Le 16 octobre 2014, se déroulait à Moscou le II forum international « Religion et paix », organisé par le Département de la collaboration interrégionale, de la politique nationale et des relations avec les organisations religieuses de la ville de Moscou. Le thème principal du forum était la coopération de l’état et des religions au nom de la paix et de la stabilité publique. Au cours du premier forum, qui avait eu lieu à Moscou le 13 décembre dernier, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, était intervenu.

Cette année, l’Église orthodoxe était représentée par le métropolite Jean de Belgorod et de Stary Oskol, président du Département synodal missionnaire du Patriarcat de Moscou, l’évêque Pantéléimon d’Orekhovo-Zouïevo, président du Département synodal à la bienfaisance et au ministère social, V. Legoïda, président du Département synodal d’information, le père Roman Bogdassarov, vice-président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société, l’archiprêtre Vladimir Vorobiov, recteur de l’Université orthodoxe Saint-Tikhon, l’higoumène Euphème (Moïsseev), recteur du séminaire de Kazan, des clercs moscovites. Le président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou était représenté par le père Dimitri Safonov, directeur du Secteur des contacts interreligieux.

Prenaient part aux réunions du forum des représentants des religions et des confessions traditionnelles en Russie, parmi lesquelles l’Église apostolique arménienne, l’islam, l’Église évangéliste-luthérienne, les Pentecôtistes, etc.

Des experts étrangers participaient également aux réunions, dont un représentant de l’Église catholique et le directeur des projets de recherche de l’École de diplomatie et des relations internationales de l’Université de Saton Hall (États-Unis) Borislav Manojlovic.

Les délégués du forum ont discuté de l’ordre du jour, la coopération de l’état et des communautés religieuses pour le maintien de la paix interconfessionnelle, en observant les principes de tolérance et de liberté religieuses.

Ouvrant la séance plénière sur le thème « Guerre et paix. Contribution des fidèles au processus d’apaisement et au dépassement des conséquences des catastrophes humanitaires », le métropolite Jean de Belgorod a souligné qu’il était très important de constater aujourd’hui la menace d’une utilisation inadéquate de la théologie. « Nous voyons comme « l’État islamique » extrait les postulats de l’islam qui l’arrangent et qui deviennent entre les mains de ces gens une arme de destruction ! Et personne ne comprend plus que le véritable islam parle d’autre chose. Des passages tirés de la doctrine deviennent hors contexte un instrument extrémiste » a dit l’hiérarque.

Suivant le président du Département synodal missionnaire, aujourd’hui il est « nécessaire de mettre en œuvre un système de dialogues ». En guise d’exemple, il a raconté qu’environ 80 prêtres issus du séminaire de Belgorod étaient actuellement en service en Ukraine. « Ils sont prêts à contribuer à ce dialogue. Et nous avons déjà décidé de créer des jumelages de paroisses, afin d’établir des contacts au moyen de pèlerinages ; c’est ce qui s’appelle de la diplomatie populaire » a dit le métropolite Jean.

Intervenant à son tour, l’évêque Pantéléimon d’Orekhovo-Zouïevo a parlé d’actes concrets d’aide aux réfugiés ukrainiens de la part de l’Église orthodoxe russe, en particulier grâce au centre d’aide aux réfugiés d’Ukraine, créé avec la bénédiction du Patriarche Cyrille dans un quartier de Moscou. Depuis sa création, le centre a répondu aux demandes d’environ un millier de personnes. Suivant Mgr Pantéléimon, beaucoup de réfugiés n’ont pas de vêtements d’hiver, manquent des objets d’hygiène élémentaires, souffrent parfois de la faim. Le centre les aide à trouver un logement, un travail, à acheter des billets de train.

« Beaucoup parlent du conflit de l’Ukraine et de la Russie, mais je ne constate aucune haine de la part des Russes. Nous voulons aider ces gens, nous compatissons à leurs malheurs et nous voulons que cesse l’épreuve terrible à laquelle sont soumis une terre qui nous est si chère et des gens qui nous sont si proches », a tenu à souligner Mgr Pantéléimon.

Quatre réunions d’experts ont eu lieu dans le cadre du forum. Durant la seconde séance, qui était consacrée au thème « le Dialogue interreligieux et les défis de la modernité », le père Dimitri Safonov a proposé un rapport sur « le rôle du dialogue interreligieux pour surmonter l’extrémisme à slogans religieux ». Il a parlé du travail du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou pour développer le dialogue interreligieux, citant, notamment, les interventions du métropolite Hilarion de Volokolamsk à l’université Al-Azkhar (Le Caire) et à l’Institut islamique russe (Kazan) en 2011. Il a évoqué également le dialogue de l’Église russe avec les communautés musulmanes d’Iran et de Turquie, cherchant à élaborer des réponses communes aux défis de la modernité, à savoir aussi bien le laïcisme militant d’une part, que l’extrémisme à slogans religieux de l’autre.

Le mufti Farid Saman (Kazan) a consacré son rapport à une comparaison de l’islam traditionnel avec le wahhabisme, sur lequel s’appuient les extrémistes pour justifier la terreur employée contre les représentants d’autres confessions. Il a montré ainsi que les terroristes ne s’appuyaient pas sur l’islam, mais sur une déviation de cette religion. Il a rejeté méthodiquement les principaux postulats idéologiques des radicaux, justifiant la violence et la cruauté.

Dans une résolution concluant les réunions, les participants du forum ont appelé à éviter de politiser la religion, d’intégrer la religion et les idées religieuses dans le processus de lutte politique, de les utiliser pour justifier le terrorisme international et toute autre forme d’idées et d’actes extrémistes.