Le 16 juillet 2019, à l’Ambassade de Serbie à Moscou, a eu lieu la présentation d’un livre de A. Khochev, collaborateur du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, Le Kosovo et la Métochie dans les rapports entre les Églises orthodoxes russe et serbe. Le livre, récemment sorti aux Éditions du monastère Sretenski, est la première étude sur cet aspect des relations entre les deux Églises, allant depuis le début de l’agression de l’OTAN contre la Yougoslavie jusqu’au décès du patriarche Paul de Serbie, en 2009, et à notre époque.

Ont pris part à la présentation : l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Serbie en Fédération de Russie, le professeur S. Terzič ; l’évêque Antoine de Moravica, représentant du patriarche serbe auprès du patriarche de Moscou et de toute la Russie ; l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou ; l’ex-ambassadeur de la Fédération de Russie en République de Serbie, A. Konouzine ; M. Nelioubova et O. Kalimoulline, collaborateurs du DREE, ainsi que de nombreux invités, diplomates, personnalités publiques, journalistes.

Le chef de la représentation diplomatique serbe à Moscou, Slavenko Terzič, a donné une haute appréciation de ce nouveau livre, soulignant qu’elle « montrait avec quelle fermeté l’Église orthodoxe russe avait été à nos côtés, tout ce qu’avaient fait pour nous le patriarche Alexis II et le Département des relations ecclésiastiques extérieures, l’actuel patriarche à sa tête. » Dans son allocution, le professeur Terzič a donné un bref aperçu de l’histoire de la question du Kosovo. Soulignant l’importance de cette publication pour la recherche scientifique et pour le soutien du peuple serbe au Kosovo et en Métochie, il a remercié l’auteur du livre, aussi bien au nom de l’Ambassade de Serbie qu’au nom de ses collègues historiens.

Selon l’évêque Antoine de Moravica, grâce à cette nouvelle recherche, qui se penche principalement sur le développement du problème kosovare dans les années 1999-2009, « aucun document concernant cette décennie n’a été ignoré, ni en Serbie, ni en Russie. » L’archipasteur a constaté que l’auteur « aspirait à utiliser tous les documents conservés au Département des relations ecclésiastiques extérieures et au Patriarcat de Serbie, ainsi que les témoignages des témoins, de ceux qui ont envoyé des convois d’aide humanitaire en Serbie, qui travaillaient à l’époque au DREE. Certains d’entre eux sont présents dans cette salle. »

Le hiérarque a souligné l’importance de l’aide matérielle et spirituelle accordée aux Serbes par l’Église orthodoxe russe, dans un contexte où « peu nombreux étaient ceux qui avaient entendu l’appel du peuple et de l’Église serbes », alors que quantité d’églises avaient été détruites, dont certaines recensées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Selon l’évêque Antoine, les Serbes se souviennent du moment où le chef du gouvernement russe, E. Primakov, fit faire demi-tout à son avion au-dessus de l’Atlantique, et, plus particulièrement, de la visite du patriarche Alexis II à Belgrade, « à l’époque des plus terribles bombardements, qui détruisaient les maisons et privaient les gens de l’essentiel, voire de la vie, alors qu’on n’attendait plus l’aide de personne ». Le primat de l’Église orthodoxe russe, a rappelé l’évêque serbe, s’est rendu à Belgrade de sa propre initiative, et personne ne pouvait garantir sa sécurité. « Nous nous souvenons de l’arrivée du patriarche ; des centaines de milliers de personnes ont assité  la prière commune ; nous nous souvenons de son discours, ses paroles sont restées gravées dans le cœur de chaque Serbe. Cela ne s’oublie pas ».

L’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du DREE, a constaté que l’ouvrage était « une digne offrande à la triste date du 20e anniversaire de ces tragiques évènements : les bombardements barbares de la Yougoslavie, le début de la restructuration de l’Europe, le début d’une nouvelle époque d’iniquité éhontée dans les relations internationales. »

L’affliction partagée a rapproché les primats des Églises orthodoxes russe et serbe, a constaté l’archiprêtre Nicolas Balachov, soulignant que le patriarche Alexis II voyait dans le patriarche Paul de Serbie un homme de Dieu.

« Notre Église a dit toute la vérité partout où elle pouvait la direь sur ce qui arrivait à notre Église sœur de Serbie et à une nation qui nous est proche » a dit l’archiprêtre Nicolas. Dans ces circonstances, la visite de Sa Sainteté le patriarche Alexis de Moscou et de toute la Russie à Belgrade, le 20 avril 1999, a revêtu une importance exceptionnelle. Ce fut « un geste prophétique », exprimant le rapport de l’Église russe à la tragédie yougoslave.

L’archiprêtre Nicolas Balachov a fait part de ses souvenirs sur l’activité internationale de l’Église orthodoxe russe au moment de la crise au Kosovo. « Autant que possible, nous nous sommes efforcés d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la catastrophe kosovare, de contribuer à ce que soit dépassés les représentations unilatérales sur les évènements dans les Balkans, a-t-il constaté. Nous l’avons fait malgré l’opinion dominant dans les médias internationaux et les cercles politiques, qui avaient tendance à accuser nos frères serbes de tout. Il nous a parfois été difficile de nous exprimer, mais notre Église a courageusement et dignement fait entendre sa voix pour défendre les droits de la Serbie et de l’Église orthodoxe serbe à cette terre, qui est sa patrie, le berceau de sa tradition spirituelle multiséculaire. »

Le vice-président du DREE a aussi constaté l’influence de ces évènements sur la conscience russe. « Ce sont les bombardements de l’OTAN en Yougoslavie qui ont forcé un grand nombre de nos compatriotes, qui avaient été baptisés, mais l’avaient oublié, à se souvenir de leur appartenance à l’Église orthodoxe. Ce sentiment d’identité orthodoxe et de solidarité orthodoxe a été affermi de la compassion ressentie pour nos frères frappés par les bombarbements. »

Comme l’a constaté l’archiprêtre Nicolas Balachov, cette époque a aussi permis à l’Église russe d’acquérir une certaine expérience d’activité internationale. « Ici, le patriarche Cyrille, alors métropolite de Smolensk et de Kaliningrad et président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a joué un grand rôle. Son dialogue avec de nombreux hommes politiques russes a eu une certaine expérience, il a permis d’élaborer et de transformer la position de la Russie dans la question yougoslave » a-t-il rappelé.

« Nous sommes toujours ensemble. Nos relations sont fondées sur la communauté de foi. C’était le cas dans le passé, c’est toujours le cas aujourd’hui. Dieu fasse qu’il en aille toujours ainsi » a souligné l’archiprêtre Nicolas Balachov terminant son discours.

L’auteur, A. Khochev, a parlé du contenu de son ouvrage et cité des exemples de soutien de l’Église orthodoxe russe à l’Église orthodoxe serbe dans la question kosovare, en 1999-2009, ainsi qu’à la période contemporaine.

A la demande de S. Terzič, l’ancien ambassadeur de la Fédération de Russie en République de Serbie, A. Konouzine, s’est aussi exprimé devant l’assemblée.