j’en avais eu très envie, mais je n’avais pas pu le faire jusqu’à présent pour différentes raisons. Il est important que, dans un pays dont la majorité de la population est de confession musulmane, les musulmans et les orthodoxes vivent en paix, comme cela a toujours été le cas, avant comme après la révolution » a dit le primat de l’Église russe, exprimant sa satisfaction.
« Nous avons été soumis aux mêmes persécutions de la part des pouvoirs athées, les musulmans et les orthodoxes ont souffert au même titre, mais nous n’avons jamais cessé d’être solidaires et de nous soutenir. Nous avons continué à nous rencontrer et à conserver notre amitié, malgré un contexte défavorable, a partagé le patriarche. Aujourd’hui, les réalités sont tout à fait différentes, aussi bien en Kirghizie qu’en Russie, et dans le contexte actuel de liberté religieuse, nous pouvons développer les traditions de coopération et de collaboration. »
« De vous, en tant que mufti, de votre clergé, dépend pour beaucoup quelles seront les dispositions de la société envers l’orthodoxie. Votre bienveillance envers les chrétiens, qui se transmet aux autres, est un facteur de paix important, et je tiens à vous en remercier » a déclaré le patriarche, s’adressant au leader des musulmans de Kirghizie.
« Malheureusement, nous observons aujourd’hui une utilisation tragique de la religion par les extrémistes. Je n’emploie pas le terme d’extrémisme religieux, de radicalisme religieux, car il ne peut pas exister d’extrémisme religieux » a assuré le primat de l’Église russe. Mentionnant l’attaque perpétrée la veille contre les chrétiens d’Égypte, le Patriarche a constaté que rien ne pouvait excuser les tueurs, s’en prenant à des innocents sous couvert de rhétorique religieuse.
« Ici, en Kirghizie, vous faites beaucoup pour que personne ne puisse utiliser la religion à des fins mauvaises. Je vous exprime ma gratitude et vous assure que les orthodoxes sont prêts à travailler avec vous pour préserver la paix en Kirghizie et pour que personne ne puisse confronter nos deux communautés » a conclu le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie.
« L’islam et l’orthodoxie voisinent depuis des siècles en Kirghizie, et nous espérons qu’il n’y aura aucune confrontation, comme il n’y en a jamais eu, a rétorqué le grand mufti. La liberté de religion est entièrement assurée ici. Comme vous pouvez le constater, aucune pression n’est exercée sur les orthodoxes, ni sur les musulmans. Nous vivons dans un état démocratique laïc, et nous souhaitons vous voir tous les ans en Kirghizie. »
« Je le dis toujours : il ne suffit pas d’une union douanière avec la Russie, il faut aussi une union spirituelle, afin que les valeurs communes à l’humanité ses développent » a souligné M. Toktomouchev.