Le métropolite Hilarion : Le Seigneur donne le nécessaire pour éradiquer en soi le principe mauvais et développer le bon
Le 15 mars 2019, vendredi de la première semaine du Grand Carême, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la liturgie des Présanctifiés à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
Après la Liturgie, le métropolite a prononcé l’homélie suivante :
« Au nom du père, et du Fils, et du Saint-Esprit !
Durant les cinq premiers jours du Grand Carême, on lit aux vêpres les premiers chapitres du Livre de la Genèse, qui racontent comment Dieu créa le monde, les animaux, les reptiles, les poissons, les oiseaux. Ensuite, Dieu créa l’homme à Son image et à Sa ressemblance. Ayant créé Adam, Il tira de son corps une côte et façonna à Adam une femme, Eve.
Aujourd’hui, nous avons lu le récit de la chute, du serpent tentant d’abord la femme, puis l’homme. Ce récit nous rappelle les débuts du monde, les débuts de l’humanité.
Il existe beaucoup d’hypothèses sur la création du monde. Certains scientifiques disent que le monde se forma à la suite d’une explosion : quelque chose aurait explosé, les éléments se seraient dispersés, continueraient à se disperser ; puis, à la suite d’un hasard, la vie serait apparue sur la terre, après quoi l’homme serait apparu à son tour. D’autres scientifiques avancent des théories différentes. Mais même ceux qui assurent que tout commença par une explosion ne disent pas ce qui explosa, ni qui l’explosa.
Néanmoins, tous les scientifiques sont d’accord sur un point : le développement de la vie sur la terre est le résultat d’une évolution, du plus simple au plus complexe. C’est ce que dit le livre de la Genèse : Dieu créa le ciel et la terre, c’est-à-dire les éléments les plus simples de la matière. Puis Il créa les éléments les plus simples sur la terre et, allant du plus simple au plus complexe, Il créa l’être le plus parfait, l’homme. L’homme ne descend pas du poisson, ni de l’oiseau, ni du singe, ni de quelque autre animal que ce soit, il est sorti des mains de Dieu. Le Seigneur a créé l’homme tel qu’il est aujourd’hui, seulement l’homme créé par Dieu n’avait en lui ni le mal, ni le péché, qui sont entrés plus tard dans sa vie.
Le mal est apparu, comme le rapporte le récit de la Genèse lu aujourd’hui, parce que le diable, prenant la forme du serpent, tenta d’abord Eve puis, par Eve, Adam. Le malin dit aux premiers hommes, auxquels Dieu avait permis de manger les fruits de tous les arbres du paradis, sauf de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : Dieu vous a-t-il interdit de manger les fruits de tous les arbres du paradis ? A quoi Eve répondit : non, pas de tous les arbres, mais seulement d’un seul. Alors le serpent dit : Il vous l’a interdit parce qu’Il savait que si vous en goûtiez, vous seriez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. Eve goûta du fruit défendu, qu’elle donna ensuite à Adam.
Ce récit raconte l’entrée du mal dans la vie de l’homme. Dieu, disent les Pères de l’Église, n’est pas le créateur du mal. Ce que le Seigneur a fait est absolument bon. Dans le livre de la Genèse, chacun des six jours de la création s’achève sur ces mots : « Et Dieu vit que cela était bon ». Tout ce que Dieu a créé est bon, et le mal a été apporté par une volonté libre, d’abord celle du diable, ensuite celle de l’homme, qui mit sa volonté à l’écoute de celle du diable.
Le principe du mal commença à être transmis de génération en génération. Lorsqu’on dit que le péché originel, ou la faute d’Adam, se transmet de génération, cela ne signifie pas qu’on doive être châtié pour le péché des ancêtres. Cela veut dire que sont présents dans le corps et dans l’âme à la fois le principe du bien et le principe du mal. Le Seigneur donne le nécessaire pour éradiquer en soi le principe du mal, et pour développer le principe du bien. Le Seigneur nous a donné pour cela Ses commandements, Il nous a donné Son Église, Il vient habiter Lui-même en nous par la Communion, pour vivre et agir en nous, nous illuminer de l’intérieur, éclairer et libérer de tout mal, non seulement du mal acquis par nos proches actes, en imitation d’Adam et d’Eve, mais aussi du mal enraciné dans la nature humaine déchue.
L’histoire du péché d’Adam et Eve et les commentaires des Saints Pères découvrent le mystère de l’origine du mal, et expliquent comment se détourner du mal et faire le bien. Pour se détourner du mal, il faut obéir à la volonté de Dieu. Si Eve n’avait pas écouté le serpent, si Adam n’avait pas écouté Eve, la chute n’aurait pas eu lieu.
Cette situation se répète un nombre incalculable de fois dans la vie de chacun. Tous les jours, plusieurs fois par jour, le diable nous assiège de tentations, de séductions et de promesses. Il n’appelle jamais le mal et le péché par leur nom. De même qu’il dit à Eve : « vous serez comme des dieux, si vous goûtez du fruit défendu », il propose aujourd’hui aux hommes différents fruits défendus, promettant de faire d’eux des dieux. Beaucoup croient effectivement qu’il n’y a pas de pouvoir suprême sur la terre, que le pouvoir sur terre appartient aux hommes, et qu’ils peuvent être comme des dieux, dirigeant la terre, menant leur propre vie et celle des autres.
La Sainte Écriture, au contraire, enseigne qu’il y a un Dieu suprême et tout-puissant qui règne sur le monde, et que c’est l’obéissance à la volonté de Dieu qui garantit à chacun, à condition qu’il le souhaite, la possibilité de se détourner du mal et de faire le bien, de ne pas suivre le conseil du malin serpent, mais d’écouter sa conscience, car elle n’est pas autre chose que la voix de Dieu qui se fait entendre dans le cœur et aide à comprendre où est le bien et où est le mal.
Ce n’est pas pour rien que l’Église, durant les premiers jours du Carême, rappelle comment débuta l’histoire de l’humanité. Pour que chacun, au Dimanche du Pardon, se sente Adam explusé du paradis, trouve en lui la voie du retour au paradis. Non seulement la voie du retour au paradis perdu d’Adam et d’Eve, mais la voie de l’acquisition du Royaume des Cieux, que nous donne le Seigneur Jésus Christ. Le Seigneur Lui-même, durant tout le Grand Carême, saura nous conduire au Royaume des Cieux. Il se découvrira dans toute sa plénitude durant les jours de la Semaine Sainte, le jour de Pâques, lorsque nous verrons d’abord notre Seigneur Jésus Christ d’abord trahi, souffrant, crucifié et mourant, puis ressuscité.