Le 17 octobre 2017, après trois années de restauration et de recherches, un tableau d’A. I. Ivanov, « Ambroise de Milan interdisant à l’empereur Théodose l’entrée de l’église » a été présenté à la Galerie Tretiakov. L’histoire de ce tableau est étroitement liée à celle de la Mission orthodoxe russe en Chine : il était exposé dans l’église de la Sainte-Rencontre, au métochion méridional de la Mission russe à Pékin. L’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, assistait au vernissage, ainsi que des représentants du métochion patriarcal de Chine à Moscou.

Dans son discours d’accueil, le père Nicolas a parlé à l’assemblée de certains aspects de l’histoire de la Mission orthodoxe russe en Chine, ainsi que des perspectives de développement de l’Église orthodoxe autonome chinoise. Il a insisté sur l’importance de la dimension spirituelle dans les rapports russo-chinois, aussi bien dans une perspective historique qu’à l’époque contemporaine.

Le curateur de l’exposition, S. S. Stepanova, est ensuite intervenu.

Le chœur de l’église Saint-Nicolas, dépendant de la Galerie Tretiakov, a interprété des chants à la mémoire de saint Ambroise.

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La toile monumentale du peintre Andreï Ivanov (1775-1848), spécialisé dans les sujets historiques, a été donnée à la Galerie Tretiakov en 1968, par la famille d’E. G. Arendt, veuve du grand cardiologue A. A. Arendt.

Les travaux de restauration et de recherche réalisés entre 2015 et 2017 n’ont pas seulement permis de rendre à la toile ses qualités originelles, mais aussi d’éclairer l’iconographie du sujet du tableau, ainsi que de découvrir des faits intéressants sur la composition et sur le sort de cette toile. Le peintre a représenté un épisode de la vie de saint Ambroise de Milan, qui interdit à l’empereur Théodose d’entrer dans l’église et de communier, après qu’il eut organisé un massacre sanglant parmi les révoltés de Thessalonique. Des recherches dans les archives ont permis de montrer que cette œuvre, dont le thème est extrêmement rare dans l’art russe, avait été commandée à Andreï Ivanov pour l’église de la Sainte-Rencontre de la mission orthodoxe russe de Pékin.

Fondée par le Saint-Synode au début du XVIII siècle, la Mission de Pékin est la première institution représentant l’Église russe à l’étranger. Une église en pierre a été bâtie en 1729, consacrée en 1736 en l’honneur de la fête de la Sainte-Rencontre.

Le tableau représentant saint Ambroise de Milan faisait partie d’une seconde commande effectuée pour la façade de l’église de la Sainte-Rencontre de Pékin, reçue par A. Ivanov, professeur à l’Académie des arts de Saint-Pétersbourg. Il a été envoyé à Pékin parmi quatre compositions en même temps qu’une onzième mission, en 1830.  La première commande comprenait des icônes pour l’iconostase, peintes par Ivanov en 1823. Ainsi, le peintre a-t-il réalisé en tout dix-huit œuvres pour l’église de la Sainte-Rencontre, dont le destin, de même que les circonstances de l’heureux retour du tableau « Ambroise de Milan » en Russie, sont toujours inconnus. Au XX siècle, la Mission orthodoxe russe a subi de violentes persécutions, beaucoup de bâtiments ont été détruits, et les œuvres d’art qu’ils contenaient sont perdus. Le bâtiment de l’église de la Sainte-Rencontre était encore debout en 1986, date à laquelle il a été détruit, pour être remplacé par le Tribunal suprême de la RPC.