Le 14 avril 2019, pendant l’office dominical, les partisans de « l’EOd’U » ont provoqué une bagare et se sont emparés par la force de l’église Saints-Côme-et-Damien, au village de Rozjvakh, district d’Ostrog, région de Rovno, informe le Département d’informations de l’EOU.

« Ils ont tirés les gens par les bras, par les cheveux, ont déchiré leurs habits, des enfants sont tombés, ils leur marchaient dessus, a raconté Valentina, une paroissienne. Leur « père », Loukachik, a arraché la serrure d’une maisonnette située sur le territoire de l’église, y a fait installer une autre serrure, et a menacé les gens autour en brandissant un pied-de-biche. Les gens disent que soit c’est la police qui a récupéré ensuite le pied-de-biche, soit qu’il l’a rendu. »

Le service dominical, qui rassemblait une centaine de paroissiens de l’Église orthodoxe ukrainienne, avait commencé à 8 heures. A 9 heures, en plein milieu de l’office, les partisans de « l’EOd’U » se sont rués dans l’église.

« On est parvenu à calmer leur première provocation. La police est venue aider, les policiers ont évacué les provocateurs, et l’office a continué. Mais ils ne se sont pas calmés, et lorsqu’ils se sont jetés une seconde fois à l’assaut, ils se sont mis à frapper les gens… Cette fois, la police a décidé de ne pas s’en mêler, et s’est contenté d’observer comment on frappait nos paroissiens » a raconté Valentina.

Selon la paroissienne, on pouvait dénombrer environ 120 membres de « l’EOd’U ». La plupart était venue de loin ; il y avait des gens d’ici, de ceux qui ne viennent jamais à l’église ou qui la fréquentent une ou deux fois l’an. Néanmoins, ils ont cherché à prouver qu’ils avaient des droits sur l’église, montrant des documents confirmant qu’une communauté de « l’EOd’U » y était enregistrée. »

« Mais de quels droient parlent-ils si nous, paroissiens de cette église, qui la fréquentons en permanence, n’avons pas pris de décisions et nous étions aujourd’hui rassemblés pour le service, comme d’habitude. Nous étions presque aussi nombreux qu’eux, mais ils avaient avec eux des gens d’ailleurs, même d’Ostrog, et nous, les vrais paroissiens, nous sommes retrouvés sans défense devant ces bandits » a rapporté la paroissienne.

Peu après, lorsque les fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne du secteur ont appris ce qui se passait à Rozjvakh, ils sont venus à l’aide, mais on ne les a pas laissés entrer sur le territoire de l’église, le portail était fermé à clé. Les paroissiens se sont retrouvés bloqués dans l’église avec une foule agressive de partisans de « l’EOd’U ».

Suivant les témoins, une femme avait filmé toute la scène depuis le début, mais on lui a pris son portable et tous les fichiers ont été supprimés.

Ayant brisé les verrous et battu les paroissiens, les partisans de la nouvelle « EOd’U », rapportent les témoins, se sont applaudis eux-mêmes, après quoi ils ont fait l’inventaire de biens qui ne leur appartiennent pas.

C’est loin d’être le premier cas d’usurpartion d’églises appartenant à l’Église orthodoxe ukrainienne dans la région de Rovno. Le 10 avril 2019, les partisans de « l’EOd’U » ont tenté de s’emparer de l’église Saint-Jean-le-Théologien, à Kopytov. Les fidèles sont parvenus à défendre leur église, mais, après une longue confrontation, ils ont dû accepter de faire poser des scellés sur leur église, jusqu’à ce que le tribunal ait tranché.

Le 13 avril, vers 13 heures, des activistes de « l’EOd’U » ont provoqué une nouvelle fois les fidèles de l’église Saint-Jean-le-Théologien de Kopytov. Avec la participation des représentants de l’ordre, ils ont attaqué les fidèles de l’Église orthodoxe ukrainienne qui priaient devant l’église.

En dépit de l’accord passé avec les fonctionnaires de l’état et les forces du maintien de l’ordre, les activistes se sont introduits dans l’église, dont ils se considèrent comme les propriétaires.

