Le métropolite Hilarion de Volokolamsk a participé à une table ronde intitulée « L’enseignant russe en 2030 : développement de la personnalité et formation d’un professionnel »
Le 30 septembre 2020, l’agence de presse internationale multi-médias « la Russie aujourd’hui » a consacré une table ronde au thème « L’enseignant russe en 2030 : développement de la personnalité et formation d’un professionnel ». Cette manifestation avait lieu dans le cadre de l’interaction entre l’Association scientifique de formation en théologie (NOTA) et « Russie aujourd’hui ».
Participaient à cette table ronde : le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, recteur de l’Institut des Hautes-Études Saints-Cyrille-et-Méthode, président de l’Association scientifique de formation en théologie ; Alexeï Loubkov, recteur de l’université pédagogique de Moscou ; Sergueï Bogdanov, recteur de l’université pédagogique russe Herzen ; Svetlana Miniourova, recteur de l’université pédagogique d’état de l’Oural ; Marina Antonova, recteur de l’université pédagogique de Mordovie M. Evseviev ; Mikhaïl Grouzdiev, recteur de l’université pédagogique de Iaroslavl K. Ouchinksi.
La rencontre a débuté par la lecture d’un discours de V. Bassiouk, vice-ministre de l’Éducation.
Le métropolite Hilarion a énuméré deux des objectifs prioritaires de l’enseignant d’aujourd’hui. Le premier est de poursuivre sa formation en permanence, afin d’améliorer ses compétences dans la matière qu’il enseigne. « Mais, en dehors d’une certaine somme de connaissances, il est tout aussi nécessaire d’être capable de transmettre ces connaissances de façon à ce que les élèves les assimilent, et, plus encore, que les élèves soient intéressés par la matière enseignée » a poursuivi le hiérarque, soulignant qu’il était possible d’enseigner les matières les plus difficiles de façon à intéresser ses auditeurs.
Selon le métropolite Hilarion, les enseignants ont beaucoup à apprendre de Jésus-Christ, notamment en pédagogie car le Seigneur Jésus-Christ était un excellent pédagogue, en plus de ses autres compétences et qualités. L’Évangile montre Jésus s’entretenant avec des enfants, même si, malheureusement, on ignore le contenu de ces entretiens. « Avec les personnes d’âge moyen et avec les jeunes gens, car, ne l’oublions pas, les apôtres étaient des hommes jeunes, Jésus-Christ parlait de façon à ce que ses entretiens soient en quelque sorte une université, une école de vie. Il n’enseignait pas seulement une somme de règles ou de lois, comme le faisaient les pharisiens et les scribes, avec lesquels Jésus polémiquait constamment, Il apprenait l’art de vivre, par des moyens très différents. Il prononçait parfois des exhortations très claires : faites ceci, ne faites pas cela. Souvent, il recourait à la parabole. Quand Jésus-Christ prononçait une parabole, chacun de ses auditeurs pouvait entendre ce qu’il était capable d’entendre, suivant son niveau intellectuel et spirituel. »
Les chercheurs se demandent souvent pourquoi Jésus parlait-Il en paraboles, a dit le hiérarque. Selon les uns, c’était pour faciliter la compréhension. D’autres estiment, au contraire, qu’il parlait en paraboles pour rendre son enseignement plus difficile d’accès, pour rendre le processus d’assimilation plus laborieux, autrement dit pour forcer l’auditeur à réfléchir, à tirer lui-même des conclusions, à projeter ce qu’il avait entendu sur sa propre vie. »
Pour Mgr Hilarion, le pédagogue doit être capable de ne pas simplement charger les élèves de connaissances, mais aussi de les pousser à travailler par eux-mêmes, de stimuler leur réflexion, leur capacité à réagir à ce qu’il dit. « Je pense que c’est un objectif essentiel pour l’enseignant, tant en milieu scolaire qu’en milieu universitaire ».
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, qui est aussi recteur de l’Institut des Hautes-Études Saints-Cyrille-et-Méthode et président de l’Association scientifique d’enseignement de la théologie, a rappelé que la théologie avait été récemment reconnue comme une discipline scientifique en Fédération de Russie. Elle est désormais enseignée dans les établissements d’enseignement supérieur laïcs, en plus des établissements religieux.
« La théologie se différencie des sciences religieuses en ce qu’elle envisage la problématique religieuse de l’intérieur d’une confession concrète, a-t-il précisé. La thélogie ne peut être considérée ni au-dessus, ni en dehors d’une religion, elle est toujours rattachée à une tradition religieuse donnée. Il existe actuellement trois disciplines : théologie orthodoxe, théologie musulmane et théologie juive ; le théologien enseignant dans le cadre de cette discipline doit appartenir à cette tradition religieuse. Il ne peut être un « électron libre » et enseigner la théologie. »
Selon Mgr Hilarion, l’Association scientifique d’enseignement de la théologie a été fondée pour coordonner l’activité des établissements religieux et laïcs enseignant la théologie. Elle facilite les échanges, organise des conférences, assure la formation continue des enseignants. Elle regroupe aujourd’hui plus de 60 établissements, notamment les principales universités russes : l’université d’état de Moscou, l’université d’état de Saint-Pétersbourg, la Haute-École d’économie, des universités pédagogiques, les principales écoles de théologie de l’Église orthodoxe russe, l’Institut des Hautes-Études Saints-Cyrille-et-Méthode. « Nous échangeons contamment des informations et du matériel, nous échangeons aussi nos opinions, ce qui est très important », a constaté le métropolite.
S’arrêtant aux défis et aux difficultés que rencontre le développement d’enseignement de la théologie en Russie, le métropolite Hilarion a parlé de la rédaction de manuels modernes. « Durant 70 ans, vous le savez, la théologie a été interdite ; en tant que science, elle n’a pratiquement pas pu se développer. Dans nos académies et nos séminaires, certaines matières sont toujours enseignées d’après des manuels datant d’avant la révolution. Peut-on imaginer enseigner les mathématiques, la chimie ou la littérature sur des manuels prérévolutionnaires ? Nous avons besoin de manuels modernes, c’est évident, et nous nous sommes mis au travail. Des manuels sont en cours de rédaction dans toutes les disciplines théologiques – théorie, histoire, pratique. L’objectif est de renouveler l’ensemble des manuels dans les années qui viennent. »
Le président de la NOTA a assuré que l’Association aiderait les établissements proposant l’enseignement de la théologie à coordonner leur activité. Ses membres s’efforceront d’obtenir que la théologie en Russie soit enseignée à un haut niveau et soit accessible à tous.
En même temps, il a souligné que les départements de théologie ne seraient pas un équivalent de la chaire paroissiale : « Nous créons ces départements non comme des espaces missionnaires, mais pour que les citoyens russes connaissent leur tradition religieuse et les traditions religieuses de leurs voisins. C’est nécessaire, notamment pour la sécurité nationale. Ce n’est un secret pour personne, en effet, que les idéologies terroristes et extrémistes se présentent souvent sous le masque de la religion. Il faut réfuter ces tendances à relier extrémisme et religion. Il faut expliquer ce qu’enseignent réellement les confessions. J’espère que notre association y contribuera. »
Les participants ont discuté des différents aspects du travail du pédagogue dans l’enseignement russe, de l’importance de la théologie dans l’enseignement et dans l’éducation de la génération montante.
A la fin de la table ronde, le métropolite Hilarion s’est adressé aux représentants de la communauté pédagogique, leur présentant ses meilleurs vœux à la veille de la Journée de l’enseignant, le 5 octobre.