Le 24 mars 2019, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie de saint Basile à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

L’archipasteur concélébrait avec le métropolite Niphon de Philippopolis, représentant du patriarche d’Antioche la Grande et de tout l’Orient auprès du patriarche de Moscou et de toute la Russie, l’évêque Dimitri de Safita (Église orthodoxe d’Antioche), l’évêque Damien (Tsetkovič, Église orthodoxe serbe), l’archiprêtre Kirill Sladkov, président intérimaire du Département synodal aux affaires de la jeunesse, et les clercs de la paroisse.

Après l’ecténie instante, Mgr Hilarion a lu la prière pour la paix en Ukraine.

Des représentants de l’Église catholique, l’archevêque Francesco Cacucci, l’archevêque Celestino Migliore, nonce apostolique en Fédération de Russie, et le prêtre Hyacinthe Destivelle, collaborateur du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, assistaient à l’office.

A la fin de l’office, le métropolite Hilarion a prononcé l’homélie suivante :

« Éminence, Excellence, chers pères, chers frères et sœurs !

En ce dimanche, je salue tout d’abord nos hôtes de l’Église orthodoxe d’Antioche, Son Éminence le métropolite Niphon de Philippopolis, représentant de l’Église orthodoxe d’Antioche auprès du siège patriarcal moscovite, et Son Excellence Dimitri, évêque de Safita, venu au nom du patriarche d’Antioche et de tout l’Orient participer à une conférence interreligieuse, et effectuer un pèlerinage aux sanctuaires de l’Église orthodoxe russe.

Je salue aussi l’archevêque de Bari-Bitonto, Francesco Cacucci. C’est grâce à lui que les reliques de saint Nicolas le Thaumaturge ont pu être amenées à Moscou, puis à Saint-Pétersbourg. Si l’archevêque de Bari n’avait pas donné son accord, cet évènement n’aurait pas eu lieu, même le pape n’y aurait rien pu. Je salue cordialement l’archevêque Francesco, qui est un bon ami de notre Église, ainsi que nos autres invités de l’Église catholique romaine.

(…) Je vous souhaite à vous tous une bonne fête de saint Grégoire Palamas, dont nous célébrons la mémoire le second dimanche du Grand Carême. Pourquoi précisément à cette date ? Parce que par ce souvenir sacré, le Seigneur nous parle du Royaume des Cieux, parfois dévoilé aux saints sous la forme de la Lumière divine ineffable. Peu de Pères en ont parlé et en ont témoigné, mais, au XIe siècle, saint Syméon le Nouveau Théologien décrivit sous une forme poétique très brillante les visions de la Lumière divine, dont Dieu lui fit la grâce. On peut lire le récit de sa contemplation de la Lumière divine dans les œuvres de ce saint.

Saint Syméon n’est pas le seul à avoir fait cette expérience. D’autres moines et ascètes, au cours des siècles, notamment des moines de l’Athos, ont été trouvé dignes de voir Dieu dans Son ineffable Lumière, au moment de la prière, plus particulièrement lorsqu’ils récitaient la prière de Jésus, de même que les apôtres contemplèrent le Seigneur Jésus Christ transfiguré au Mont Thabor.

Au XIVe siècle, pour diverses raisons, cette expérience monastique fut remise en question. Les uns disaient que ce n’était qu’illusion et tromperie. D’autres affirmaient que les moines voyaient une lumière physique. Alors, saint Grégoire Palamas, qui avait fait cette expérience, expliqua dans ses écrits qu’il ne s’agissait pas d’une lumière matérielle, mais d’une lumière spirituelle, d’une énergie divine, dans laquelle Dieu Lui-même était ineffablement présent.

Pourquoi l’Église croit-elle nécessaire de nous le rappeler ? Non pas pour que nous cherchions à voir la Lumière divine, car si nous le cherchons, si nous lisons page à page les œuvres des Pères et nous demandons ensuite pourquoi ne nous voyons rien, de fait, nous ne verrons jamais rien. Car le but de la vie chrétienne n’est pas du tout de voir quelque chose. Tout ce que le Seigneur veut nous montrer, Il nous le révèle lorsque nous sommes mûrs ; si ce n’est pas dans cette vie, ce sera dans l’autre.

Le Seigneur se révèle à la mesure qu’Il le souhaite, et pour autant que nous soyons capables de supporter cette révélation. Si le Seigneur se révélait Tel qu’Il se révéla aux ascètes de l’Église antique, il nous faudrait avoir le même degré d’abnégation, le même niveau de fidélité à Dieu qu’eux. Le Seigneur nous épargne, Il nous fait miséricorde et, partant, Il ne se dévoile pas pleinement. Pour la même raison, Il ne nous montre pas toute la profondeur de nos péchés, car si nous en avions conscience, nous ne pourrions plus vivre.

Chacun sait que l’expérience de la prière, notamment de la prière de Jésus, rapproche de Dieu. Parfois, on n’entend ni ne sent rien, on prie, et le ciel semble se taire. D’autres fois, on prie, et le Seigneur se révèle. On sent alors la grâce divine, on ressent la présence de Dieu dans sa vie et dans son cœur. C’est là cette Lumière divine que les anachorètes ont contemplé d’une façon particulière. Cette lumière n’est pas de nature physique, c’est une énergie divine et la présence divine.

Nous n’avons parcouru que le tiers du Grand Carême, que quinze jours. Il nous reste encore un long chemin de pénitence à accomplir, que nous conduira à la Semaine Sainte. Mais dès aujourd’hui l’Église parle de la révélation divine qui peut arriver à chacun, si nous sommes tels que Dieu veut nous voir.

Adressons-nous aux ascètes de l’Église antique, à saint Syméon le Nouveau Théologien, à saint Grégoire Palamas, à saint Séraphin de Sarov, notre saint russe qui révéla la Lumière divine au marchand Motovilov, venu le voir. Prions-le non pas pour qu’elle nous soit révélée à tout prix, mais pour que le Seigneur nous la découvre dans la mesure que nous sommes capables de supporter.

Bonne fête à tous, que le Seigneur vous garde ! »