Le métropolite Hilarion : Le Seigneur Jésus Christ s’est identifié à chaque homme, et plus particulièrement à ceux qui souffrent et qui sont dans le besoin
Le 23 février 2020, dimanche du Jugement dernier, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-Affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
Le métropolite Hilarion concélébrait avec le métropolite Nicodème de Jitomir et de Novograd-Volhynski, les membres d’un groupe de pèlerins du diocèse de Jitomir et les clercs de l’église.
Après la litanie instante, le métropolite Hilarion a prié pour la paix en Ukraine.
A la fin de la Divine liturgie, Mgr Hilarion a prononcé une homélie sur le thème du Jugement dernier, « bilan de l’histoire de l’humanité, évènement qui aura lieu un jour et dont dépendra la destinée éternelle de chaque homme et de toute l’humanité ».
« Jésus, prêchant quelques jours avant d’être condamné à mort, annonce à Ses disciples qu’Il reviendra. Non sous la forme d’un serviteur, pour souffrir, mais pour faire le bilan de la vie de chaque homme. Chacun comparaîtra en jugement, ce qui sera désagréable, car le Seigneur rappelera tout ce que nous avons fait de mal, et tout ce que nous aurions pu faire, mais n’avons pas fait pour nos proches.
(…) Le Seigneur ne nous demandera pas si nous avons jeûné, combien de prières nous avons dites, si nous avons fait l’aumône. Il posera des questions très simples : L’avons nous nourri, quand Il nous est apparu affamé? Lorsque nous l’avons vu assoiffé, Lui avons-nous donné à boire ? L’avons-nous vêtu, quand Il était nu ? L’avons-nous hébergé, lorsqu’il était sans abri ? L’avons-nous visité malade ? Apprenant qu’Il était en prison, sommes-nous venus le voir ?
Voilà ce que le Seigneur Jésus Christ nous demandera. A tous ceux qui ont accompli de bonnes œuvres, Il dira : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Mt 25,40). A ceux qui n’auront pas fait de bonnes œuvres, il sera dit : « Toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites » (Mt 25,45).
Le Seigneur Jésus Christ s’est identifié à chaque homme, et plus particulièrement à ceux qui souffrent et qui sont dans le besoin. La souffrance qu’Il éprouva sur la croix est le signe de Sa proximité avec tout homme qui souffre. Quand on souffre, on ressent particulièrement la proximité du Seigneur, car Il n’est pas un Dieu qui regarde depuis une hauteur inaccessible, mais un Dieu qui vit parmi nous ; ayant vécu une vie humaine, Il n’a pas moins souffert que nous, mais beaucoup plus. Dieu sait par expérience ce que c’est que souffrir, de ne pas avoir de toit, d’avoir soif, d’avoir faim, d’être condamné. Il est passé par tout cela pour nous aider dans notre souffrance, pour, selon l’apôtre Paul, « ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, secourir ceux qui sont tentés » (Heb 2,18). Étant passé par les épreuves, Il nous aide dans les nôtres.
Les paroles de notre Seigneur Jésus Christ sur le Jugement dernier nous rappelle notre responsabilité envers les hommes. Le Seigneur ne semble rien dire de notre responsabilité envers Dieu. Il n’est question ni d’appartenance religieuse, ni de vie spirituelle, de lecture, de prière, de participation aux Sacrements de l’Église. Ce qui ne signifie nullement que cela ne jouera aucun rôle dans notre destinée éternelle. Mais tout ce qui est reçu de l’Église comme un don doit se refléter dans la vie quotidienne, non seulement dans la participation aux sacrements, dans la lecture de l’Évangile, des prières du matin et du soir, mais dans les bonnes œuvres que le Seigneur attend de nous. Ce sont elles qui nous justifieront devant Dieu au Jugement dernier.
En d’autres termes, la vie religieuse ne se limite pas, comme le pensaient les pharisiens et les scribes, à l’accomplissement d’un certain nombre de règles, de commandements, à l’abstinence de certains aliments. Aujourd’hui, l’apôtre Paul nous rappelle que la nourriture ne rapproche pas de Dieu. Ce n’est pas par hasard que l’Église le rappelle le dernier jour où on peut manger de la viande, une semaine avant d’entrer dans la voie de la sévère abstinence recommandée pendant le Grand Carême.
