Le soir du 15 octobre 2016, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, en visite pastorale en Grande-Bretagne, a célébré les matines de l’office des vigiles à la paroisse de l’Église russe hors-frontières de Londres, dédiée à la Dormition et aux saints martyrs impériaux. Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archevêque Marc de Berlin, d’Allemagne et de Grande-Bretagne (Église orthodoxe russe hors-frontières), l’archevêque Michel de Genève et d’Europe occidentale (Église orthodoxe russe hors-frontières), le directeur du secrétariat administratif du Patriarcat de Moscou, l’évêque Serge de Solnetchnogorsk, l’archevêque Élisée de Souroge, l’évêque Antoine de Bogorodsk, directeur de l’Administration des établissements du Patriarcat de Moscou à l’étranger, concélébraient avec le Patriarche. À l’issue de l’office, le patriarche Cyrille a salué l’archevêque Marc de Berlin, d’Allemagne et de Grande-Bretagne, lequel a dit notamment : « Nous remercions chaleureusement Votre Sainteté d’avoir, malgré ses nombreuses occupations, trouvé le temps et la force de prier avec nous pendant les vigiles dans cette sainte église de la Dormition de la Très sainte Mère de Dieu et des saints martyrs de la Famille impériale ». L’archevêque Marc a fait cadeau au Primat de l’Église orthodoxe russe d’une icône des saints martyrs impériaux. A l’issue de l’office, le Patriarche a prononcé une homélie devant les nombreux fidèles :

« Éminences et Excellences, cher Mgr Marc, chers pères, frères et sœurs,

J’ai célébré l’office aujourd’hui avec vous avec un sentiment particulier dans cette remarquable église nouvelle. Je me rappelle, il y a environ dix ans, à la fin d’une mission à Londres, comme je voyais de loin l’église en construction alors que je quittais cette ville. On m’avait expliqué qu’il s’agissait d’un édifice de l’Église hors-frontières. Nous n’étions pas encore une seule Église, alors, mais je me suis réjouis que notre communauté russe qui se trouvait initialement ici, en Grande-Bretagne, tout comme la communauté du Patriarcat de Moscou, ait acquis une nouvelle église, digne de l’histoire de cette communauté et des gens qui fréquentaient cette église.

Effectivement, tout a commencé il y a 300 ans, lorsque fut organisée l’église d’ambassade. De remarquables prêtres ont apporté leur contribution au développement de l’Orthodoxie dans ce pays. Et aujourd’hui, en me rendant là où avaient commencé les offices et d’où partit, peut-on dire, la communauté, je me suis rappelé les noms de ces prêtres, l’archiprêtre Jacques Smirnov, l’archiprêtre Eugène Popov, qui durant plus de cent ans, l’un après l’autre, ont renforcé ce qui était alors la seule paroisse orthodoxe de Londres.

Lorsque la tragédie s’est produite dans notre Patrie, le peuple s’est divisé, le pays s’est divisé, et cette division s’est reflétée aussi dans la vie de notre Église si éprouvée. Nous le savons, en cette lointaine année 1927, notre communauté s’est divisée en deux : une partie a rejoint le métropolite Euloge (Gueoguievski), l’autre le Synode de l’Église hors-frontières. Cette division qui a duré de longues décennies, n’a jamais été un véritable schisme dans le sens spirituel, ni dans le sens ecclésiologique du terme, mais seulement une cicatrice superficielle sur le corps de l’Église qui, par la grâce de Dieu a été surmontée. Et aujourd’hui, il y a une seule Église orthodoxe russe. En tant que Patriarche, je ne fais jamais de différence entre les paroisses patriarcales et hors-frontières, parce que pour moi, ce sont toutes des paroisses de l’Église orthodoxe russe réunie. Aujourd’hui, aux matines, pendant l’onction des fidèles, lorsque je vous regardais, je voyais les mêmes visages que dans nos paroisses d’Angleterre, d’Europe, d’Amérique et de Russie, de partout. C’est notre peuple orthodoxe et, par la bénédiction divine, il est aujourd’hui sous la charge pastorale de l’unique Église orthodoxe russe. Et cela multiplie nos forces : nous ne les dépensons pas en querelles, nous ne perdons pas notre temps à clarifier quelque vérité historique, mais nous employons nos forces à l’éducation de notre peuple, à l’affermissement de la foi orthodoxe et à la prédication de l’Orthodoxie partout où est présente notre Église, notamment ici en Grande-Bretagne.

