Le 29 octobre 2017, 21e dimanche après la Pentecôte, mémoire du centurion Longin, martyr, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Divine liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka à Moscou.

Après la litanie instante, le métropolite Hilarion a lu la prière pour la paix en Ukraine.

A la fin de la liturgie, le métropolite Hilarion a porté à la vénération des fidèles un reliquaire contenant une parcelle de reliques de saint Longin, le centurion qui se tenait près de la Croix du Christ. Le chœur a chanté le tropaire et le kondakion du saint.

Ensuite, Mgr Hilarion a prononcé l’homélie suivante :

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !

Nous célébrons en ce dimanche la mémoire de saint Longin, martyr, le centurion dont nous parlait la lecture de l’Évangile de Mathieu aujourd’hui. Lorsque le Seigneur Jésus mourut sur la croix, il y eut un grand tremblement de terre, et de nombreux signes et miracles. Parmi ceux qui reconnurent alors dans le Sauveur le Fils de Dieu, il y avait un centurion romain, païen de confession, qui se laissa toucher par la grâce de Dieu lorsqu’il vit souffrir et mourir notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Il crut au Fils de Dieu et, selon la tradition de l’Église du Christ, il fut aussi l’un des premiers martyrs.

Notre église possède une icône de saint Longin, devant laquelle un office d’intercession est célébré tous les jeudis. J’ai porté aujourd’hui au centre de l’église une parcelle de ses reliques, insérée dans un précieux reliquaire confectionné grâce aux dons des paroissiens. Désormais, ce reliquaire reposera dans notre sainte église, et sera présentée à la vénération des fidèles tous les jeudis.

Nous avons entendu aujourd’hui dans l’Évangile selon saint Luc la parabole du Seigneur Jésus Christ sur le semeur et la semence. Cette parabole se trouve aussi dans l’Évangile selon saint Mathieu. Dans les deux cas, les disciples demandent à Jésus le sens de ce récit. Et dans les deux Évangiles, ainsi que dans celui de Marc, le Seigneur Jésus répond : « A vous le mystère du règne de Dieu a été donné, mais pour ceux du dehors tout arrive en paraboles » (Mc 4, 10). Dans l’Évangile selon saint Mathieu, nous lisons : « Voilà pourquoi je parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent » (Mt 13, 13). Mais selon l’Évangile de Luc, le Seigneur donne une explication un peu différente. Il dit qu’il n’est pas donné aux autres d’entendre le sens de la parabole : « de sorte qu’en voyant ils ne voient rien, et qu’en entendant ils ne comprennent rien » (Lc 8, 10).

Les théologiens disputent autour de ces textes évangéliques : jusqu’à aujourd’hui, en étudiant l’Évangile, les chercheurs ne sont pas d’accord sur la raison pour laquelle le Seigneur parlait en paraboles. Si nous étudions comment les gens recevaient ce que le Seigneur Jésus Christ disait et faisait, nous verrons que leurs réactions pouvaient être très différentes, mais peu nombreux étaient ceux que Ses enseignements et Ses actes laissaient indifférents. Beaucoup suivaient le Sauveur espérant entendre Sa parole ou Le voir faire un miracle. Mais il y avait aussi ceux qui, voyant les nombreux miracles accomplis par le Sauveur, entendant Ses exhortations et Ses Sermons, ne s’en endurcissaient que plus car, ayant des oreilles, ils n’entendaient pas, et, ayant des yeux, ils ne voyaient pas.

C’est ainsi qu’agit la parole de Dieu dans ce bas monde : pour les uns, elle est bienfaisante et salutaire, tandis qu’elle endurcit et irrite les autres. C’est ce dont parle la parabole du semeur et du grain que nous avons entendue aujourd’hui. Le Seigneur jette le grain de Sa parole de façon que tous ceux qui le souhaitent puissent l’entendre. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où toute personne qui le désire, peut entendre la parole du Sauveur. Mais tout le monde n’a pas envie d’entendre cette parole. Et plus nous prêchons, plus violente est l’hostilité de ces gens ; plus l’Église se montre active, plus ils s’indignent. Ils disent : « Pourquoi l’Église se mêle-t-elle de tout, pourquoi donne-t-elle son opinion, pourquoi nous dicte-t-elle comment vivre ? Nous voulons vivre nous-mêmes, nous ne voulons pas entendre sa voix. »

