Prières à la mémoire des saints russes et américains, à la représentation moscovite de l’Église orthodoxe en Amérique
Le 21 juin 2020, 2e dimanche après la Pentecôte, fête de Tous les saints de la terre russe, fête des saints américains, une Divine liturgie a été célébrée à l’église Sainte-Catherine, représentation de l’Église orthodoxe en Amérique à Moscou.
A l’occasion du 50e anniversaire de l’octroi de l’autocéphalie à l’Église orthodoxe en Amérique, la représentation de l’EOA à Moscou fête cette année avec une solennité particulière les saints ayant œuvré à la proclamation de l’Orthodoxie sur le continent américain, suivant la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, et de Sa Béatitude le métropolite Tikhon de toute l’Amérique et du Canada.
Après la Divine liturgie, des prières ont été dites devant les icônes des saints russes et américains.
Comme l’a constaté dans son discours l’archiprêtre Daniel Andreïouk, représentant du métropolite Tikhon auprès du patriarche de Moscou et de toute la Russie, l’orthodoxie s’est développée sur le continent américain grâce aux moines russes. Beaucoup d’entre eux ont été canonisés, à la fois comme saints russes et comme saints américains.
***
La première Divine liturgie sur le continent américain fut célébrée le 20 juillet 1741, en la fête de saint Élie, à bord du navire « Piotr », commandé par Vitus Bering. L’office était célébré par le hiéromoine Hilarion (Troussov) et le prêtre Ignace Kozyrevski.
Quelques décennies plus tard, le marchand russe Grégoire Chelikhov se rendit au monastère de Valaam, et proposa à l’higoumène d’embarquer des missionnaires pour l’Amérique russe. Le 24 septembre 1794, après un voyage de 7327 milles en 293 jours (le plus long voyage missionnaire de l’histoire de l’orthodoxie), le groupe de moines de Valaam débarqua à l’île de Kadiak, en Alaska. Dirigé par l’archimandrite Josaphat, le groupe se composait des hiéromoines Juvénal, Macaire et Athanase, des hiérodiacres Nectaire et Stéphane et des moines Germain et Josaphat.
Le premier martyr, Juvénal, fut tué par les populations locales non loin du lac d’Iliamn, en 1799, devenant ainsi le premier orthodoxe à verser son sang pour le Christ dans le Nouveau Monde. En 1816, saint Pierre l’Aléoute fut tué par des missionnaires espagnols en Californie, pour avoir refusé de se convertir au catholicisme. Saint Germain de l’Alaska, dernier membre de la mission, mourut en 1837.
La mission se poursuivit au XIXe siècle parmi les peuples autochtones de l’Alaska. Les meilleurs ouvriers de la vigne du Seigneur furent saint Innocent (Veniaminov) et saint Jacques Netsvetov, qui traduisirent les Saintes Écritures et les livres liturgiques dans les langues locales. Le père Jacques Netsvetov mourut à Sitka en 1864, ayant consacré toute sa vie à servir l’Église. Le père Jean Veniaminov, devenu veuf, fut tonsuré moine sous le nom d’Innocent, puis consacré évêque, et enfin métropolite de Moscou en 1879.
C’est de la fin du XIXe siècle que date un évènement qui joua un rôle déterminant dans l’histoire de l’orthodoxie en Amérique du Nord. Le 25 mars 1891, l’évêque Vladimir des Aléoutes et d’Alaska admit dans l’Église orthodoxe saint Alexis Tovta et 361 paroissiens, marquant ainsi le début du retour à l’orthodoxie de nombreux gréco-catholiques.
Saint Tikhon (Belavine) arriva en Amérique en septembre 1898, comme évêque des Aléoutes et d’Alaska. Seul évêque orthodoxe en Amérique du Nord, saint Tikhon voyageait inlassablement sur tout le continent, visitant ses ouailles dispersées. Ayant conscience que l’Église en Amérique ne pourrait pas toujours faire partie de l’Église russe, il s’appliqua à organiser des structures diocésaines et paroissiales, permettant d’affermir et de répandre l’orthodoxie. Saint Tikhon revint en Russie en 1907, et, dix ans plus tard, fut élu patriarche de Moscou.
Saint Raphaël de Broocklyn fut le premier évêque orthodoxe consacré en Amérique du Nord. Il reçut l’imposition des mains de l’évêque Tikhon et de l’évêque Innocent (Poustynski), à la cathédrale Saint-Nicolas de New York, le 13 mars 1904. Devenu évêque de Broocklyn, saint Raphaël aida fidèlement saint Tikhon et ses successeurs au siège d’Amérique du Nord. Il mourut le 27 février 1915.
Au XXe siècle, après la révolution d’octobre, des milliers d’orthodoxes en Russie moururent martyrs, sans avoir renié le Christ. Parmi eux, saint Jean Kotchourov et saint Aexandre Khotovitski, qui avaient exercé leur ministère en Amérique du Nord, avant de revenir en Russie. Saint Jean fut le premier nouveau-martyr en Russie, le 31 octobre 1917, à Tsarskoïé Selo. Saint Alexandre, qui vécut en Amérique jusqu’en 1914, fut fusillé en 1937.
Parmi ceux qui s’illustrèrent par leur sainteté dans l’Émigration russe au siècle dernier, citons enfin saint Jean (Maximovitch), archevêque d’Amérique du Nord et de Saint-Fransisco, qui mourut en 1966 et fait l’objet d’une grande vénération.