Le 14 juillet 2019, des enfants syriens soignés à Moscou ont assisté à la liturgie célébrée à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou. Le jeune Bachar Kanaan, 7 ans, et Sidra Zadour, âgée de 13 ans, sont arrivés en Russie le 30 juin pour y recevoir une prothèse et pour suivre des séances de kinésithérapie dans le cadre du projet « Il n’y a pas d’enfants étrangers ».

Ce projet a pour objet d’aider les enfants, notamment les enfants victimes des conflits armés au Proche-Orient.

Il y a un an, Bachar jouait avec ses frères dans la banlieue de Damas, quand une mine a explosé auprès d’eux. Il est le seul enfant de la famille à avoir survécu à l’explosion, au cours de laquelle il a perdu ses deux jambes. Sidra a perdu ses jambes pendant une explosion à Alep, il y a trois ans. Les militaires russes avaient alors transporté la fillette en urgence à Moscou, où des prothèses lui avaient été implantées. Elles sont trop petites, et Sidra est venue à Moscou pour changer de prothèse.

Après la Divine liturgie, les enfants ont rencontré le métropolite Hilarion de Volokolamsk. Mgr Hilarion a promis aux jeunes Syriens de les aider dans leur réhabilitation. Même après leur retour dans leur pays, les médecins russes continueront à suivre l’état de leur santé.

« Je veux que vous soyez des jeunes gens forts, en bonne santé, pour que vous puissiez servir votre pays. Nous vous aiderons » a dit l’archipasteur à Sidra et à Bachar.

Des représentants des fondations caritatives « Poznanié » (Connaissance) et « Ligne de vie », qui organisent le financement des soins aux enfants et de leurs séjours en Russie au Centre de psychoneurologie scientifique et pratique, assistaient à la rencontre. Le programme est en cours d’élargissement : les représentants de la fondation RUSSAR, qui ont aidé Sidra il y a trois ans, ont participé à la rencontre pour coordonner les actions des différentes fondations afin d’aider d’autres enfants victimes de la guerre.

Le coordinateur du projet, médecin russe d’origine syrienne, Djihad Haddad, a parlé des soins prodigués à Bachar et à Sidra. Des prothèses ont été implantées aux enfants, ils vont suivre des séances de réhabilitation. Selon le médecin, les résultats sont bons : Bachar a fait ses premiers pas sur ses prothèses, Sidra marche normalement après sa seconde implantation.

Ils devront cependant fournir un long travail d’adaptation, mais le métropolite Hilarion a promis aux enfants qu’ils pourraient bientôt marcher comme tout le monde. Il leur a parlé de l’aviateur soviétique Maressiev, qui, après avoir été amputé des deux jambes, est remonté en avion et a continué à voler, même avec les prothèses élémentaires de l’époque. Mgr Hilarion a conseillé aux enfants de lire « Le Récit d’un homme authentique », un livre basé sur la biographie de l’aviateur, qui se mit au service de son peuple malgré les difficultés.

A la fin de la rencontre, le hiérarque a remis aux enfants des cadeaux, ainsi que de nouvelles béquilles, qui les aideront durant leur réhabilitation, ainsi que des chaussures de sport. Lors d’une interview à la chaîne de télévision « Rossia », le métropolite Hilarion a souligné que les organisateurs de ce programme considérait ces enfants comme les leurs, et étaient prêts à prendre soin d’eux indépendamment de la nationalité et de la confession religieuse de leurs jeunes patients.

« Nous ne faisons pas de différences entre eux, ce sont les enfants de Dieu » a dit le hiérarque.

Les jeunes Syriens ont également échangé avec plaisir avec les journalistes, et fait part de leurs impressions, de leurs espérances et de leurs projets. Le « voyou » Bachar et la « belle » Sidra, comme les appelent leurs médecins russes, ont évoqué avec beaucoup de reconnaissance l’hôpital, les soins reçus et les beautés de la Russie. Mais les enfants ont ainsi exprimé que leur pays leur manquait et qu’ils étaient prêts à rentrer chez eux pour retourner à l’école et faire du vélo.

La réhabilitation durera trois semaines ; le 21 juillet, les enfants repartiront pour la Syrie.

Avant Sidra et Bachar, quatre autres enfants ont bénéficié de ce programme en Russie : Arva Al Mohammad (1 an), Lana Hassan (7 ans), Mahmoud Alhassan (15 ans) et Ahmad Amori (14 ans) qui est reparti fin juin après avoir été soigné au Centre de neuropsychologie pédiatrique scientifique et pratique. Tous ont été privés de leurs membres à cause des opérations militaires au Proche-Orient.

Le projet « Il n’y a pas d’enfants étrangers » est une initiative du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, mise en œuvre depuis 2018 avec la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. Grâce aux efforts des fondations « Poznanié » et « Ligne de vie », des enfants indiqués par l’Église orthodoxe d’Antioche reviennent peu à peu à une vie normale. Rappelons que la Syrie souffre non seulement des attaques des rebelles, mais des sanctions économiques, qui ne permettent pas de sauver ces enfants. Prochainement, les critères de sélection des patients seront élargis, et des enfants souffrant de maladies congénitales pourront être soignés. Parmi eux, déjà des dizaines de jeunes Syriens. En septembre 2019, il est prévu de faire venir à Moscou la jeune Rita Aldjoudi, affectée d’une déficience congénitale du développement de la main.