Son Éminence le métropolite Philarète (Vakhromeïev), exarque émérite de toute la Biélorussie, est décédé le 12 janvier 2021 dans sa 86e année.

Le métropolite Philarète (Kirill Varfolomeïevitch Vakhromeïev) était né le 21 mars 1935 à Moscou.

Il descendait d’une famille de marchands de Iaroslavl. Son arrière-grand-père, Ivan Alexandrovitch, avait fondé en 1909 la bourse municipale, dont un parent avait été le premier président. Son grand-père était maire de la ville.

En 1913, en l’honneur du Tricentenaire de la maison Romanov, les marchands Vakhromeïev ont été anoblis, après quoi ils s’installèrent à Moscou.

Le père du futur métropolite, Varfolomeï (1904-1984), enseignait à l’École académique de musique du Conservatoire de Moscou. Sa mère, Alexandra (1903-1981), et sa sœur aînée Olga (1925-1997) enseignaient également dans différentes écoles de musique moscovites.

En 1935, Kirill Vakhromeïv acheva son cursus scolaire, en même temps que des études au département de chant choral de l’école de musique dont son père était le directeur.

De 1953 à 1957, il fit son séminaire.

De 1954 à 1961, il fut sous-diacre du patriarche Alexis I et du métropolite de Kroutitsy et de Kolomna Nicolas (Iarouchevitch).

De 1957 à 1961, il poursuivit sa formation à l’Académie de théologie de Moscou.

Le 3 avril 1959, il fut tonsuré moine des mains du supérieur de la Laure de la Trinité-Saint-Serge, l’archimandrite Pimène (par la suite archevêque de Saratov) et reçut le nom de Philarète.

En 1959, le patriarche Alexis I l’ordonna hiérodiacre, puis hiéromoine en 1961.

En 1961, à l’issue de ses études à l’Académie, qu’il termina avec un diplôme de doctorat en théologie, il enseigna l’homilétique à l’Académie et au Séminaire, fut assistant de l’inspecteur, puis inspecteur de l’Académie. En 1963, il fut élevé au rang d’archimandrite. En septembre 1963, il devint directeur de l’École doctorale de l’Académie.

Le 24 octobre 1965, il fut consacré évêque de Tikhvine, vicaire du diocèse de Léningrad.

De 1966 à 1973, il devint évêque de Dmitrov, recteur de l’Académie et du Séminaire de Moscou.

Le 28 novembre 1968, il fut nommé vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures. A ce poste, l’évêque Philarète fut inclus le 20 mars 1969 à la Commission du Saint-Synode sur l’unité chrétienne, et nommé représentant du Patriarcat de Moscou à la Commission théologique interorthodoxe pour le dialogue avec l’Église vieille-catholique.

Le 17 mars 1970, il fut nommé chef de la délégation de l’Église orthodoxe russe chargée des consultations avec les théologiens de l’Église évangélique-luthérienne de Finlande.

Le 9 septembre 1971, le patriarche Pimène l’éleva au rang d’archevêque. La même année, le 19 octobre, il fut déchargé de ses fonctions de vice-président du DREE, à sa demande.

De 1973 à 1978, il fut archevêque de Berlin et d’Europe centrale, exarque patriarcal en Europe centrale.

En avril 1975, il fut élevé au rang de métropolite.

D’octobre 1978 à mars 1984, il fut exarque patriarcal en Europe occidentale.

Une résolution du Saint-Synode en date du 14 avril 1981  nomma Mgr Philarète président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, membre permanent du Saint-Synode.

Soulignons qu’il fut impliqué dans l’engagement international de l’Église orthodoxe russe deux décennies auparavant, peu après la fin de ses études à l’Académie. Il avait participé aux travaux des I, II et V Congrès chrétiens pour la paix à Prague et à la III Consultation panorthodoxe sur l’île de Rhodes, en Grèce. Il avait aussi été secrétaire de la Commission pour l’unité chrétienne. A la demande du Saint-Synode, il fit souvent partie de la Commission théologique interorthodoxe pour le dialogue avec l’Église vieille-catholique.

