Le 5 janvier 2019, dans une interview à la chaîne de télévision « Khram » (« église »), Sa Sainteté le patriarche Irénée de Serbie a répondu de façon détaillée aux questions des journalistes sur la crise des rapports entre les Églises, dans le contexte des décisions prises par Constantinople sur l’Ukraine.

Le primat de l’Église orthodoxe serbe a déclaré que la rupture des relations entre les Patriarcats de Moscou et de Constantinople, à cause de la question ukrainienne, risquait d’avoir des conséquences aussi tragiques que celles de la division entre les Églises d’Orient et d’Occident en 1054, qui dure depuis des siècles et dont on ne voit toujours pas la fin.

Le patriarche Irénée a constaté que le règlement de la situation en Ukraine et la résolution du problème du schisme ukrainien auraient pu être favorisés par un Concile des représentants de toutes les Églises orthodoxes locales. Or, le patriarche de Constantinople, sans avoir pris conseil de personne, mais s’étant probablement entendu avec certaines puissances de ce bas monde, a voulu résoudre la question unilatéralement, par le moyen le plus catastrophique possible, comme on le voit aujourd’hui, consistant à légaliser et à laisser perdurer le schisme en Ukraine. Le primat de l’Église orthodoxe serbe a dénoncé le paradoxe de cette situation, rappelant que le Patriarcat de Constantinople avait, en son temps, reconnu les sanctions prises contre les chefs du schisme ukrainien.

Bien plus, a souligné le patriarche, la question du statut canonique de l’Ukraine a déjà été résolue il y a trois cents ans. Comme on sait, en 1686, le patriarche de Constantinople Denis IV et le Saint-Synode de l’Église constantinopolitaine avaient signé une charte, confirmant que la métropole de Kiev faisait partie du Patriarcat de Moscou. Cette situation a duré pendant trois cents ans a rappelé le patriarche Irénée.

Sa Sainteté a souligné que l’Église orthodoxe ukrainienne, qui possède une grande autorité, a aujourd’hui 90 évêques dans un pays dont la majeure partie de la population est restée fidèle à la tradition existante des rapports entre l’Église ukrainienne et l’Église russe.

Le patriarche Irénée voit dans les entreprises du Patriarcat de Constantinople des motifs politiques. Si l’on exclue toute politique, la réalité canonique apparaît clairement, a assuré le patriarche Irééne, affirmant que toutes les Églises orthodoxes locales s’exprimeraient au moment opportun à propos de la situation.

Nous nous appuyons sur les principes canoniques et sur l’ordre canonique a dit le patriarche Irénée, soulignant que l’Église orthodoxe serbe ne se déclarait ni pour Moscou, ni pour Constantinople, mais pour la vérité canonique. Le patriarche Irénée a témoigné que l’Église orthodoxe serbe vénérait le Patriarcat de Constantinople comme son Église-mère, et souhaitait qu’il garde l’autorité qu’il s’était acquise au cours de son histoire. En même temps, le primat de l’Église orthodoxe serbe a dit regretter que l’actuel patriarche de Constantinople, par ses manœuvres non canoniques en Ukraine, avait lui-même ruiné sa réputation.