Le 24 septembre 2017, fête de saint Silouane l’Athonite, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, qui effectue une visite de travail en Grande-Bretagne, a célébré la Divine liturgie à la cathédrale de la Dormition de Londres.

L’archipasteur concélébrait avec l’archevêque Élisée de Souroge, le hiéromoine Jean (Kopeïkine), vice-recteur de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, ainsi qu’avec les clercs de la cathédrale.

A la fin de l’office, Mgr Élisée a prononcé un discours d’accueil à l’adresse du métropolite Hilarion : « Nous sommes très reconnaissants à Sa Sainteté le Patriarche de vous avoir confié la mission de poursuivre, malgré toutes les difficultés, le dialogue avec l’Église anglicane. Sauvegarder les traditions apostoliques de l’Église indivise, c’est un dur labeur. Beaucoup dépend de nous, orthodoxes, de la façon dont nous échangerons avec nos frères anglicans. Nous vous sommes aussi reconnaissants de poser la question de l’avenir du christianisme en Europe occidentale, de la place qu’il occupera. »

Mgr Élisée a chaleureusement souhaité au métropolite Hilarion les forces nécessaires, ainsi que « l’accomplissement des talents que vous possédez déjà, afin que l’Église du Christ prospère et s’affermisse, non seulement dans la patrie, mais au-delà de ses frontières, notamment dans les îles britanniques. »

Ensuite, le métropolite Hilarion a prononcé une homélie :

« Éminence, Monseigneur Élisée, chers pères, frères et sœurs,

Je transmets à tous la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. Un peu moins d’une année s’est écoulée depuis sa visite dans ce pays, depuis qu’il a célébré l’office dans ce saint temple. Sa Sainteté garde en mémoire cette visite et prie pour vous tous, chères pères, frères et sœurs.

Nous fêtons aujourd’hui la mémoire de saint Silouane l’Athonite, un saint récent, vénéré aussi bien dans l’Église de Constantinople que dans l’Église orthodoxe russe. Silouane l’Athonite est particulièrement vénéré dans ce pays, car c’est ici qu’a vécu de longues années et fini ses jours son disciple le plus proche, l’archimandrite Sophrony (Sakharov), grâce auquel l’enseignement de saint Silouane et sa personnalité ont été révélés au monde entier.

Saint Silouane l’Athonite vécut à l’époque des persécutions en Russie. Il mourut en 1938, alors que le clergé était massivement exterminé sur tout le territoire de ce qui était alors l’Union soviétique.

Saint Silouane vivait au monastère Saint-Pantéléimon du Mont Athos. De son vivant, peu de gens connaissait ses exploits spirituels. C’est après la publication de ses notes par le père Sophrony, et celle du livre qu’il lui consacra, que le monde entier apprit à connaître cet ascète de l’Athos. Il se trouva que l’expérience spirituelle qu’il vécut loin des évènements terribles qui frappaient alors notre patrie, était valable pour beaucoup de nos contemporains.

Silouane l’Athonite vivait toujours avec Dieu, il ne cessait jamais de prier, ni une minute, ni une seconde. Son âme était totalement attachée à Dieu, il ne restait en lui aucun souci terrestre ou quotidien. Toute sa vie était soumise à ce que saint Séraphin de Sarov appellait l’acquisition du Saint Esprit. Ce n’est pas un hasard si saint Silouane prête une attention particulière à la doctrine de la grâce de l’Esprit Saint dans ses écrits, car il fit l’expérience de cette grâce.

L’un des principaux thèmes des écrits de saint Silouane l’Athonite est l’humilité. Peu de nos gens savent, à notre époque, ce qu’est l’humilité, à quoi elle sert et quelle est sa valeur. Pourtant, rappelons-nous les paroles de notre Seigneur Jésus Christ, au début du Sermon sur la montagne, et que nous entendons à chaque liturgie : « Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux » est à eux (Mt 5, 3). Les pauvres en esprit, comme l’Église l’enseigne depuis ses débuts, ce sont les humbles et les doux.

