Le 12 mai 2018, veille du 6e dimanche de Pâques, dimanche de l’Aveugle-né et fête de saint Jacques, frère de saint Jean, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré les Vigiles nocturnes à l’église Saint-Jean-le-Théologien du séminaire et de l’académie de théologie de Saint-Pétersbourg.

Son éminence concélébrait avec l’archevêque Ambroise de Peterhof, recteur de l’Académie, l’archevêque Mathieu d’Anadyr et de Tchoukotka, des clercs de l’Académie de Saint-Pétersbourg.

Après la lecture de l’évangile, le métropolite Hilarion a prononcé une homélie sur le thème de l’évangile :

« A chaque matines dominicales, nous entendons une des lectures de l’Évangile consacrées à la résurrection du Christ. Il y en onze, comme vous le savez. Nous avons aujourd’hui entendu la 8e de ces lectures, tirée du 20e chapitre de l’évangile selon saint Jean, qui rapporte comment Marie Madeleine pleurait devant le tombeau vide, comment deux anges vêtus de vêtements étincelants lui annoncèrent la résurrection. Ensuite, elle vit le Seigneur Lui-même, mais ne le reconnut pas, le prenant pour le jardinier.

Pourquoi Marie Madeleine n’a-t-elle pas reconnue le Sauveur alors même qu’Il lui parlait ?

Certains diront qu’il faisait nuit et que les yeux de Marie étaient embués par les larmes. Mais l’interprétation la plus évidente consiste à dire que l’aspect extérieur de Jésus Christ avait changé. Madeleine ne Le reconnut pas, parce qu’Il était différent de Celui qu’elle avait vu prêcher, passant de ville en ville et accomplissant des miracles. Quelque chose dans Son aspect extérieur était si changé que même Ses disciples les plus proches ne Le reconnurent pas. C’est là, sans doute, la raison du trouble et des doutes qui assaillirent les disciples jusqu’au moment où le Saint Esprit vint sur eux à la Pentecôte, ouvrant leurs yeux spirituels.

Marie Madeleine reconnut le Seigneur au moment où Il l’appela par son nom. Non pas que Sa voix eût tout à coup changé, redevenant ce qu’elle était auparavant, celle à laquelle elle était habituée. Elle reconnut Sa voix à l’instant où son propre cœur s’ouvrit à la rencontre du Seigneur, au moment où agit l’Esprit Saint en elle, qui agira plus tard sur les disciples.

De la même façon, les deux disciples qui cheminaient vers Emmaüs ne reconnurent pas le Seigneur Jésus Christ dans le voyageur qui s’approcha d’eux. Il leur parla longuement, leur expliquant les Écritures, et ils avaient le temps de reconnaître Celui qu’ils avaient connu durant Sa vie terrestre. Mais leurs yeux ne s’ouvrirent qu’au moment où le Christ entra dans la salle et rompit le pain. Et ce n’est pas à cause de ce geste familier. Non, ils Le reconnurent parce que l’Esprit Saint leur révéla qu’ils avaient devant eux le Seigneur Jésus Christ ressuscité.

Jusqu’aux dernières pages de l’Évangile, nous voyons les disciples douter : comme Thomas, qui avait entendu les autres disciples affirmer qu’ils avaient vu le Christ ressuscité, disant : « Tant que je n’aurais pas touché Ses blessures, tant que j’aurais pas vu les plaies de Son corps, je ne croirai pas ». Les disciples que le Seigneur rencontra en Galilée, où Il les avait envoyés prêcher, ne Le reconnurent pas non plus : les uns l’adorèrent, d’autres doutèrent.

Seul l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte dissipa tous ces doutes et transforma définitivement ces simples pêcheurs en ardents apôtres du verbe de Dieu. Seul l’Esprit Saint, par Son action et par Sa force inspira les générations suivantes de prédicateurs, notamment ceux qui n’avaient pas vu le Seigneur Jésus Christ de Son vivant. C’est l’Esprit Sant qui inspira à l’apôtre Paul de dire ces mots qui nous frappent toujours aujourd’hui encore : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (I Co 15, 14).

Le fait de la Résurrection du Christ, qui n’était pas évident même pour ceux qui avaient connu Jésus Christ de Son vivant, est devenu l’évènement central de l’histoire chrétienne dès la première génération de chrétiens, autour de laquelle l’Église bâtit sa théologie et sa liturgie. Ce n’est pas pour rien que le dimanche est le principal jour de la semaine. La lumière de la Résurrection du Christ illumine l’année liturgique toute entière, elle traverse toute la liturgie, tous les chants que nous chantons au cours de l’année.

La théologie est aussi toute entière traversée de la lumière de la Résurrection du Christ. C’est ce qui nous distingue, nous, chrétiens, des représentants d’autres traditions religieuses. Nous avons pu reconnaître non seulement l’Envoyé de Dieu, non seulement un prophète, non simplement un maître à penser, mais le Dieu incarné, l’Un de la Sainte Trinité. Qui a aidé à reconnaître en Jésus Christ le Dieu incarné ? L’Esprit Saint qui inspira leur prédication aux apôtres, qui ouvrit leurs yeux et leurs cœurs à la foi en la Résurrection du Christ.

Nous fêtons la Résurrection du Christ et avançons vers la fête de la Pentecôte, où nous ferons mémoire de la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres. C’est une période particulière, pleine de grâces, dans la vie de l’Église : le Seigneur chasse de nos cœur tout doute, nous avons la certitude que le Christ est vraiment ressuscité, nous emplissant de cette joie dont Il dit lui-même à Ses disciples que « personne ne pourra vous l’enlever » (Jn 16, 22).

Réjouissons-nous de la Résurrection du Christ. Glorifions le Seigneur ressuscité et préparons-nous à la venue de l’Esprit Saint, afin qu’Il vienne et demeure en nous, nous purifiant de toutes souillures et sauvant nos âmes. Amen. Le Christ est ressuscité. »

Dans le sanctuaire, Mgr Hilarion s’est entretenu avec les étudiants étrangers venus poursuivre leur formation à Saint-Pétersbourg. Le président du DREE a offert à chacun le Catéchisme rédigé sous sa direction.

A la fin de la liturgie, le métropolite Hilarion a remercié le recteur de son accueil.