Le métropolite Hilarion : La longanimité de Dieu s’étend à tous les hommes
Le 11 avril 2019, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Liturgie des Présanctifiés à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
L’archipasteur concélébrait avec l’hiéromoine Jean (Kopeïkine), vice-recteur de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, en charge du développement.
Après la litanie instante, Mgr Hilarion a récité la prière pour la paix en Ukraine.
Ensuite, le métropolite a prononcé une homélie :
« Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit !
Tout au long du Grand Carême, les mercredis et les vendredis, ainsi que certains jours où l’on célèbre la mémoire des saints, les fidèles se rassemblent à l’église pour la célébration de la Liturgie des Présanctifiés, précédée des vêpres. On y lit chaque fois des passages de l’Ancien Testament.
La première lecture est toujours tirée du livre de la Genèse. Aujourd’hui, nous avons lu le récit de la prière d’Abraham au Seigneur, qui était en colère contre Sodome et s’apprêtait à rayer cette ville de la face de la terre, avec tous ses habitants. Abraham intercède pour la ville, il semble marchander avec Dieu : « Peut-être y a-t-il cinquante justes au milieu de la ville: les feras-tu périr aussi, et ne pardonneras-tu pas à la ville à cause des cinquante justes qui sont au milieu d’elle? » (Gen 18,24). Le Seigneur répond : « Si je trouve dans Sodome cinquante justes au milieu de la ville, je pardonnerai à toute la ville, à cause d’eux » (Gn 18,26). Alors Abraham abaisse le chiffre des justes : « Et pour quarante-cinq ? » à quoi le Seigneur répond encore : « Je pardonnerai ». « Et pour quarante, trente, vingt ? » Peu à peu, Abraham abaisse le nombre de justes à dix. Dieu, agréant à la demande d’Abraham, promet de faire grâce s’il se trouve dix justes dans la ville.
La suite du récit est bien connue : on ne trouva pas même dix justes dans la ville, et Sodome fut brûlée. Aujourd’hui, la mer Morte est située à l’emplacement de Sodome, et l’on n’y trouve rien de vivant, car cette mer est très salée et contient du soufre.
Ce récit biblique parle de la longanimité de Dieu. A cause d’un petit nombre de justes, le Seigneur est prêt à pardonner à de nombreux pécheurs, parce que tous les hommes vivent dans le même monde et sur la même terre. Les justes et les pécheurs sont semés comme le grain et l’ivraie, dont les racines sont si emmêlées, qu’il est impossible d’arracher l’un, sans endommager l’autre. Comme le Seigneur laisse l’ivraie pousser avec le blé jusqu’au moment de la moisson, de la même façon, les pécheurs vivent parmi les justes sur cette terre.
Il est parfois difficile,d’ailleurs, de démêler qui sont les justes et qui sont les pécheurs, car le péché et la vertu s’accommodent l’un de l’autre dans un même homme. Mais la longanimité divine s’étend à tous les hommes. A la question souvent posée : « Pourquoi le Seigneur supporte-t-il telle personne, tels pécheurs, pourquoi ne les châtie-t-il pas ? », la réponse est toujours la même : parce que le Seigneur est longanime et miséricordieux.
Le Seigneur est, avant tout, longanime envers nous, car chacun de nous commet des péchés et a des défauts. Si Dieu se conduisait avec nous comme nous nous conduisons parfois envers nos proches, s’Il s’impatientait, nous aurions depuis longtemps subi le sort de Sodome. Mais le Seigneur donne à chacun une nouvelle chance de devenir bon, de se corriger, de s’approcher de Lui par la pénitence. Plus particulièrement durant le Grand Carême, Il nous laisse la possibilité d’avoir part à Sa justice, à Sa sainteté, à Sa divinité par la communion aux Saints Mystères du Christ, par la lecture des Saintes Écritures, par l’abstinence corporelle et par l’ascèse propre au temps du Carême, par lequel nous conduit la sainte Église.
Prions le Seigneur de révéler à chacun de nous Sa longanimité et Sa miséricorde. Mais n’allons pas non plus éprouver Sa patience et s’imaginer qu’Il nous pardonnera indéfiniment, sans jamais châtier. Qui est négligent envers sa propre vie, oublie que Dieu le regarde et regarde ses actes, subira tôt ou tard un châtiment, si ce n’est dans ce monde, ce sera dans l’autre. Le Seigneur, qui aurait fait grâce à Sodome pour dix justes, épargnera aussi notre monde pour une petite quantité de justes, mais cela ne veut pas dire que les gens doivent insouciamment éprouver Sa patience.
Demandons au Seigneur de nous accorder Sa miséricorde. Remercions Dieu de Sa longanimité. En ces jours du Grand Carême, préparons-nous à la Semaine sainte et à la fête de la Résurrection du Christ pour revivre avec le Seigneur Ses derniers jours, Ses dernières heures, Ses derniers instants, pour participer à Ses souffrances, à Sa mort et à Son inhumation, avant d’être participants de Sa résurrection. Amen. »