Le métropolite Hilarion : On n’est pas membre de l’Église sans être passé par le baptistère
Le 19 janvier 2020, fête de la Théophanie, Baptême du Seigneur, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie de saint Basile et le rite de la grande bénédiction des eaux à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
Les clercs de la paroisse concélébraient. Après l’écténie instante, Mgr Hilarion a récité la prière pour la paix en Ukraine.
La bénédiction des eaux a été suivie d’une homélie, dans laquelle le métropolite a commencé par souhaiter une bonne fête à l’assistance.
« Ce n’est pas un hasard si l’évènement que nous fêtons, décrit dans les Évangiles selon saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, porte le nom de Théophanie…
Lorsque Jésus sortit des eaux, les gens entendirent la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis Ma confiance » (Mt 3,17). Les cieux s’ouvrirent, et l’Esprit Saint en descendit sous forme de colombe.
C’était la première fois dans l’histoire que les trois personnes de la Sainte Trinité se manifestaient dans leur unité indivisible, car le Fils de Dieu était présent parmi les hommes, Dieu le Père fit entendre Sa voix et le Saint Esprit apparut sous forme de colombe. Cette manifestation trinitaire, nous la glorifions aujourd’hui sous le nom de Théophanie, car le Seigneur s’est manifesté non seulement comme Dieu Un, mais comme Dieu Un en trois Personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Pourquoi est-ce si important pour nous ? Pourquoi la confession de la Sainte Trinité est-elle la base de la doctrine chrétienne ? Parce que Dieu a voulu envoyer au monde Son Fils unique qui, comme dit saint Paul, « existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu » (Ph 2,6).
Le Fils unique de Dieu, Dieu incarné, est venu sur la terre pour offrir aux hommes le Salut. La voie du salut passe par l’immersion dans l’eau.
Le Symbole de foi parle du sacrement du baptême comme du moyen de notre salut et de la délivrance des péchés : « Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés », disons-nous. Chacun de nous est passé par le baptême. On ne devient pas membre de l’Église sans passer par le baptistère, pas plus qu’on ne peut recevoir sans lui le salut donné par Jésus Christ. On entre dans l’Église du Christ par ce baptistère, on parvient par lui au Royaume des cieux.
Ce n’est pas pour rien que les Pères appellent l’Église du Christ le ciel sur la terre. L’Église existe dans sa réalité terrestre, mais elle prépare les hommes au Royaume céleste. Les églises sont bâties sur la terre selon les lois de l’architecture terrestre. Comme les autres bâtiments, elles ont des fondations, elles sont solidement implantées dans la terre. Mais, en même temps, la réalité qu’elles révèlent, à laquelle elles font communiquer, n’est pas terrestre, c’est la réalité du Royaume des cieux. Tout ce qu’on voit dans l’église le rappelle. C’est pourquoi l’église, bien que construite selon les lois de l’architecture terrestre, se différencie essentiellement des bâtiments ordinaires, employés comme bureaux ou comme habitations.
L’église n’est pas construite pour qu’on y vive ou qu’on y travaille, mais pour être la demeure du Seigneur, qu’on vient y rencontrer. C’est pourquoi l’atmosphère de l’église rappelle le Royaume céleste, auquel nous sommes appelés à participer. Ce sont les icônes, qui ouvrent une fenêtre vers cet autre monde. Du haut des icônes, ceux qui vécurent sur terre et parvinrent à la sainteté regardent les hommes. Ils rappellent que la voie de la sainteté est ouverte à tous. Par les peintures murales, par la liturgie, par le chant d’église, on participe à la glorification que les anges élèvent à toute heure et à toute minute vers Dieu. On devient participants de cette glorification, car lorsqu’on prie dans l’église, les anges de Dieu prient avec nous ; lorsque nous glorifions Dieu, ils le glorifient avec nous.
C’est par le sacrement du baptême qu’on reçoit l’accès à ces multiples biens.
Le Seigneur Jésus Christ descendit dans les eaux du Jourdain après tant d’autres hommes qui vinrent à Jean Baptiste pour se laver en signe de pénitence. Mais le Fils de Dieu, qui n’avait besoin ni de la pénitence, ni du baptême, descendit dans les eaux du Jourdain pour les sanctifier, leur communiquer Sa divinité, afin qu’à quiconque entre dans ces eaux, bénites par Sa présence, soit ouvert la voie du Royaume des Cieux.
En la fête du baptême du Christ, selon l’ordo, nous célébrons la grande bénédiction des eaux. L’eau est bénite en mémoire de la descente du Seigneur Jésus Christ dans les eaux. On la bénit pour qu’elle soit pour chacun un objet de piété et de foi, qu’elle serve à la guérison de l’âme et du corps. On peut boire cette eau, s’en oindre, en asperger ses enfants, ses proches, sa demeure et les objets qui nous sont chers. La bénédiction du Père, du Fils et du Saint-Esprit nous est conférée par cette eau sainte, car les Trois Personnes de la Trinité participent à la bénédiction de l’eau : on prie Dieu le Père, le Saint-Esprit descend sur l’eau pour la sanctifier, et le Fils de Dieu est invisblement présent à nos côtés. La grâce du Dieu trinitaire est transmise à l’eau par la prière de l’assemblée ; l’eau bénite contribue à notre avancée vers le Royaume des cieux.
Demandons au Seingeur de nous aider à être de vrais chrétiens, afin que le baptême que nous avons reçu, à la naissance, dans l’enfance ou à l’âge adulte, porte fruit dans nos vies. Que la grâce du Dieu Trinitaire, du Père, du Fils et du Saint Esprit demeure toujours avec nous et nous conduise au Royaume des cieux. Amen.
Bonne fête à tous. »