Le 6 décembre 2019, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a accueilli à la résidence patriarcale et synodale du monastère Saint-Daniel le métropolite Josaphat de Kirovograd et de Novomirgorod, ainsi qu’un groupe de pèlerins ukrainiens.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiasiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Denis de Voskressensk, chancelier du Patriarcat de Moscou, l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE, l’archiprêtre Igor Iakimtchouk, secrétaire du DREE chargé des relations interorthodoxes, assistaient à la rencontre.

Sa Sainteté a chaleureusement souhaité la bienvenue à ses hôtes, soulignant la fidélité à l’Église canonique dont font preuve le clergé, l’épiscopat et les fidèles en Ukraine, « bien que ce ne soit pas facile du tout, ce qui témoigne de votre état intérieur. Un faible n’en serait pas capable. ».

« Les vêtements blancs dont il est question dans l’Apocalypse doivent être le bilan de notre existense. Nous devons mesurer nos actes non à ce qui nous est profitable ou non, commode ou non dans l’instant, mais en ayant conscience que chacun de nos actes forme l’ensemble de notre vie » a souligné le primat de l’Église orthodoxe russe.

« Il est évident que ce n’est pas facile pour vous en ce moment, a dit Sa Sainteté. Mais cette période de confession de la foi, de fidélité à l’Église et au Seigneur forme l’état dans lequel l’âme se présentera devant le Seigneur au jugement dernier. »

Rappelant l’importance de la fidélité au Christ, à l’Église et à l’ordre canonique, Sa Sainteté a souligné que « sans l’ordre canonique, la vie ecclésiale s’étiole, les schismes engendrent de nouveaux schismes. » Le patriarche Cyrille a cordialement remercié le métropolite Josaphat et les clercs l’accompagant de leur fermeté dans la vérité.

« Tous les moyens ont été employés pour inciter les gens au schisme, pour liquider l’Église canonique. La législation, les forces de l’ordre, la presse, la propagande, tout concourait à diviser notre Église. Mais cela n’a pas fonctionné. Je crois que l’unité de notre Église demeurera, et donc que demeurera la force de la grâce de Dieu, présente en chacun de vous depuis son ordination » a souligné Sa Sainteté.

Il a rappelé que quiconque était ordonné non canoniquement était privé de la grâce. S’il en était autrement, les entités schismatiques auraient une force vive intérieure, qui leur fait pourtant défaut : les schismes s’épuisent d’eux-mêmes, comme le montre l’histoire de l’église dite vivante, au XXe siècle, qui s’appuyait sur l’autorité du gouvernement de l’époque, sur sa machine répressive.

Le schisme ne tire sa force que de facteurs extérieurs, a souligné le patriarche Cyrille : certains sont soutenus par un gouvernement, d’autres par les médias, d’autres reçoivent de l’argent. « Mais l’Église, même extérieurement impuissante, comme à l’époque soviétique, conserve sa force intérieure, que toute la force d’une super-puissance n’a pu briser. Tout était du côté de ceux qui luttaient contre l’Église : la propagande, les services secrets, la culture. Tout travaillait contre elle, nous n’avions rien, on n’entendait pas notre voix en dehors des murs des églises. Mais nous avons tenu bon, et le système s’est écroulé. Nous l’avons vu de nos yeux : l’Église, que ce système devait détruire et étouffer, est sortie victorieuse. »

Sa Sainteté a dit apprécier que le président ukrainien actuel, V. Zelenski, n’intervient pas dans le milieu ecclésiastique. « Le pouvoir doit s’occuper d’économie et de politique, l’Église s’occupe de la vie spirituelle. Ce n’est pas une sphère où les pouvoirs d’un fonctionnaire quelconque peuvent s’appliquer » a constaté le patriarche.

« L’essentiel est de ne pas trembler devant les manifestations extérieures d’agression » a dit le patriarche, soulignant que les moyens employés par ceux qui s’emparaient des églises par la force n’étaient pas chrétiens, mais anti-chrétiens. Le patriarche Cyrille a invité les clercs ukrainiens à poursuivre leur activité pastorale avec la même intensité. « Vous comprenez bien, je pense, notamment d’après la situation que vous vivez actuellement, que le ministère d’un prêtre ne s’arrête pas au seuil de son église, et que la parole doit aller dans la monde » a dit le primat de l’Église orthodoxe russe, ajoutant qu’il fallait utiliser différents moyens, notamment l’enseignement, les relations avec les organismes qui coopèrent avec l’Église, afin que la parole du prêtre atteigne le plus grand nombre possible de gens.

« Je considère comme un immense honneur d’être ici aujourd’hui » a répondu le métropolite Josaphat, remerciant le patriarche de sa sollicitude paternelle.

Revenant sur la commémoration du 50e anniversaire de la tonsure monastique et du ministère sacerdotal de Sa Sainteté, le métropolite Josaphat a constaté : « C’est toute une époque, le livre vivant de l’histoire ecclésiastique contemporaine… Nous suivons votre agenda et nous étonnons de la force et de l’énergie avec laquelle vous accomplissez votre ministère primatial. Tenant compte des réalités d’aujourd’hui, ce ministère est particulièrement difficile et complexe. »

Parlant de la situation causée par les actes anti-canoniques de Constantinople en Ukraine, le hiérarque a souligné : « Il y a eu bien des situations différentes dans l’histoire, mais jamais encore une Église qui se nomme mère n’a tourmenté ainsi sa fille, causant les souffrances de ses fidèles ». Mgr Josaphat a évoqué les tentatives d’usurpation d’églises dans son diocèse et le courage des prêtres et des paroissiens s’opposant aux schismatiques.

« Sainteté, nous sommes heureux de tous les efforts que vous déployez à votre niveau pour préserver l’unité de l’Église, et nous soutenons les décisions que vous prenez à cet effet » a dit Mgr Josaphat.

Rappelant ce qu’avait dit le patriarche Cyrille le 20 novembre dans une homélie, sur la nécessité de renforcer l’unité intérieure de l’Église, le métropolite Josaphat a souligné : « Si une famille est solide, elle ne craint pas les vents. Si  un organisme est solide, son immunité fait barrière à tous les virus. On ne peut nous faire de mal que si nous sommes divisés ».