Le 19 avril 2018, la Rada d’Ukraine a soutenu l’initiative du président de ce pays, P. A. Porochenko dans sa demande au patriarche de Constantinople de créer une Église autocéphale en Ukraine. A la demande du portail « Interfax-religion », le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a énoncé la position de l’Église orthodoxe russe à ce sujet.

La création d’une Église autocéphale n’est pas un processus qui peut être initié par les autorités civiles. Comme on sait, l’Église est aujourd’hui séparée de l’état, et l’état ne doit pas manipuler l’Église, notamment dans le cadre d’une campagne électorale ou pour atteindre quelque but politique que ce soit.

L’idée de la nécessité d’une Église locale en Ukraine, qui serait séparée de l’Église orthodoxe russe s’appuie sur la formule suivante : une église indépendante dans un état indépendant. Si nous suivions ce principe, l’Église d’Alexandrie, pour ne prendre qu’un exemple, devrait être morcelée en plus de cinquante parties, puisqu’elle s’étend à toute l’Afrique et que l’Afrique compte plus de 50 états. L’Église d’Antioche, et l’Église de Jérusalem, de la même façon, serait à diviser en plusieurs parties. Semblables projets, semblables idées ne profitent qu’aux ennemis de l’Église.

C’est l’ex-métropolite de Kiev, Philarète Denissenko, qui est à l’origine du schisme en Ukraine : au départ, il a voulu résoudre ses problèmes personnels au moyen d’un schisme ecclésiastique. Il avait été candidat au siège du Patriarcat de Moscou, mais le Concile local de l’Église orthodoxe russe a élu à ce siège un autre hiérarque, le patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire. Philarète Denissenko s’est senti offensé. Revenu en Ukraine, il a travaillé à créer sa propre Église indépendante. Ensuite, il y a eu un Concile épiscopal de l’Église orthodoxe russe, au cours duquel il a promis de quitter le siège de métropolite de Kiev. Mais, de retour en Ukraine, il a changé d’avis, violant ainsi la promesse faite aux hiérarques de l’Église russe et initiant un schisme.

Ce schisme n’a fait que s’affermir depuis un quart de siècle grâce au soutien des autorités civiles, mais il n’en reste pas moins un schisme. Il n’y a pas d’exemples de légitimisation d’un schisme dans l’histoire de l’Église. Par contre, il est arrivé que des hiérarques, des clercs, des laïcs, des groupes, des associations quittent le schisme, s’étant repenti, et c’est la seule voie que peut proposer l’Église orthodoxe.

Nous avons bien sûr entendu parler des négociations du président ukrainien Porochenko avec le patriarche Bartholomée de Constantinople. Nous avons entendu parler de diverses initiatives de la part des schismatiques, de leurs voyages au Phanar. Nous avons entendu parler des riches cadeaux qu’ils ont faits là-bas. Nous savons tout cela, et beaucoup d’autres choses dont je ne souhaite pas parler maintenant. Mais nous avons aussi entendu depuis des années le patriarche de Constantinople affirmer clairement qu’il ne reconnaissait comme chef unique de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique que le métropolite Onuphre. L’Église orthodoxe ukrainienne canonique n’a pas l’intention de rompre ses relations avec l’Église orthodoxe russe.

Nous sommes une seule Église, née au baptistère de Kiev, dans les eaux du Dniepr. Certes, ni le Patriarcat de Constantinople, ni aucune autre Église ne peut proclamer de façon unilatérale l’autocéphalie d’une Église. C’est pourquoi nous supposons que cette initiative, malgré le bruit que les médias soulèvent autour de cette affaire, aura le même sort que celles des années précédentes. Nous rappelons une fois encore que la solution au problème ecclésiastique ukrainien ne peut être trouvée qu’en suivant la voie canonique.