Jeûnons, observant le carême à la mesure de nos forces. Mais n’oublions pas que ce sont les bonnes œuvres qui rapprochent de Dieu, et non la nourriture. Les premiers jours du carême, nous entendrons que le vrai jeûne, c’est ce dont parle aujourd’hui le Seigneur Jésus Christ : ouvrir sa maison aux sans-abris, donner à boire à l’assoiffé, nourrir l’affamé, et surtout ouvrir son cœur à la rencontre du prochain, apprendre à ne pas passer à côté, mais être attentif à chacun. Alors le Seigneur verra en nous Ses fidèles serviteurs, car en chaque homme qui viendra à nous, en chaque nécessiteux, nous saurons discerner le Christ ; au Jugement dernier, Il nous reconnaîtra, et nous Le reconnaîtrons.
Suivons le Christ, incarnons dans nos vies ce que nous entendons dans l’Évangile, demandons au Seigneur de nous apprendre à aimer le prochain ».
Mgr Hilarion a ensuite chaleureusement souhaité la bienvenue au métropolite Nicodème de Jitomir, aux ecclésiastiques, membres du groupe de pèlerins du diocèse de Jitomir : « Nous savons par quelles souffrances est passée et continue de passer l’Église orthodoxe ukrainienne en Volhynie. Nous savons, nous avons entendu parler d’églises usurpées, du courage et de la ténacité du clergé défendant l’Orthodoxie canonique. Nous admirons leur fermeté et nous prions pour que cette période d’épreuves pour l’Église orthodoxe canonique en Ukraine se termine le plus tôt possible. Cette tempête n’a pas frappé seulement l’Église ukrainienne, mais l’ensemble du monde orthodoxe. Aujourd’hui, à cause des actes d’un seul, les schismes s’agravent dans toute l’Orthodoxie. Nous en sommes peinés, et prions pour que le Seigneur ramène cet homme à la raison. Nous prions pour tous ceux qu’il a induits en tentation, ceux auxquels il a imposé la reconnaissance de ces décisions iniques par des procédés plus ou moins honnêtes. Nous croyons fermement que les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur l’Église du Christ. Nous savons qu’il y a dans l’Église ceux qui ont reçu leur chirotonie épiscopale légitimement, la tenant des saints apôtres. Ils sont les héritiers légaux du Royaume des Cieux, que le Seigneur a préparé à ceux qui appartiennent à la sainte Église. Mais il y a aussi des imposteurs qui, ne s’inscrivant pas dans la succession apostolique, ont revêtu des vêtements sacrés quoiqu’ayant été illégalement ordonnés. Aujourd’hui, ils veulent se faire passer pour « la vraie église ».
One ne saurait, cependant, tromper le peuple, et le peuple chrétien sait bien, en Ukraine, où est l’Église canonique, et où est la communauté schismatique privée de grâce.
Prions pour la fin du schisme, pour que ceux qui ont quitté l’Église y reviennent et se repentent. Pour que le Seigneur ramène dans le sein de l’Église ceux qui ont été éduqués dans la communauté schismatique et n’ont jamais su ce que c’est qu’appartenir à l’Église canonique une. Nous prions pour cela à chaque Divine liturgie. A chaque liturgie, nous prions pour l’Ukraine, pour son peuple, pour son Église. Nous croyons que la miséricorde de Dieu permettra de surmonter toutes les discordes humaines et les efforts pour saper la vie ecclésiale.
Nous sommes unis, et resterons unis. Cette unité inaltérable, qui existe depuis déjà plus de mille ans, nous l’avons ressentie et en avons pris conscience aujourd’hui, en célébrant ensemble… »
Le métropolite a souhaité bon courage au groupe ukrainien, l’assurant une fois encore de la prière et de l’unité de l’Église russe pour l’Église ukrainienne : « Affermissons l’unité reçue du Seigneur Jésus Christ Lui-même, unité payée du sang des nouveaux-martyrs et des confesseurs de l’Église russe, unité qui, je le crois, demeurera jusqu’à la fin des temps. »
Le métropolite Nicodème a remercié Mgr Hilarion de son accueil et de sa prière. « (…) Pendant notre voyage, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie nous a reçus avec beaucoup d’affection, comme ses propres enfants. Il nous a embrassés, bénis, a échangé avec nous, nous avons ressenti son inquiétude et son amour pour nous (…) Merci à tous de votre amour, de votre foi et de vos prières » a conclu le hiérarque de l’Église orthodoxe ukrainienne.