Le métropolite Hilarion : La foi est le principal don que nous ait fait le Seigneur
Le 17 décembre 2017, 28e dimanche après la Pentecôte, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka. Mgr Hilarion concélébrait avec les clercs de la paroisse.
Après la litanie instante, le métropolite a récité la prière pour la paix en Ukraine.
A la fin de l’office, l’archipasteur a prononcé une homélie sur l’évangile des dix lépreux.
« Les lépreux ne souffraient pas seulement de leur terrible maladie, ils étaient aussi considérés comme impurs. Il était interdit de les toucher, il leur était interdit de s’approcher des villes. Les lépreux vivaient en parias, par groupes de quelques malades qui se soutenaient les uns les autres. Lorsque le Seigneur en rencontrait, Il les guérissait et leur disait : « Allez vous montrer aux prêtres » (Lc 17, 14) car selon la loi de Moïse, tout homme guéri de la lèpre devait se montrer au prêtre qui portait témoignage de ce cas de guérison. Les dix s’en furent donc se montrer au prêtre, et, en chemin, ils furent miraculeusement guéris.
Ce miracle transformait la vie de chacun des dix, mais un seul crut nécessaire de revenir vers le Sauveur, or, précise l’évangéliste Luc, « c’était un Samaritain » (Lc 17, 16), autrement dit quelqu’un qui ne devait pas communiquer avec les Juifs, dont la foi était différente, qui vivait selon d’autres coutumes. Le voyant, le Seigneur dit : « Est-ce que les dix n’ont pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? » (Lc 17, 17). Cette question resta sans réponse, car les neuf étaient sans doute loin et ne crurent pas devoir remercier le Seigneur de leur guérison.
Chaque fois que nous lisons ou entendons ce récit de l’Évangile à l’église, nous réfléchissons à ce qu’est la gratitude, pourquoi devons-nous être reconnaissants à Dieu, de quoi devons-nous Le remercier. Beaucoup demandent souvent : de quoi devrais-je remercier Dieu si ma vie ne se passe pas bien, si je n’arrive à rien ? Les gens considèrent ce que Dieu leur donne comme allant de soi, comme ne les obligeant en rien.
Pour comprendre de quoi rendre grâce à Dieu, le mieux est d’écouter attentivement les prières de la Divine liturgie, de l’Eucharistie. Le mot « Eucharistie » signifie « action de grâce ». L’office auquel nous nous rassemblons tous les dimanches et pour les jours de fête et que nous appelons la Sainte Eucharistie n’est rien d’autre qu’une action de grâce que nous élevons vers Dieu en notre nom, au nom de ceux qui sont à l’église et de ceux qui n’ont pu y venir.
De quoi rendons-nous grâce ? Devant l’autel, le prêtre remercie Dieu au nom de toute la communauté de ce que le Seigneur a créé le ciel et la terre, qu’Il a créé l’homme, qu’Il ne s’est pas détourné de lui après la chute, mais l’a conservé en Sa faveur, envoyant au peuple des prophètes. Le prêtre rend grâce au Seigneur de s’être incarné et de s’être fait homme, donnant l’exemple d’une vie véritablement vertueuse et nous rachetant au pouvoir de la mort ; il rend grâce de ce que le Seigneur est ressuscité et s’est élevé aux cieux, sans pour autant nous abandonner et nous a promis de revenir pour juger le monde et ouvrir aux justes la voie du Royaume des cieux.
Nous devons remercier Dieu pour l’histoire du monde, depuis sa création et celle de l’homme, pour l’histoire qui se poursuit et ne se terminera ni à notre vie, ni à notre mort, mais continuera jusqu’à ce que le Seigneur décide, dans Son pouvoir, de mettre un terme à l’histoire terrestre. L’histoire de l’humanité n’en continuera pas moins, d’ailleurs, dans l’éternité, et elle ne cessera plus, car le Seigneur ne nous a pas créés pour cette vie passagère, mais pour la vie éternelle. Nous sommes appelés à rendre grâce à Dieu pour cela chaque fois que nous venons à la Liturgie.
En plus de remercier Dieu de ses dons en général, nous avons aussi à Lui rendre grâce pour ceux que chacun de nous a reçu de Lui : pour nos parents, pour l’éducation qu’ils nous ont donnée, pour nos maîtres et pour ce qu’ils nous ont appris. Remercions Dieu de ne jamais nous abandonner dans les minutes de danger, de nous aider à surmonter les épreuves, celles émanant de personnes malveillantes ; remercions aussi Dieu pour toutes les bonnes personnes qu’Il nous fait rencontrer. Rendons grâce à Dieu pour les talents, les facultés dont Il a doté chacun ; certains en ont plus, d’autres moins, mais personne n’est sans talent. Ce sont les capacités que le Seigneur nous donne pour notre réalisation personnelle, professionnelle, spirituelle. C’est la Sainte Église que le Seigneur nous a donnée pour qu’en venant prier à l’église pour entendions Sa voix, Sa parole et apprenions à observer Ses commandements.
Le don principal que nous a fait le Seigneur est sans doute la foi. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous entendons le Seigneur dire au Samaritain revenu le remercier : « Lève-toi et va, ta foi t’a sauvé » (Lc 17, 19). Ces paroles du Seigneur sont adressées à chacun de nous, car nous sommes revenus à Lui avec foi, avec espérance, avec amour, avec reconnaissance pour tous Ses bienfaits.
La foi, c’est ce qui nous sauve. Le Seigneur nous sauve, mais Dieu, comme disent les Pères, ne peut sauver l’homme contre sa volonté. Ce qui signifie que pour être sauvé, pour que le miracle ait lieu, la foi est nécessaire. Pourtant, l’homme ne peut pas non plus acquérir la foi par ses propres forces : pour croire en Dieu, il faut l’action de Dieu.
Le Seigneur nous a fait un don inestimable et, grâce à ce don, nous venons à l’Église pour Lui rendre grâce de ce qu’Il nous a donné. En déposant sur l’autel le pain et le vin qui deviendront le Corps et le Sang du Christ, nous les apportons en action de grâce. Non parce que nous les avons créés nous-mêmes, puisque c’est Dieu qui est le Créateur du pain et du vin, l’homme étant coparticipant de la création divine. Quand nous déposons le pain et le vin, œuvre de la main des hommes, nous les rendons à Dieu avec notre prière de reconnaissance, et disons ces mots qui résonnent à chaque Liturgie : « Ce qui est à Toi, le tenant de Toi, nous Te l’offrons en tout et pour tout ». Cela signifie que la source des dons de Dieu que nous recevons est Dieu Lui-même, et nous lui rapportons ces dons en signe de reconnaissance.
Le Seigneur n’exige pas que nous Lui ressemblions en tout. Il n’exige pas que nous nous créions ex nihilo, comme Lui. Il attend que nous Lui rendions grâce pour les dons qu’Il nous a faits.
Demandons à Dieu de nous donner une foi ferme qui nous aide à surmonter les épreuves de la vie, les difficultés, les chagrins, les maladies. Demandons à Dieu de nous rendre capables de Le remercier de ses bienfaits. Demandons à la Sainte Mère de Dieu de nous aider, elle qui est notre protectrice céleste, à marcher dans la foi vers le Royaume de Dieu que nous découvre Son Fils, le Seigneur Jésus Christ. Amen. Bonne fête à tous. »