Le métropolite Hilarion : La fin de l’histoire humaine aura lieu lorsque l’amour se tarira
Le 2 avril 2018, Lundi saint, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Liturgie des Présanctifiés à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.
Après la litanie instante, Mgr Hilarion a récité la prière pour la paix en Ukraine.
A la fin de la Liturgie, le métropolite a célébré un office pour le repos de l’âme des victimes de l’incendie du centre commercial « Zimniaïa vichnia » de Kemerovo, le 2 avril marquant le neuvième jour après la tragédie, qui a coûté la vie à 64 personnes, dont 41 enfants.
Après l’office, Mgr Hilarion a prononcé l’homélie suivante :
« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !
Le Lundi saint, nous lisons aux matines le récit de l’Évangile où le Seigneur Jésus Christ dessèche un figuier stérile. A la Liturgie, nous lisons un autre récit, dans lequel le Seigneur Jésus Christ prédit à Ses disciples la destruction de Jérusalem et la fin de l’histoire humaine. Parlant des temps qui précéderont la fin des siècles, le Christ dit à Ses disciples : « Du figuier, apprenez cette parabole. Dès que sa ramure devient flexible et que ses feuilles poussent, vous comprenez que l’été est proche » (Mt 24, 32).
Dans les deux cas, il est question d’un figuier. Chaque fois, le figuier sert à symboliser les réalités spirituelles sur lesquelles le Seigneur veut attirer l’attention de Ses disciples. Dans le premier cas, Il dessèche le figuier, non parce que cet arbre était coupable de quoi que ce soit. L’évangéliste Marc précise qu’il n’y avait pas de fruits sur le figuier, car ce n’était pas la saison. Néanmoins, le Seigneur le dessèche, laissant ainsi un symbole qui, de tous, temps, indique que le Seigneur attend que l’homme fructifie.
Le Seigneur Jésus Christ parle souvent des fruits de la vie. « Tout arbre qui ne donne pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu », dit-Il ailleurs (Mt 7, 19). Si le figuier n’est pas coupable de ne pas porter de fruit, l’homme qui ne fructifie pas en est coupable, car c’est toujours temps pour lui : il n’y a pas de saisons dans la vie humaine, où l’homme serait empêché de porter du fruit.
Le Seigneur attend toujours des fruits. Il attend que nous observions Ses commandements, que nous écoutions Sa parole, telle qu’elle résonne dans le saint Évangile, que nous Le suivions toujours. Il n’y a pas le temps de faire une pause. Le Seigneur nous appelle à nous souvenir de Lui, de Sa passion, de Sa mort, de Sa résurrection, non seulement en Carême ou pendant la Semaine sainte, mais tous les jours et à toute heure.
Le Seigneur nous rappelle que l’histoire humaine aura une fin. L’histoire humaine s’achèvera lorsque l’Évangile sera annoncé à toute créature, tout homme pouvant ainsi faire son choix, pour Dieu ou pour le diable ; elle s’achèvera, lorsque le nombre de ceux que Dieu aura prédestiné au salut sera atteint. Comme le dit le saint apôtre Paul dans son épître aux Romains, Dieu sait à l’avance le nombre des prédestinés au salut. Tant que ce chiffre ne sera pas atteint, l’histoire du monde se poursuivra. Lorsque le chiffre sera atteint, la vie sur terre cessera.
Beaucoup demandent : quand aura lieu la fin du monde, quand aura lieu le Second avènement ? La première génération de chrétiens se posait déjà ces questions, s’attendait à ce que la fin du monde advienne instantanément, qu’ils la verraient de leur vivant. Ces attentes se reflètent dans les épîtres de Paul et des autres apôtres. D’année en année, les gens attendaient la fin des siècles, mais elle n’est pas venue. Alors les apôtres ont dû expliquer que si le Seigneur tarde, ce n’est pas parce qu’Il ne tient pas Sa promesse, mais parce qu’Il est longanime, qu’Il permet à tous de porter les fruits qu’Il attend.
En même temps, le Seigneur nous rappelle que nous devons observer les signes des temps. Le figuier dont il est question aujourd’hui à la Divine liturgie, celui dont les branches deviennent flexibles et dont les feuilles se développent, est le symbole de la proximité de la fin des temps.
Nous pouvons observer les signes de la fin des temps dont parle le Seigneur, car nous entendons des rumeurs de guerre. Nous savons que le frère se tourne contre le frère, que le royaume se dresse contre le royaume. Mais surtout, nous voyons que l’amour se refroidit chez un grand nombre. C’est là le principal signe de la proximité de la fin des temps. On peut conclure de ces paroles du Seigneur que la fin de l’histoire humaine aura lieu lorsque l’amour se tarira définitivement chez les hommes, car c’est l’amour qui est la force motrice de l’histoire humaine. Tant que les hommes seront capables d’aimer, tant qu’ils sont capables de créer, de donner la vie à une descendance, l’histoire humaine se poursuivra. Mais lorsque l’amour se tarira, le but de la présence des hommes sur la terre disparaîtra. Alors il ne restera plus au Seigneur qu’à transplanter l’humanité dans un autre monde, afin que ceux qui Lui auront été fidèles demeurent avec Lui, tandis que ceux qui n’auront pas voulu être avec Lui aient le sort dont Il a parlé à l’avance à Ses disciples et aux apôtres.
Le Seigneur élève notre regard spirituel des réalités terrestres vers les réalités de la vie spirituelle. Il nous dit qu’on peut remarquer dans le monde qui nous entoure les symboles de la réalité spirituelle. Le Seigneur dessèche le figuier pour nous montrer quelle peut être la colère de Dieu contre ceux qui ne portent pas de fruit. Il le rappelle quelques jours avant Sa mort sur la croix, pour que ce symbole s’imprime dans la mémoire des disciples, qu’ils le redisent aux générations à venir, qu’il parvienne jusqu’à nous, afin que nous nous rappelions que le Seigneur attend de chacun de nous des fruits à la mesure que nous pouvons en porter.
En ces jours de la Semaine sainte, suivons le Seigneur dans Son derniers chemin, dont le congé de tous les offices de la Semaine de la passion dit : « Le Seigneur vient librement à Sa passion pour notre salut ». Suivons le chemin qu’Il a suivi librement, observant en même temps la volonté de Son Père ; le chemin qui fut pour nous un chemin de rédemption, car le Sauveur nous a ouvert au prix de Sa vie les portes du Royaume des Cieux. Amen. »