Le métropolite Hilarion : Par la vie de l’Église, nous avons part au mystère du salut qui a été révélé à la Mère de Dieu
Le 7 avril 2019, 4e dimanche de Carême et fête de l’Annonciation, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
La veille, le président du DREE avait célébré les vigiles nocturnes.
Pendant la liturgie, le métropolite a prié pour l’unité de l’Église orthodoxe, pour que l’Église soit préservée des divisions et des schismes et pour la paix en Ukraine.
A la fin de l’office, Mgr Hilarion a souhaité une bonne fête à l’assistance et prononcé l’homélie suivante :
« La fête de l’Annonciation tombe généralement pendant le Grand Carême, et elle coïncide cette année avec le 4e dimanche du Carême, jour où nous célébrons la mémoire de saint Jean Climaque, et où nous lisons le passage de l’Évangile selon saint Marc sur la guérison de l’adolescent possédé.
On y voit le père du garçon s’approcher de Jésus et lui demander de guérir l’enfant, lui disant : « Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous » (Mc 9,22). Le Seigneur lui répond : « Si tu peux ! Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9,23). Ainsi, le Sauveur montre que le miracle qu’attendait et qu’espérait le père de l’adolescent ne devait pas seulement s’opérer par la force de Dieu, mais aussi par sa foi. Le miracle est toujours la conséquence d’une action divine, mais il faut très souvent le coopération de l’homme pour qu’il ait lieu.
C’est pourquoi le Seigneur invite à prier pour les malades. Lorsque quelqu’un traverse des circonstances difficiles, l’Église attend qu’on prie pour lui. Non parce que Dieu ne sait pas comment opérer le miracle, mais parce qu’Il désire que nous soyons co-participants de ce miracle. Chaque fois qu’un miracle a lieu, il est la conséquence de la puissance divine, et celle de la foi humaine. Bien plus, la foi est nécessaire pour pour que nous ayons conscience qu’un miracle a eu lieu. Il arrive, en effet, que des miracles se produisent au vu et au su de tous, mais les yeux de l’âme sont fermés, et, si l’œil intérieur est obscurci, même en ayant été témoins d’un évènement merveilleux, on ne peut voir le miracle, ni croire en la toute-puissance de Dieu.
Le père de l’enfant répond au Sauveur : « Je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! » (Mc 9,24). C’est un cri de l’âme, un appel du plus profond du cœur, prononcé, écrit l’évangéliste, par le père en larmes. L’espérance en la miséricorde divine vivait dans son cœur, il avait la foi, mais il sentait que sa foi n’était pas suffisante pour qu’un miracle ait lieu. Nous savons, en effet, qu’il était venu vers les disciples du Sauveur, et que ceux-ci n’avaient pu guérir le jeune homme.
En réponse à ce cri du cœur, le Seigneur opère un miracle, et l’adolescent est guérit de son mal : il tombe comme mort, si bien que tous pensent d’abord qu’il est mort, mais le Seigneur le prend par la main, et le garçon se relève. La guérison, comme on voit, ne s’opère pas en un instant : l’intéressé passe d’abord par une forme de mort, puis se relève. La même chose est, sans doute, arrivée au père de l’enfant : quelque chose devait mourir en lui pour que quelque chose de nouveau se levât. Cette chose nouvelle était la foi, mais non pas la foi qui l’avait amené d’abord aux disciples, puis au Sauveur, une foi hésitante, vacillante, une moitié de foi, mais une foi renforcée par le miracle, qui les aidera désormais, lui et son fils, à avancer vers le salut, vers le Royaume des Cieux.
C’est ce que l’Église nous rappelle en ces jours du Grand Carême, afin que nous soyons renforcés dans notre foi, dans l’espérance en la miséricorde de Dieu. L’Église rappelle aussi que la prière et le jeûne sont les deux ailes qui élèvent l’homme à Dieu. Lorsque les disciples demandèrent au Seigneur : « Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser » (Mc 9,28), le Seigneur répondit : « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et le jeûne » (Mc 9,29). Ils avaient prié avec le Sauveur. Peut-être avaient-ils même observé le jeûne. Mais la force leur manqua pour opérer le miracle. Le Seigneur accomplit le miracle et leur rappela que la prière et le jeûne sont essentiels dans la vie spirituelle.
Quant à nous, qui avançons sur la voie de la pénitence en ce Grand Carême, cette lecture d’Évanguile nous rappelle que le Seigneur nous appelle à prier et à jeûner. Il nous appelle à ces deux efforts pour nous découvrir les mystères du Royaume de Dieu, pour ouvrir notre regard spirituel, pour que nous puissons reconnaître les miracles qui s’opèrent autour de nous comme venant de Dieu et lui en rendre grâce.
Nous célébrons aujourd’hui la Mère de Dieu, à laquelle apparut l’Ange pour lui annoncer la naissance du Seigneur et Sauveur. Cette fête est célébrée durant le Grand Carême, mais sans lui être liée, elle dépend de la fête de la Nativité : l’Annonciation est fêtée 9 mois avant le jour où l’on fête la Nativité de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. C’est pourquoi la célébration de l’Annonciation de la Très-Sainte Mère de Dieu tombe toujours au printemps, et presque toujours pendant le Grand Carême.
L’Annonciation nous prépare à la Nativité, qui est encore loin. Nous revivons aujourd’hui l’évènement par lequel commença l’économie de notre salut. Le mot « économie » du salut est employé par les saints Pères pour désigner le dessein de Dieu pour le salut de l’humanité et de chaque homme. Le tropaire de l’Annonciation de la Mère de Dieu proclame ainsi : « Aujourd’hui c’est l’aurore de notre salut… », c’est-à-dire que notre salut commença lorsque l’Ange apparut à la Mère de Dieu et lui annonça qu’Elle mettrait au monde Son divin Fils.
Nous, membres de l’Église, sommes les héritiers de toutes les promesses que le Seigneur fit aux prophètes et aux justes de l’Ancien Testament. Nous avons part au mystère du salut, qui a été révélé à la Mère de Dieu lorsque l’Ange lui apparut. Nous devenons participants de ce mystère par toute la vie de l’Église, par ses fêtes sacrées que nous revivons tout au long de l’année, par l’écoute de la parole du Seigneur et Sauveur, par le récit évangélique de Ses miracles, par la prière et par le jeûne, que le Seigneur nous a commandé d’observer, afin d’approcher du Royaume des Cieux.
Sur cette voie, le Seigneur Lui-même est notre guide, tandis que la Mère de Dieu est notre médiatrice. Demandons-lui de nous aider à traverser le temps restant du Carême dans le jeûne et dans la prière, nous préparant à la fête de la Résurrection du Christ, mais sans nous relâcher lorsque la fête aura eu lieu, continuant à marcher sur la voie du salut qui nous conduit par les nombreuses fêtes de l’année et, finalement, nous mènera au Royaume des Cieux si nous suivons ce chemin comme l’a commandé le Seigneur. Amen. »