Au DREE, une table ronde sur l’échange interconfessionnel d’expérience dans le domaine du ministère social
Une table ronde sur le thème « Le ministère social des communautés religieuses, échange d’expérience interconfessionnel » a eu lieu le 26 janvier 2018 au Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, dans le cadre des XXVI Conférences internationales de Noël. Environ 40 clercs et laïcs de différents diocèses de l’Église orthodoxe russe, des représentants des communautés catholiques et protestantes et d’organisations gouvernementales ou publiques y prenaient part.
La réunion était conduite par l’hiéromoine Stéphane (Igoumnov), secrétaire du DREE aux relations interchrétiennes. Ouvrant la séance, il a constaté l’importance des tables rondes interconfessionnelles organisées chaque année au DREE pendant les Conférences de Noël, la coopération pratique dans le domaine social étant un thème essentiel dans les relations interchrétiennes. La déclaration publiée à l’issue de la rencontre entre le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie et le pape François de Rome à La Havane en témoigne, ainsi que le travail du Comité de coordination interconfessionnel chrétien et plusieurs segments de la coopération orthodoxe-protestante. « Symboliquement, ces rencontres ont lieu en début d’année, elles donnent le ton à la coopération durant le reste de l’année » a constaté l’hiéromoine Stéphane.
M. B. Nelioubova, collaboratrice du DREE, a parlé du groupe de travail créé pour la coordination entre orthodoxes et catholiques dans l’esprit de la déclaration de La Havane. Le groupe, qui se compose de représentants de l’Église orthodoxe russe, de l’Église catholique romaine et de la fondation « Aide à l’Église en détresse », travaille sur deux orientations principales : la réalisation de projets communs d’aide aux chrétiens du Proche-Orient et la problématique de la famille et des valeurs familiales.
Concernant la seconde, une grande attention est portée aux femmes enceintes en difficulté, ainsi qu’aux femmes en situation de précarité ayant des enfants. En 2016-2017, un Centre d’aide humanitaire a été construit, où environ 1000 familles avec des enfants ont pu recevoir de l’aide humanitaire sous différentes formes. En aout 2017, un Centre d’aide à la maternité et à l’enfance, destiné aux femmes en difficulté, a été inauguré par la cathédrale de la Transfiguration de Stavropol. Dans la région de Nijni-Novgorod, le groupe a aidé le Centre d’aide à la famille « Être maman », où sont accueillis des femmes et leurs enfants. En novembre 2017, une table ronde sur la protection de la maternité et de l’enfance a eu lieu à Nijni-Novgorod, sous la présidence du métropolite Georges de Nijni-Novgorod et d’Arzamas. Des représentants d’organisations chrétiennes italiennes y sont intervenus pour partager leur expérience au sein de l’association « Familles d’accueil » et sur l’aide aux personnes victimes de maltraitance familiale.
Le séminaire de formation sur la consultation anti-avortement, organisé en janvier 2017, a été une autre expérience de collaboration interconfessionnelle importante. Les spécialistes du « Centre d’aide à la vie de la clinique de Mangiagalli » (Italie, Milan), qui organisaient le séminaire, ont partagé avec des psychologies russes, orthodoxes et catholiques venus de différentes villes, leur expérience de consultation. Durant l’année 2017, des séances d’entrainement sur les programmes basés sur les valeurs et visant à la prévention des comportements à risque, des maladies socialement dangereuses et à l’éducation spirituelle et morale ont eu lieu à Arkhangelsk, à Magadan, à Stavropol et ailleurs. Des orthodoxes comme des catholiques étaient invités à ces séances.
Un séminaire proposant une réflexion théologique sur les problèmes de la dépendance du point de vue des Églises orthodoxe et catholique a été organisé le 1er septembre 2017 au grand séminaire catholique de Saint-Pétersbourg. Ont pris part à cette manifestation des représentants de la métropole orthodoxe russe de Saint-Pétersbourg, des enseignants et des étudiants de l’Académie et du séminaire de Saint-Pétersbourg, des spécialistes de la réhabilitation des toxicomanes en Italie et au Portugal. Un groupe d’experts interconfessionnel a été fondé à la fin de ce séminaire, se proposant d’élaborer un programme de travail avec les personnes dépendantes de la drogue pour les séminaires catholiques et orthodoxes.
