Dans une interview accordée au correspondant de l’agence de presse TASS, Sa Sainteté le patriarche Néophyte de Bulgarie a raconté la libération de la Bulgarie, délivrée du joug ottoman lors de la Guerre russo-turque de 1877-1878 ; il a aussi parlé de l’amitié entre les Églises orthodoxes et de la prochaine visite en Bulgarie de S. S. le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie.

  • Sainteté, nous approchons du 140e anniversaire de la libération de la Bulgarie du joug ottoman, lors de la Guerre Russo-turque de 1877-1878, qui sera une grande fête. Que signifie cette date pour la Bulgarie et pour l’Église orthodoxe bulgare ?
  • Rendons grâces à Dieu de ces années, de ce que nous vivons depuis 140 ans notre foi dans un pays libre. Le plus grand don de Dieu, qui est Amour, est la liberté, c’est pourquoi nous ne cessons de Le remercier de Ses miséricordes, remerciant aussi tous les héros qui ont donné leur vie pour leur prochain, manifestant ainsi leur amour fraternel.
  • La libération de la Bulgarie a rapproché deux peuples orthodoxes, les nations russe et bulgare. Comme évaluez-vous les rapports actuels entre les deux pays ?
  • Permettez-moi de remarquer que nous étions déjà proches des siècles avant le début de la Guerre de libération russo-turque. Le fait est que la majorité des volontaires russes sont venus se battre pour leurs frères dans la foi, pour les Bulgares qui souffraient, esclaves d’un empire hétérodoxe. Historiquement, nous étions déjà unis par la foi de nos peuples. C’est pourquoi je place la Sainte Orthodoxie à la première place dans ce qui nous unit, ainsi que tout ce qui lui est lié depuis plus d’un millénaire. Commençons par les illuminateurs des Slaves, par les manuscrits qui ont joué un grand rôle dans la formation de la culture chrétienne de la Rus’ antique, par la langue de la Bible et de la liturgie, le slavon d’église, langue dans laquelle sont écrits tous les premiers livres de théologie. Citons le premier métropolite de Kiev, saint Michel (selon la tradition ecclésiastique, il fut le premier métropolite de Kiev, de 988 à 991 et était natif de Bulgarie ; note de la rédaction), saint Séraphin, né en Russie en 1881, archevêque de Bogoutchar, thaumaturge de Sofia, d’autres saints bulgares et russes dont on retrouve les noms dans les calendriers de nos deux Églises. Nous répondons devant Dieu de l’unité de la foi orthodoxe et de la communion dans l’Esprit Saint, de l’union de la paix, au nom du bien de nos deux peuples. Les dirigeants de nos deux pays comprennent l’importance de l’unité dans la foi, et cela leur fait honneur, ils estiment cet héritage historique auquel l’Église insuffle aujourd’hui la vie de la grâce, et aident à le préserver.
  • Vous avez invité le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie à venir participer aux célébrations du 140e anniversaire de la libération de la Bulgarie, et il arrivera le 2 mars. Qu’attendez-vous de cette visite, quelles questions allez-vous aborder ?
  • J’attends que triomphent l’esprit de la charité fraternelle et l’unité en Jésus Christ notre Seigneur, Rédempteur et Sauveur. J’attends avec joie d’accueillir dignement, comme un hôte éminent, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, parce que celui qui vient au nom du Seigneur est béni (cf Ps 117, 26). J’attends avec joie de célébrer ensemble la Sainte et Divine liturgie. L’unité dans la Sainte Eucharistie a toujours été et sera toujours le signe le plus éclatant de l’unité en Christ. La célébration commune ne montre pas seulement qu’il est bon de vivre en frères (cf Ps 132, 1), elle démontre aussi que le Christ se tient et se tiendra au milieu de nous. Notre devoir le plus absolu est de témoigner du Christ, de dire au monde que nous sommes Ses disciples et tous comprendront à l’amour que nous avons les uns pour les autres que nous sommes Ses disciples (cf Jn 13, 35). La responsabilité de prêcher Jésus Christ nous est échue à nous, en tant que primats de nos Églises orthodoxes russes, qui font partie de l’Église une, sainte, catholique et apostolique sans défauts, sainte et immaculée. Sur le plan personnel, j’attends que nous continuions à nous entraider dans la prière, pour que nous ne cessions jamais d’œuvrer devant le trône du Très-Haut, lui demandant la santé, la piété, la prospérité spirituelle et matérielle de nos fidèles. Notre œuvre est difficile, c’est pourquoi nous avons particulièrement besoin de la prière des uns et des autres.
  • Selon vous, comment doivent se développer les rapports entre nos Églises sœurs, y a-t-il des contradictions entre elles ?
  • Les relations entre nos Églises sœurs doivent se développer dans l’esprit de l’Orthodoxie universelle. Beaucoup de forces sont nécessaires pour continuer à prêcher le Christ. Tandis que le monde pense plutôt à lui, nous devons nous tenir devant le Seigneur avec une foi ferme et inébranlable. Nos Églises sœurs doivent résoudre les contradictions, si des contradictions apparaissent, en s’appuyant sur les commandements de l’Évangile sur la réconciliation en Christ, afin que nous soyons uns en Son nom.
  • En quoi consiste la force de l’Orthodoxie, comment doivent se développer les rapports entre l’Église orthodoxe et les autres religions ?
  • La force de l’Orthodoxie est dans la pureté de sa foi et dans le service du prochain. Chaque Église orthodoxe locale décide de ses propres rapports avec les représentants d’autres religions, en tenant compte des canons de la Sainte Église et des réalités changeantes du monde moderne.
  • De votre point de vue, que faut-il faire pour que le monde trouve la paix, pour que les conflits s’apaisent, pour que les hommes se préoccupent plus les uns des autres ?
  • Nous vivons dans le monde, mais nous ne sommes pas du monde, et ce que nous faisons inlassablement, armés du bouclier de la foi, du casque du salut et du glaive spirituel qu’est la parole de Dieu (cf Eph 6, 16-17), c’est de prier pour le monde et pour la prospérité de tous les hommes.
  • Que souhaiteriez-vous, Sainteté, aux Russes, avant la prochaine fête ?
  • Frères, réjouissez-vous, perfectionnez-vous, consolez-vous, soyez unis, vivez en paix et que le Dieu d’amour et de paix soit avec vous.