« Nos fidèles s’étaient rassemblés près de l’église pour le service divin, ensuite ils ont célébré un office de requiem et se sont mis à lire un acathiste, a raconté Irina Balk, paroissienne. Tout à coup, nos opposants ont afflué de toutes parts, il y avait beaucoup de gens de villages voisins, la police. Nous nous sommes mis devant l’entrée de l’église, les activistes de « l’EOd’U » nous ont frappés, repoussés. Pendant quelques minutes la police n’a rien fait, ensuite les policiers ont précipité nos paroissiens du haut de l’escalier et poussé le prêtre hors de l’enceinte de l’église, où les activistes se sont jetés sur lui, lui ont donné des coups de pied dans le dos, l’ont poussés toujours plus loin, comme s’ils voulaient le chasser du village. »

Ensuite, les partisans de la nouvelle structure religieuse ont ouvert le verrou qu’ils avaient eux-mêmes installé quelques jour plus tôt, et sont entrés dans l’église.

Les habitants du village ont raconté que le processus de saisie de l’église était orchestré par les fonctionnaires, et pas seulement par des fonctionnaires locaux.

« Ils avaient tout planifié, ils ont semé la discorde dans le village. Le député du district est venu avec des documents qu’il a présentés à la police, démontrant que nous n’existions pas et que les représentants de l’EOU étaient les seuls propriétaires de l’église, a raconté Irina. Lorsque l’attaque a commencé, je me suis mis à pleurer, j’ai supplié les policiers et nos concitoyens. »

L’archiprêtre Victor Zemlenoï, directeur du Département pour le règlement des conflits interreligieux au diocèse de Rovno de l’Église orthodoxe russe, estime que le conflit à Kopytov, d’où est originaire l’évêque Pimène, vicaire du diocèse de Rovno, est organisé par le pouvoir et artificiel.

« Des représentants des Services de sécurité ukrainiens étaient présents pendant l’attaque, nos fidèles leur ont demandé de se présenter, mais ces personnes ne se sont pas nommées, ils n’ont indiqué que leurs fonctions, a commenté le père Victor. Selon les témoins, ce sont ces deux personnes qui ont donné des ordres aux policiers. »

Les habitants ont aussi témoigné que pendant l’attaque, beaucoup de fidèles ont subi des dommages non seulement psychologiques, mais aussi physiques : une femme, paroissienne de l’Église orthodoxe ukrainienne, a été hospitalisée, une ambulance a été appelée pour le prêtre.

Le 2 avril, vers 8 heures du matin, au village de Kourozvany, district de Gochtchan, les activistes de l’EOd’U se sont introduits dans la maison paroissiale qui sert, depuis plus d’un mois, de chapelle aux paroissiens de l’église de la Protection, et ils ont sorti l’autel et les Saints Dons dans la cour.

Les malfaiteurs ont eux-mêmes informé par téléphone les paroissiens de l’Église orthodoxe ukrainienne de ce qu’ils avaient cassé la porte de la maison du prêtre.

Le recteur de l’église, l’archiprêtre Vladimir Koval, avait quitté le village avec sa famille la veille de l’évènement. Le prêtre avait été forcé de laisser la maison dans laquelle il avait vécu plus de 20 ans, pour que les paroissiens aient un lieu où célébrer.

« Ce qui s’est passé à Kourozvany ne peut être qualifié que de diabolique, c’est une profanation, je ne peux pas appeler ça autrement, a commenté l’archiprêtre Mikhaïl Petrov, chef du doyenné de Gochtchan. Nous sommes parvenus à conserver la communauté. Ce dimanche, plus de cent personnes sont venues prier à la chapelle provistoire, mais je ne sais pas ce qu’elles vont devenir, à qui doivent-elles s’adresser pour obtenir justice. La communauté religieuse de l’Église orthodoxe ukrainienne a droit de propriété sur la maison paroissiale, mais personne ne tient plus compte ni des documents, ni des gens, ni des lois ».

A l’heure actuelle, la situation reste instable. La police, venue sur les liens, ne fait rien, ce sont les adeptes de « l’EOd’U » qui déterminent les « règles du jeu ».

Les activistes se sont emparé de l’église de la Protection de Kourozvany le 1er mars 2019 : sous prétexte d’inventaire, les partisans de « l’EOd’U » ont brisé les serrures. Les policiers présents sur place n’ont rien entrepris pour arrêter les fauteurs de troubles. Des fonctionnaires du district de Gochtchan sont entrés dans l’église, où ils sont restés un quart d’heure, soit disant pour inventaire. Après quoi, les activistes se sont dirigés vers la maison du recteur, exigeant son expulsion immédiate.