Le 29 juin 2019, avec la bénédiction du métropolite Barnabé de Néapoli et de Stavroupolis, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Saint-Séraphin-de-Sarov, fréquentée par les membres de la communauté russophone de Salonique (Grèce). Mgr Hilarion concélébrait avec l’archiprêtre Lev Efremidis, recteur de la paroisse, l’archiprêtre Igor Iakimtchouk, secrétaire du DREE en charge des relations interorthodoxes, le hiéromoine Grégoire (Sokolov), collaborateur de ce Secrétariat, et le prêtre Georges Emidis.

Le consul général de la Fédération de Russie à Salonique, A. Chtcherbakov, assistait à l’office.

A la fin de la liturgie, le métropolite Hilarion a prononcé une homélie, souhaitant à l’assistance une bonne fête.

« Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, toute la Grèce fête les saints apôtres Pierre et Paul, que l’Église met particulièrement en exergue et qu’elle a glorifié comme les colonnes de la foi et de la piété. Nous avons entendu aujourd’hui la lecture de l’épître de saint Paul aux Corinthiens sur les bienfaits de Dieu dont a été trouvé digne ce grand apôtre, et sur les épreuves qu’il endura. Dans la lecture de l’Évangile, nous avons entendu Pierre confesser Jésus, Fils de Dieu, au nom de la communauté des apôtres, et le Seigneur lui répondre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, Je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » (Mt 16,18).

Ce n’est pas un hasard, si nous fêrons les saints apôtres Pierre et Paul après le carême des apôtres, qui suit la fête de la Pentecôte. La fête de la Pentecôte est le jour où le Saint Esprit descendit sur les apôtres, où ils reçurent de Dieu  le don de la prédication, où ils commencèrent à prêcher non seulement parmi les Juifs, mais parmi les païens. Du vivant même de Jésus Christ, Pierre était à la tête de la communauté des douze apôtres. Par la suite, lorsqu’un apôtre eut trahi le Sauveur et se fut suicidé, la première chose que fit la communauté apostolique fut d’élire un autre apôtre pour le remplacer. C’est Pierre qui dirigea l’élection, Pierre qui proposa de conserver leur nombre à douze, parce qu’il se souvenait que le Seigneur Jésus Christ leur avait dit : « Quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de Sa gloire, vous qui M’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël » (Mt 19,28).

Mais il plut au Seigneur d’introduire au cercle des apôtres un autre homme. Un homme qui fut le persécuteur de l’Église et qui, à la différence des autres apôtres, était instruit, avait des lettres, connaissait la Loi de Moïse ; il était capable de donner une formulation à la théologie chrétienne, nécessaire pour parler aux hommes de Jésus crucifié et ressuscité. Cet homme, c’était Paul. Le Seigneur Jésus Christ lui apparut miraculeusement lors qu’il cheminait vers Damas. Et Paul, converti au Christ, devint un prédicateur de la foi chrétienne si zélé qu’il surpassa en prouesses et en ardeur les autres apôtres. C’est pourquoi l’Église non seulement l’a introduit au cercle des douze apôtres, mais a fait de lui l’égal du premier des apôtres, Pierre.

Le Livre des Actes relate les voyages entrepris par l’apôtre Paul. De nombreuses éditions du Nouveau Testament contiennent une carte des voyages missionnaires de cet apôtre. Les étudier permet d’évaluer les distances parcourues par saint Paul, de se rendre compte qu’il s’agit de milliers de kilomètres. Même aujourd’hui, il nous faut deux ou trois heures pour parcourir ces distances en avion, plusieurs heures, voire plusieurs jours pour les parcourir par moyens de transport terrestre. Saint Paul allait à pied, et il n’avait pas de chaussures de sport confortables, comme ceux qui, pour se garder en bonne santé, « collectionnent les kilomètres ». Ce n’était pas pour raison de santé que saint Paul faisait ces milliers de kilomètres sur des routes poussiéreuses dans de simples chaussures légères, mais pour parler aux gens du Christ crucifié et ressuscité, leur dire que le Sauveur n’était pas un homme ordinaire, qu’Il était Dieu incarné, Dieu venu sauver les hommes.

L’apôtre Paul a parcouru toute la Turquie actuelle et toute la Grèce contemporaine. Avec la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, j’ai refait la semaine dernière, avec mes compagnons, une petite partie du chemin que parcourut plus d’une fois saint Paul. Pas à pied, mais par les moyens de transport accessibles aujourd’hui. De Corinthe à Athènes, d’Athènes à Véria, de Véria à Salonique, de Salonique à Kavala et à la Philippes antique, ce n’est qu’une partie des itinéraires du saint apôtre qu’il parcourut au moins deux fois.

Nous glorifions les saints coryphées des apôtres pour leurs éclatantes prouesses. Nous glorifions saint Pierre, roc de la foi, homme qui fut fidèle au Seigneur Jésus Christ du tout début à la fin. Certes, il renia le Seigneur aux jours d’épreuves, mais il racheta son reniement par toute la suite de sa vie.

Dans l’apôtre Paul, nous glorifions l’homme qui posa les fondements de la théologie chrétienne. Nous lisons ses épîtres dans le Nouveau Testament. Elles ne sont pas très faciles à comprendre, et l’apôtre Pierre disait déjà qu’il y avait dans ces lettres des choses difficilement accessibles à l’entendement, que certains altèrent pour leur propre perte. Mais, de nos jours, en dehors de ces épîtres, nous disposons de nombreux commentaires qui facilitent la compréhension de la pensée de saint Paul.

Saint Théophane le Reclus fait partie de ceux qui écrivirent des commentaires de saint Paul. Nous célébrons aujourd’hui sa mémoire selon l’ancien style. Saint Théophane, à son époque, étudia consciencieusement l’Écriture Sainte. Il ne se contenta pas de lire, il commenta toutes les lettres de saint Paul sans exception. Pour comprendre ce que voulait dire l’apôtre, on peut se référer à ces magnifiques commentaires, qui découvrent le sens des paroles apostoliques.

Recourrons donc au patrimoine des saints apôtres et demandons-leur de nous donner l’entendement nécessaire à la compréhension de leurs écrits, pour connaître qui était Jésus Christ, pourquoi Il vint au monde, et, surtout, pourquoi nous avons besoin de Lui. Les deux coryphées des apôtres, comme les autres apôtres et les saints pères et docteurs de l’Église, enseignent que le Seigneur Jésus Christ est Dieu incarné, Dieu fait homme, venu pour vivre avec nous et en nous. En venant à l’église assister à la Divine liturgie, en communiant aux Saints Mystères du Christ, nous recevons invisiblement le Seigneur Jésus Christ Lui-même en notre corps ; Son Sang devient notre sang, Son Corps fait partie de notre corps. Le Seigneur nous illumine de l’intérieur par Sa grâce, nous aide à avancer dans la vie, à porter la croix qu’Il nous a confiée, et à supporter sans broncher les souffrances et les épreuves qui nous arrivent. »

Ayant souhaité à l’assistance de grandir et de tenir fermement dans la foi, le métropolite Hilarion a écouté les remerciements de l’archiprêtre Lev Efremidis. « Nous sommes toujours heureux d’accueillir des hôtes de l’ex-URSS. Ils sont un lien avec la patrie que nous avons quittée il y a des années et qui occupe toujours une grande place dans nos cœurs. En ces jours où les rapports entre les Églises se sont complexifiés, votre prière avec nous, dans cette église, est un signe d’espérance… Nous vous remercions, faites mémoire de nous dans vos saintes prières » a conclu le père Lev.