Souvenons-nous aussi de ces autres paroles du Seigneur Jésus Christ : « Laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. » (Mt 11, 29). Ces paroles semblent à beaucoup un idéal impossible à atteindre, car il semble que parvenir à l’humilité dont parle le Seigneur Jésus Christ et qu’enseignaient les Pères est impossible à notre époque. Beaucoup ne comprennent d’ailleurs sincèrement pas à quoi sert l’humilité et en quoi elle consiste.

Certains pensent que l’humilité consiste en signes extérieurs : un air modeste, des paroles, des attitudes. En réalité, l’humilité est une qualité intérieure qui grandit en l’homme à mesure qu’il prend conscience de la proximité de Dieu. Quand quelqu’un porte Dieu dans son esprit et dans son cœur, il ne reste pas en lui de place pour l’orgueil, car il ne s’attribue pas ses talents à lui-même, mais au Seigneur. Il comprend que tout ce qu’il possède dans cette vie lui est donné par le Seigneur, qui peut le lui reprendre, comme le dit Job lorsque Dieu lui eut repris tout ce qu’il avait.

Nous vivons dans un contexte de proximité permanente avec la mort. Nous n’y pensons pas souvent, car beaucoup d’entre nous, en particulier les jeunes, croient que la mort est loin, qu’elle n’est pas pour maintenant. Toutes nos pensées sont occupées par la vie terrestre. Beaucoup pensent pouvoir se repentir plus tard et n’avoir pas tellement besoin de l’humilité pour l’instant, car il faut se battre pour survivre, pour réussir. Comment réussir en s’humiliant devant tout le monde, en faisant sans cesse des concessions ?

Mais le Seigneur nous rappelle parfois la présence de la mort, l’existence de la vie éternelle, Il nous rappelle qui est vraiment le Seigneur et Maître de ce monde. Cela peut être par la mort d’un proche, qui nous plonge dans l’affliction, ou par une maladie qui nous atteint. Alors nous nous humilions devant Dieu. Mais pour s’humilier, il n’y a pas besoin d’attendre un coup dur, un malheur, qu’il arrive une catastrophe dans notre vie ou dans celle de nos proches. Il suffit de se souvenir que tout ce que nous avons-nous est donné par Dieu. Le Seigneur peut aussi bien nous reprendre tout ce qu’Il nous aura donné, si nous ne sommes pas assez zélés. Comme l’homme de la parabole d’aujourd’hui, auquel le Seigneur avait donné un talent, et qui l’avait enterré.

Le Seigneur nous appelle à la fois à faire fructifier nos talents, à ne pas les enterrer, et à rester humbles, à ne rien s’attribuer. Saint Silouane l’Athonite, un saint de notre temps, est un maître d’humilité pour des milliers et des millions de gens. Par sa vie, par son expérience, par ses écrits, il montre ce qu’est l’humilité et à quoi elle sert.

Je souhaite que vous trouviez tous le temps aujourd’hui de relire les écrits de saint Silouane. Ceux qui ont le livre Starets Silouane, ouvrez-le et lisez le chapitre sur l’humilité ; ceux qui n’ont pas ce livre, cherchez-le sur internet et lisez ce chapitre. Vous tirerez un grand profit spirituel des paroles de ce grand ascète dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire.

Je souhaite que le souvenir du Seigneur ne vous quitte jamais, afin que nous vivions toujours avec le sentiment de la présence du Seigneur, comme a vécu saint Silouane l’Athonite. Afin que nous réchauffions toujours en nous l’amour de Dieu et, par cet amour, acquerrions l’humilité, ce don divin sans lequel il est impossible d’entrer dans le Royaume des cieux. »

Après la Divine liturgie, le métropolite Hilarion et l’archevêque Élisée ont inauguré une exposition de photos sur la visite primatiale de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies en Grande-Bretagne. Les paroissiens ont pris connaissance de l’édition anglaise du livre du patriarche Cyrille Le mystère de la repentance, dont la présentation a eu lieu le 22 septembre à la résidence de l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Grande-Bretagne.