Le 3 février 2019, les partisans de « l’Église orthodoxe d’Ukraine » ont déclenché une bagarre près de l’église de la Transfiguration, au village de Gnezditchno, district de Zbarajsk, région de Ternopol. Le recteur de la communauté religieuse de l’Église canonique, l’archiprêtre Stéphane Balan, a particulièrement souffert des coups portés par un homme de forte complexion et par les policiers. C’est ce qu’affirme le Département d’informations de l’Église orthodoxe ukrainienne.

Le matin, avant l’office, des activistes ont commencé à se rassembler près de l’église, ils ont provoqué des troubles et empêché la célébration de la Divine liturgie.

La paroisse avait été informée la veille que des provocations étaient à craindre. « Nous avons prévenu l’administration, la police de ce qu’une situation conflictuelle se préparait, leur demandant de faire quelque chose. Nous avons déposé une requête, comme quoi il était interdit de se mêler des affaires religieuses. Ils ont rassemblé tous leurs députés vendredi, mais rien n’a été décidé. Peut-être ont-ils eu peur, je ne sais pas » a raconté le père Stéphane. « Et il y a eu une bagarre ».

Les représentants de la communauté religieuse de l’Église orthodoxe ukrainienne, comprenant qu’on se préparait à saisir leur église, se tenaient sur les marches. Finalement, un représentant des autorités locales est arrivé sur les lieux. « Le président du Conseil est intervenu, et il faut dire qu’il était de leur côté. Mais ces gens étaient tellement agressifs que, n’ayant pas compris ce qu’il disait, ils se sont mis à l’insulter. Il a eu peur, il a jeté les clés, et il est parti » a constaté le prêtre. Selon lui, le fonctionnaire voulait remettre aujourd’hui les clés aux partisans de « l’Eglise orthodoxe d’Ukraine », mais il a été étonné de leur violence et a quitté le site.

Ensuite, la police est intervenue, prenant le parti des provocateurs. « Des membres de la police de choc sont arrivés et ont commencé à nous frapper… On m’a frappé, on a poussé les fidèles. Ensuite, des hommes vêtus de vêtements de camouflage avec des insignes rouges et noirs nous ont bousculés. On m’a saisi à la tête, j’ai eu un doigt cassé. Ensuite, nous avons appelé les secouristes. Les médecins ont constaté des coups sur tout le corps, à la tête, à la poitrine, aux mains » a raconté le président de la communauté religieuse, qui a particulièrement souffert.

Il faut préciser que les activistes avaient organisé le 13 janvier une réunion, au cours de laquelle une partie des personnes présentes avaient voté pour le passage de la paroisse à la nouvelle « église ». La communauté religieuse, pour sa part, avait décidé de rester dans l’Église orthodoxe ukrainienne. Selon le recteur, il avait été possible de s’entendre sur un voisinage pacifique, les représentants de « l’église d’Ukraine » avaient promis que le bâtiment de l’Église canonique ne serait pas saisi.

Cependant, le directeur de l’école municipale a refusé d’accepter cet état des choses, c’est lui qui a incité les gens à se lancer dans une confrontation, estime l’archiprêtre Stéphane. « Le directeur de l’école fait pression sur les enseignants, il fait circuler des pétitions. Ceux qui viennent dans notre église, il menace de les licencier… Cela fait des années qu’il  occupe une position intraitable, et il fait trembler toute l’école. Les gens téléphonent en pleurant : « Mon père, excusez-nous, nous ne pouvons rien faire pour vous aider. »

Le chef de la police locale est aussi du côté de la nouvelle structure. Peut-être y avait-il aussi des instructions des organes supérieurs, estime le père Stéphane. « On voit que quelqu’un a donné des ordres d’en haut, on fait pression sur eux. Parce que j’avais prévenu le président de la région, je suis allé au département des affaires religieuses, chez le général. Tous se montrent soi-disant compréhensifs, mais ils n’en font qu’à leur tête. »

L’église de la Transfiguration a été scellée. Le prêtre et les fidèles de l’Église canonique ont célébré un office d’intercession devant les portes de l’église.