Lorsque les gens vivent hors des frontières de notre Patrie, ils arrivent dans un autre milieu culturel. Pour ceux qui, avant leur arrivée à l’étranger, n’avaient pas une grande expérience du contact avec les autres cultures, ne connaissaient pas les langues étrangères, cette rencontre s’avère parfois très difficile. Particulièrement lorsque les gens veulent s’installer, trouver un travail, recevoir une formation. Je sais que votre vie n’est pas facile, à l’exception, peut-être de ceux qui, peu nombreux, se sont constitués des biens dans leur patrie, et peuvent les employer pour vivre dignement à l’étranger. Mais il y a des gens qui se trouvent pour ainsi dire à la croisée des chemins, et cela n’est pas du tout facile. C’est à eux que je m’adresse avant tout : rappelez-vous que même dans les circonstances les plus compliquées de la vie, nous avons de l’aide et du soutien, c’est l’aide de Dieu, c’est la protection de la Très sainte Mère de Dieu et l’intercession de nos saints.

Cela, nos ancêtres le savaient bien, eux qui se sont trouvés à l’étranger après la révolution, la plupart du temps sans un sou en poche, face à face avec une autre réalité. Et que faisaient nos pieux ancêtres en premier lieu ? Ils organisaient leur vie ecclésiale. Et le Seigneur leur montrait Sa miséricorde et les menait à travers de nombreuses souffrances, et en fin de compte, ils réussissaient avec leurs descendants à s’adapter aux circonstances et à faire face aux défis les plus difficiles.

Le séjour à l’étranger doit aider chaque orthodoxe à affermir sa foi, à faire croître son sentiment religieux, l’incitant dans les situations difficiles à s’appuyer, en premier lieu, sur la prière et le soutien spirituel acquis à l’église. C’est pourquoi les églises dans l’étranger lointain, comme nous disons, nous sont nécessaires. Pour beaucoup de gens, elles sont un lieu de rencontre avec le Dieu vivant et la communauté chrétienne.

Je voudrais vous souhaiter de tout cœur, Éminence, ainsi qu’au clergé de cette sainte église et à tous les fidèles de garder ces préceptes qui ont donné une grande force spirituelle à notre peuple dans le passé. Et aujourd’hui ces préceptes nous donnent la force de surpasser les difficultés, dont celles de la vie ecclésiale. Cette église remarquable témoigne que cela est possible.

La première pierre de cette église a été posée il a près de 20 ans. Elle est aujourd’hui pratiquement achevée, il ne manque plus que les peintures murales. Elle est le symbole de votre foi et de la foi de ceux qui vous ont précédés. Elle symbolise le feu de la foi orthodoxe et de l’amour du Seigneur qui brûle dans le cœur de nos fidèles, feu qui ne saurait s’affaiblir ou s’éteindre. J’invoque sur tous la bénédiction divine, la bénédiction de tous les saints qui ont brillé en Russie, des saints néomartyrs et confesseurs de notre Église. Que par leur intercession auprès du Seigneur s’affermisse la vie spirituelle des Russes séjournant loin de leur patrie. En mémoire de l’office d’aujourd’hui, je voudrais offrir cette icône de la Résurrection du Christ avec une plaque commémorative rappelant qu’elle est un don du Patriarche. Lorsque vous vénérerez cette icône, souvenez-vous entre autres du Patriarche dans vos prières, dont il a fortement besoin. Que le Seigneur vous garde ».

De petites icônes de Notre-Dame de Tikhvine avec la bénédiction patriarcale ont été remises à toutes les personnes assistant à l’office.

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De 1956, après la destruction de l’église Saint-Philippe, située à l’emplacement de la gare routière Victoria, et jusqu’en 1959, la paroisse de la Dormition de l’Église russe hors-frontières, célébrait à Barons Court.

En 1990, la paroisse acquis un terrain, et la bénédiction de la première pierre eut lieu en 1997.

Le premier office fut célébré dans la nouvelle église de la Dormition fut célébré par l’archevêque Marc le samedi de Lazare 1999.

En 2003, Mgr Marc consacra la crypte, dédiée aux saints martyrs impériaux. Le rite de la grande consécration eut lieu en 2005, célébré par le Premier hiérarque de l’Église russe hors frontières.

L’église est bâtie dans le style pskovien.

Afin d’éviter les confusions provoquées par l’existence de deux cathédrales de la Dormition à Londres, l’église sera reconsacrée l’an prochain, une fois les peintures murales achevées, et dédicacée à la Nativité-de-la-Mère-de-Dieu.