Piotr Goumeniouk, représentant de la Fondation « Aide à l’Église en détresse » a évoqué la longue tradition de collaboration entre la fondation et l’Église orthodoxe russe, voulue par le fondateur d’Aide à l’Église en détresse, le père Werenfried van Straaten. « En plus de 25 ans, les formes de cette coopération ont changé à plusieurs reprises, mais la confiance n’a fait que grandir et s’affermir. Beaucoup a été fait. Cette communauté d’action a contribué au dialogue entre nos Églises. En ce sens, la rencontre historique de La Havane a donné une nouvelle impulsion à de nouvelles formes de coopération. »
Poursuivant sur le thème de la coopération orthodoxe-catholique dans l’esprit de la déclaration de La Havane, Giovanna Parravicini, représentante de la Fondation italienne « Russie chrétienne », a parlé des initiatives en faveur d’une discussion commune des problèmes d’actualité et d’échanges d’expérience sur le travail social. En octobre 2016, une conférence internationale avait eu lieu à Milan sur le thème : « Le don inattendu de la miséricorde. Les processus migratoires : risque de fondamentalisme ou d’indifférence ? ». Sa seconde partie avait eu lieu à Moscou dans le cadre des « Rencontres de l’Intercession. » « Le public italien a découvert avec intérêt les œuvres de bienfaisance dans l’Église orthodoxe russe », a déclaré Mme Parravicini, tandis que les participants orthodoxes ont découvert des exemples de diaconie en Italie, pays confronté ces dernières années à une importante arrivée de réfugiés de différentes nationalités et religions. En novembre 2017, des délégations de catholiques et d’orthodoxes ont participé à une conférence organisée à Vladimir sur le thème de la reconnaissance. L’intervenante a souligné que la rencontre interconfessionnelle avait eu lieu à l’université d’état, dont les étudiants avaient pu participer aux discussions. Parmi les intervenants figuraient les époux Bonanti, un couple d’Italiens représentant l’association catholique « Familles d’accueil », qui s’occupe de l’accompagnement des familles accueillant des personnes en situation difficile.
Margarita Nelioubova a aussi parlé de la préparation de la VI Conférence internationale sur le VIH/SIDA en Europe de l’Est et en Asie centrale, qui aura lieu du 18 au 20 avril prochains à Moscou. Des représentants de délégations interreligieuses des pays concernés devraient y participer, dont les membres interviendront. Mme Nelioubova a aussi attiré l’attention sur le fait que depuis la première conférence sur le VIH/SIDA en Europe de l’Est et en Asie centrale, en 2006, le nombre d’associations représentées à ce forum ne cesse d’augmenter. En 2016, la délégation interreligieuse comptait environ 80 membres de communautés chrétiennes, musulmanes et juives de Russie, Biélorussie, Moldavie, Ukraine et Arménie. Elles ont organisé trois séminaires dans le cadre de la conférence : « L’expériences des organisations religieuses dans la lutte contre l’épidémie de VIH/SIDA.
Des conceptions pratiques sur le ministère social ont été présentées, dont une série de 4 manuels « Les soins aux malades après un AVC », présenté par Olga Egorova, infirmière chef du service de patronage de la fraternité Saint-Dimitri, directrice du Centre de ressources de soins palliatifs. Elle a constaté que ce manuel était destiné aussi bien au personnel soignant qu’aux familles des malades assurant les soins de leurs proches après un AVC.
Maria Iltchenko (fondation « Vis maintenant ») a présenté aux participants de la table ronde les bases de la musicothérapie, parlant de son application pratique dans les établissements médicaux et sociaux. Elle a présenté aussi un nouveau manuel intitulé « le musicien bénévole », écrit par la musicothérapeute Alissa Apreleva, spécialiste de l’utilisation clinique de la musique dans les établissements de soins, de réhabilitation et d’enseignement.
Nadejda Ivanova, représentante de l’église des adventistes du septième jour, a présenté une série de 24 clips d’une minute « Faits et espérance », invitant à un mode de vie sain. Ces clips font la promotion de thèmes comme « l’activité physique », « les avantages de l’eau », « le sommeil », « les adolescents et internet », « la santé du cerveau », « la reconnaissance », etc. Ces clips peuvent se montrer utiles aux travailleurs sociaux.