Le métropolite Hilarion : Si notre salut ne dépendait que de nous, il serait impossible
Le 15 décembre 2019, 26e dimanche après la Pentecôte, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
Il concélébrait avec le prêtre Gueorgui Zaverchinski, doyen des paroisses d’Écosse et d’Irlande du Nord du diocèse de Souroge (Patriarcat de Moscou).
Après la litanie instante, le métropolite Hilarion a dit la prière pour la paix en Ukraine.
A la fin de la liturgie, il a prononcé une homélie sur le thème de l’évangile de l’homme riche :
« Un homme demande à Jésus : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » (Lc 18,18). Jésus répond en énumérant les commandements de la loi de Moïse, régissant les rapports entre personnes : « Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne diras point de faux témoignage, honore ton père et ta mère » (Lc 18.20).
Contrairement aux attentes de ceux qui écoutent ce dialogue, l’homme rétorque : « J’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse » (Lc 18, 21). Il est donc certain d’avoir observé les principaux commandements de Dieu. Le Seigneur lui dit alors : « Il te manque encore une chose : vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis-moi » (Lc 18,22). L’homme s’en va alors tout triste, car il était très riche : il était prêt à accomplir les commandements de la loi de Moïse, mais n’était pas prêt à tout faire pour suivre le Seigneur Jésus Christ. Peut-être était-il un de ceux qu’avait inspiré la prédication de Jésus Christ, qui venait à Lui pour lui poser des questions, mais, ayant reçu la réponse, n’agissait pas comme Il recommandait, mais à leur manière, parce qu’ils avaient d’autres intérêts, d’autres valeurs, et n’étaient pas prêts à changer de vie pour suivre le Christ.
L’histoire de l’Église abonde en exemples de gens qui non seulement laissèrent d’importants biens matériels, mais quittèrent aussi leurs parents, ceux qu’ils aimaient et le monde pour suivre le Christ. A chaque génération, il sont non une dizaine, ni une centaine, mais des milliers à quitter le monde pour suivre le Christ. Les uns deviennent moines, vivent dans des monastères ; d’autres restent dans le monde où ils poursuivent leur apostolat. Ils ont renoncé à avoir une famille, ils ont renoncé aux joies humaines ordinaires pour donner leur vie au Christ.
Le Seigneur Jésus Christ n’adresse pas cet appel spécifique – Le suivre, tout laisser – à tous les hommes : beaucoup continuent à vivre dans le monde, gardent leur biens matériels, tout en aspirant à servir le Christ et à plaire à Dieu. Le Seigneur les encourage et les récompense non seulement par une prospérité matérielle plus grande encore, mais par la grâce de Dieu, qui se déverse sur eux par les Sacrements et dans laquelle on sent la proximité de Dieu.
Le Seigneur n’attend pas de chacun qu’il abandonne tout pour le suivre. Mais ceux auxquels cet appel est adressé et qui y répondent, suivent le Christ en quittant tout. Le Seigneur les en récompense de multiples façons. Avant tout, en leur laissant sentir sa présence dans leur vie. Ils sentent qu’ils ne vivent pas pour rien, que les souffrances, les épreuves, les chagrins qui sont leur lot leur sont envoyés par Dieu, et que le Seigneur est auprès d’eux. Bien plus, ce sentiment de la présence de Dieu, ils savent le transmettre aux autres. C’est pourquoi, depuis des siècles, les moines qui se signalent par leur vertu, leur piété et leur ascétisme attirent les foules du monde entier, riches et pauvres, malades et bien-portants, venant entendre leur parole, s’entretenir avec eux et, par eux, sentir la présence de la grâce divine.
Saint Serge de Radonège, saint Séraphin de Sarov étaient de ces hommes, et, avec eux, tant d’autres pères, anciens, ascètes, qui s’illustrèrent par une vie de vertus, se sauvant eux-mêmes, en sauvant aussi des milliers d’hommes autour d’eux. Même après avoir quitté cette vie, leur mémoire reste vivante, elle continue à vivre dans l’Église. Nous continuons à prier saint Serge, saint Séraphin et les autres saints comme s’ils étaient nos contemporains, sachant qu’ils écoutent nos prières, y répondent et nous aident dans notre cheminement.
Quand l’homme qui avait demandé au Christ ce qu’il devait faire pour hériter la vie éternelle se fut éloigné, le Seigneur dit : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » (Lc 18,25). « Ceux qui l’écoutaient dirent: Et qui peut être sauvé? » (Lc 18,26). De fait, si notre salut ne dépendait que de nous, il serait impossible. Les péchés nous font coller à la terre, les souffrances nous brisent, notre foi étant faible ; notre prière n’arrive pas toujours jusqu’à notre propre cœur, et atteint-elle seulement Dieu, nous ne le savons pas toujours. Nos efforts pour devenir meilleurs, plus purs, pour se débarasser des passions, des vices restent souvent vains : nous faisons des efforts, retombons, nous nous confessons encore et encore des mêmes péchés qui nous poursuivent. Si le salut était entre nos mains, il n’en sortirait rien.
Mais le Seigneur vient à notre rencontre. Il s’est fait l’un de nous. Il se propose à nous dans le Sacrement de Son Corps et de Son Sang. Quand nous venons à l’église pour l’Eucharistie, pour prier ensemble et communier aux Saints Mystères, le Seigneur accomplit l’œuvre de salut qui est impossible au hommes, mais possible pour Dieu. Nous tirons de Lui nos forces, Il nous donne Sa grâce, nous aide à êtres tels qu’Il veut nous voir.
Je tiens à saluer aujourd’hui tous ceux qui sont présents dans cette église, et tous ceux qui regardent la liturgie depuis leur ordinateur ou leur smartphone. Ils sont plusieurs milliers. Ils vivent dans différentes villes ou différents pays. Il y ceux qui nous regardent depuis l’Amérique, l’Australie, l’Italie et d’autres pays. Il y a ceux qui sont dans notre ville, mais, pour différentes raisons, ne peuvent pas venir à l’église ; ils nous regardent par la caméra qui est maintenant installée dans notre église.
J’invoque sur vous tous la bénédiction divine et vous rappelle que le Seigneur nous unit à Lui dans le Sacrement de la Sainte Communion. Si vous n’avez pas pu venir à l’église aujourd’hui, venez dimanche prochain. Si vous ne pouvez pas non plus dimanche prochain, venez la fois suivante, non pas seulement pour prier avec nous, mais pour communier aux Saints Mystères du Christ. Car c’est le Sacrement qui nous unit au Seigneur.
Je vous souhaite une bonne fête à tous, que le Seigneur vous aide par Son Saint Évangile, que les saints préceptes que nous entendons chaque fois que nous venons à l’église nous guide sur le chemin par lequel Il nous conduit vers le salut et le Royaume de Dieu. Amen. »