Le 2 octobre 2017, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, actuellement en visite primatiale au diocèse de Tachkent de la métropole d’Asie centrale, est arrivé à Boukhara.

Le primat de l’Église russe est accompagné par : le métropolite Vincent de Tachkent et d’Ouzbékistan, chef de la région métropolitaine d’Asie centrale, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le métropolite Cyrille d’Ekaterinbourg et de Verkhotourié, l’archevêque Serge de Solnetchnogorsk, directeur du Secrétariat administratif du Patriarcat de Moscou, V. R. Legoïda, président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias, le prêtre Alexandre Volkov, directeur du Service de presse de patriarche de Moscou et de toute la Russie.

Sa Sainteté était attendue à l’aéroport par : le conseiller d’état du président de la République d’Ouzbékistan, R. T. Kamilov, le président du Comité des affaires religieuses auprès du Cabinet des ministres de la République d’Ouzbékistan, A. A. Youssoupov, le vice-ministre des Affaires étrangères de la République d’Ouzbékistan, S. P. Niazkhodjaev, l’ambassadeur de la Fédération de Russie en République d’Ouzbékistan, V. L. Tiourdeniev, le président de la Direction spirituelle des musulmans d’Ouzbékistan, le mufti Ousmonkhon Alimov, le gouverneur de la région de Boukhara, U. I. Barnoïev.

Depuis l’aéroport, le primat de l’Église russe s’est dirigé vers l’église Saint-Michel de Boukhara, où Sa Sainteté était attendue par le prêtre Léonide Petrov, recteur de la paroisse, le clergé et de nombreux fidèles. Le père Léonide a prononcé un discours d’accueil dans l’église et offert à Sa Sainteté un souvenir, confectionné par les artisans de Boukhara.

Ensuite, le primat, les hiérarques et le clergé sont sortis sur le parvis. Le métropolite Vincent de Tachkent et d’Ouzbékistan, chef de la métropole d’Asie centrale, a salué le patriarche.

Sa Sainteté s’est ensuite adressée aux croyants :

« Éminence, Monseigneur Vincent ! Messeigneurs, chers pères, frères et sœurs !

Je suis heureux de vous saluer et j’éprouve une grande joie à vous rencontrer, car cette rencontre a une grande importance pour moi. Certes, j’ai lu sur Boukhara, je connais l’histoire de cette ville, son importance culturelle, ainsi que l’importance de Boukhara pour les musulmans, mais je ne pensais pas pouvoir jamais la visiter ni rencontrer sa communauté orthodoxe. Je suis heureux de voir vos visages radieux, sur lesquels se reflètent votre foi, votre espérance et votre charité.

Nous sommes tous appelés par le Seigneur et Sauveur à vivre selon Sa volonté, selon Son dessein, selon Ses lois. Lorsque l’homme s’efforce de vivre conformément à la loi divine, il acquiert l’essentiel, il devient heureux. Je dis très souvent que ni l’instruction, ni l’argent, ni la position sociale, ni le pouvoir n’offrent à l’homme le bonheur, car le bonheur est dans l’âme, dans le cœur. Chacun le sait. L’augmentation de la prospérité matérielle est certes utile pour assurer des conditions de vie dignes, mais elle est loin d’aller toujours de pair avec ce que nous appelons le bonheur.

L’homme est ainsi fait, et malheur à celui qui ne le comprend pas, qui ne s’appuie que sur des facteurs externes et n’aspire qu’à bien organiser sa vie, croyant que cela est suffisant. Nullement ! Lorsque nous vivons avec Dieu, même des circonstances extérieures difficiles sont faciles à surmonter car le Seigneur nous donne une grande force intérieure. Cette force, nous la reconnaissons lorsque nous venons à l’église, lorsque nous communions aux Saints Mystères du Christ, lorsque nous lisons l’Évangile et que nous nous laissons pénétrer de la parole de Dieu.