Mais l’Église n’oblige personne à quoi que ce soit. L’Église n’impose rien, ne dit pas aux hommes : vous devez, vous êtes obligés. L’Église ne fait que rappeler l’enseignement du Fils unique de Dieu, le Seigneur Jésus Christ. Ceux dont le cœur n’incline pas à entendre la parole de Dieu non seulement ne veulent pas l’écouter, mais ne veulent pas non plus qu’elle soit entendue, ils veulent forcer l’Église à se taire. « Qu’elle se taise, disent-ils de l’Église, nous voulons bâtir notre vie comme nous l’entendons. Que les prêtres prêchent dans leurs églises, on n’en a pas besoin à la télévision, à la radio, sur internet. Qu’ils ne nous empêchent pas de vivre comme nous voulons. »

Malheureusement, il en a toujours été ainsi, aussi bien à l’époque du Seigneur et Sauveur, que par la suite, au cours des siècles, et il en sera certainement toujours ainsi.

De fait, à première vue, en quoi Jésus Christ gênait-Il les pharisiens ? Il enseignait, Il guérissait les malades, Il ne venait pas souvent à Jérusalem, ne parlait pas de prendre le pouvoir des pharisiens, ne prétendait pas s’emparer du pouvoir politique. On aurait pu s’accommoder de ce prédicateur, fermer les yeux et continuer à s’occuper de ses affaires. Mais les pharisiens ne pouvaient l’accepter, ils ne se jugèrent tranquilles qu’ils ne L’aient expulsé de leurs vies, firent tout pour Le faire disparaître.

La même chose s’est produite au cours des siècles : la voix de Dieu se fait entendre, mais il se trouve des gens pour s’y opposer. Parfois, ils semblent gagner, comme cela s’est produit il y a cent ans dans notre pays, où les athées ont pris le pouvoir et ont tenté non seulement de forcer l’Église à se taire, mais voulait aussi l’anéantir physiquement. Il y a eu d’autres temps, des temps de prospérité, où la parole de Dieu résonnait librement, et tous l’entendaient. Mais, là encore, tous ne réagissaient pas, beaucoup ne voulaient pas l’entendre et s’y opposaient.

Néanmoins, la grâce de Dieu agit d’une façon miraculeuse, et attire parfois à Dieu ceux qui ne semblaient pas du tout enclins à se laisser toucher. En effet, à première vue, qui aurait dû croire Jésus Christ ? Les leaders religieux, les croyants, ceux qui avaient lu la loi de Moïse… Mais ce sont justement eux qui s’opposèrent le plus violemment au Sauveur. Qui crut ? Les publicains et les prostituées qui, comme dit le Christ, précèdent les pharisiens dans le Royaume des cieux. Le centurion romain, qui n’avait pas été élevé dans la loi du Seigneur, était militaire, obéissait aux ordres de ses supérieurs. Mais il a été touché par la grâce de Dieu et il a prononcé la confession de foi qu’aurait dû prononcer les leaders religieux du peuple d’Israël (ce qui n’eut pas lieu) : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Mt 27, 54). C’est avec ces paroles qu’il est entré dans l’histoire évangélique, avec cette confession de foi qu’il est entré dans l’histoire de l’Église. A présent, nous vénérons ce martyr comme un saint qui entend nos prières, guérit nos maladies et vient à notre aide dans de nombreuses circonstances de la vie.

Prions le Seigneur Jésus Christ pour que toujours plus d’hommes viennent à la foi par Sa parole, qui résonne aujourd’hui pour chacun. Prions saint Longin pour qu’il aide les gens à guérir non seulement de leurs maladies, mais aussi de l’aveuglement et de la surdité spirituels dont le Seigneur Jésus Christ parle à Ses disciples, expliquant la parabole du semeur. Amen.

Bonne fête à tous ! »