« Quand j’ai été consacré évêque, en 1965, et nommé peu après recteur de l’Académie de théologie de Moscou, les voyages à l’étranger et la participation à des forums chrétiens étaient une des formes possible d’activité externe, quoique pas la seule. Nous avons reçu à Moscou et à la Laure de la Trinité-Saint-Serge, dans nos écoles, de nombreuses délégations des quatre coins du monde. Ces délégations étaient très diverses par leur composition et par leur niveau » se souvenait Mgr Philarète dans une interview.

En même temps, les relations extérieures supposaient aussi des contacts entre l’Église et les différentes organisations publiques internationales. « Ce n’était pas une particularité de nos Statuts, mais de l’organiation de la société. Si l’Église était séparée de l’état, elle était automatiquement séparée par l’état de la société soviétique », racontait le métropolite Philarète. « C’est pourquoi, pour la hiérarchie, le Département des relations extérieures permettait d’avoir des contacts avec des instituts gouvernementaux et des organisations publiques. En tous cas, dans la période du 14 avril 1981 au 13 novembre 1989, quand je remplissais l’obédience de président du Département, la mission auprès de nos compatriotes était une constante de notre activité, pour employer un terme mathématique ».

La présidence du métropolite Philarète à la tête du DREE coïncida avec la préparation et la célébration du millénaire du Baptême de la Russie, en juin 1988. Sous sa direction, le DREE apporta une importante contribution à la préparation du grand jubilé qui favorisa le réveil de la mémoire historique de nombreux peuples soviétiques, et prit la dimension d’un évènement national. Il permit à l’Église orthodoxe russe de retrouver la place qui lui revenait dans la société, contribua à la renaissance progressive de ses traditions multiséculaires de service et de témoignage.

De 1981 à 1989, le métropolite Philarète, poursuivant l’œuvre de ses prédécesseurs au poste de président du DREE, a contribué au développement de relations fraternelles avec les Églises orthodoxes locales, et d’un débat avec elles sur différents sujets. Il a travaillé à maintenir le dialogue théologique avec les hétérodoxes. Selon son témoignage, « dans les années 60-80 du siècle dernier, l’Église orthodoxe russe voulait se faire entendre, aussi bien dans le pays qu’au-delà de ses frontières. Les dialogues théologiques étaient un des moyens naturels d’y parvenir ». Le DREE était également engagé dans la lutte pour la paix.

Sur une résolution du Concile épiscopal des 30 et 31 janvier 1990, Mgr Philarète devint métropolite de Minsk et de Grodno, exarque patriarcal de toute la Biélorussie.

Durant ses années de ministère au siège de Minsk, le métropolite Philarète contribua largement à la restauration des églises et des monastères, à la création de nouvelles communautés paroissiales, au développement de l’enseignement de la théologie et l’éducation spirituelle et morale de nos contemporains. Il a aussi contribué à la paix et à la concorde dans la société. Mgr Philarète commença son ministère quand la Biélorussie ne comptait encore qu’un seul diocèse ; ils sont quinze aujourd’hui. Au début de 2015, on comptait 1612 paroisses ayant personne juridique et 35 monastères, administrés et desservis par 15 évêques, 1691 prêtres, 216 diacres et 432 moines et moniales.

Le 28 décembre 1993, le métropolite Philarète fut nommé président de la Commission synodale théologique, qu’il présida jusqu’à octobre 2011, date à laquelle il fut remplacé à ce poste par le métropolite Hilarion de Volokolamsk. Grâce à la longue expérience du métropolite Philarète, la discussion théologique s’éleva à un haut niveau, tant sur le plan national qu’international. Un dialogue sérieux entre le monde de la recherche scientifique et les spécialistes ecclésiastiques s’instaura, certaines questions adressées à la Commission par la hiérarchie trouvèrent leur réponse.

Le 25 décembre 2013, sur une résolution du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe, le métropolite Philarète prit sa retraite, ayant atteint l’âge de 75 ans. Il fut nommé exarque émérite de toute la Biélorussie, conservant le droit de participer aux travaux du Saint-Synode et une place protocolaire honoraire dans les cérémonies officielles.

Mémoire éternelle à l’archipasteur défunt ! Que le Seigneur fasse reposer son âme dans les demeures des justes.