Il est très important que la religion de notre peuple, notamment pour ceux qui ne vivent pas en Russie même, ne soit pas une religion de coutume : tu es russe, donc tu dois être orthodoxe. Ils sont trop nombreux ceux qui se disent orthodoxes, mais ne viennent que très rarement à l’église, dont la foi reste à la périphérie ! Pour s’appuyer pleinement sur le potentiel de notre foi, nous devons être actifs dans notre confession de foi. Cette activité, nous la manifestons en venant à l’église, en priant tous les jours, en nous adressant à Dieu chaque fois que notre âme est dans la tristesse. Le Seigneur, en réponse à notre foi, à nos prières, nous donne Sa miséricorde. La religion doit être vivante. On ne peut pas être croyant de dimanche en dimanche. Pourtant, certains ne se souviennent de Dieu que quelques fois l’an. Le croyant vit de sa foi, elle est le fondement de ses rapports avec son entourage. Voilà la tâche principale du pasteur : éveiller chez ses ouailles cette foi, cette aspiration à être avec Dieu et à bâtir sa vie sur la loi divine.

Chacun de nous a des rêves, des désirs, des espoirs. Dieu fasse que, par la force de Dieu, nos meilleures attentes, nos meilleurs espoirs et nos rêves se réalisent. Je souhaite à chacun une bonne santé physique et morale. Je souhaite à chacun de préserver la paix dans sa famille, de bien éduquer ses enfants et ses petits-enfants. Les idées les plus importantes qui se sont transmises depuis le début de l’histoire humaine, ont été transmises de génération en génération, avant tout par les parents, car ce sont les parents qui éduquent les enfants dès le début de leur vie, qui forment leur caractère, leur vision du monde. Comme il est important que les enfants connaissent la foi depuis les premières années de leur vie ! Il est aussi très important qu’ils reçoivent, au fur et à mesure qu’ils grandissent, une instruction religieuse. C’est pourquoi il est nécessaire de développer l’école du dimanche, afin que le plus d’enfants possible y viennent. Mais il arrive que l’enfant fréquente l’école du dimanche et l’église avec ses parents, ses grands-parents, mais qu’à l’adolescence il cesse d’y venir, car il est emporté par le monde, et l’éducation que ses parents lui ont donnée passe au second plan. C’est pourquoi il faut que nos jeunes gens et nos jeunes filles, en entrant dans la vie adulte, gardent les habitudes de vie religieuses qui leur ont été inculquées à l’église et dans la famille.

Vous vivez au sein d’une majorité musulmane. Boukhara n’est pas une ville ordinaire. Elle possède une école de théologie connue dans le monde entier, où les grands noms du monde islamique ont fait leurs études, les théologiens musulmans qui occupent aujourd’hui une place importante. Il est donc important que vos relations avec les représentants de l’islam soient paisibles et bonnes. Comment établir la paix entre les hommes ? Si nous ne faisons pas de mal, nous pouvons compter sur de bons rapports. Les bonnes relations entre représentants de religions différentes, entre le christianisme et l’islam, sont un garant nécessaire à la prospérité civile. Dieu fasse que les gens vivent côte à côte, sans jamais devenir ennemis à cause de la religion. Dieu fasse que la paix demeure dans vos familles et autour de vous.

J’invoque la bénédiction de Dieu sur chacun de vous, et souhaite que la ville de Boukhara prospère. Que le Seigneur vous garde ! »

Le patriarche a ensuite offert une icône de la Mère de Dieu à la paroisse. Les fidèles ont reçu de petites icônes du Sauveur.

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Depuis le haut Moyen-Âge, Boukhara a été un important centre religieux et culturel du monde musulman, et, historiquement, les représentants d’autres religions n’étaient pas autorisés à s’y installer. De 1873 à 1920, époque à laquelle l’émirat de Boukhara était sous protectorat russe, des fonctionnaires de Russie (principalement des employés des chemins de fer) et des colons russes vivaient à la « Nouvelle Boukhara », aujourd’hui ville de Kagan. Une église dédiée à saint Alexandre Nevski, qui n’existe plus aujourd’hui, y avait été bâtie.

L’église Saint-Michel date de 1875. Elle fut fermée en 1929. Après le coup d’état de 1920 et la fuite de l’émir de Boukhara en Afghanistan, l’interdiction à la présence de chrétiens à Boukhara fut levée, mais la politique d’athéisme d’état empêcha l’enregistrement de la communauté orthodoxe.

Ce n’est qu’après la déclaration d’indépendance de l’Ouzbékistan, en 1992, que la paroisse orthodoxe put être enregistrée. Les offices avaient alors lieu dans des locaux impropres à la célébration.

En 1994, les autorités de Boukhara transférèrent à la communauté orthodoxe une partie des bâtiments de la gare ferroviaire désaffectée, puis, en 1997, l’ensemble du site, sur lequel fut construite l’église actuelle.