Éminences, vénérables prêtres et diacres, pieux moines et moniales, chers frères et sœurs !

En cette sainte nuit, je vous salue tous cordialement et vous félicite de tout cœur à l’occasion de cette grande fête de la Nativité du Christ, fête de l’accomplissement de l’antique promesse du salut du genre humain, fête de l’amour ineffable du Créateur pour Sa création, fête de l’avènement au monde du Fils de Dieu, du Messie.

Les saints Pères ont beaucoup parlé dans les siècles passés du mystère de l’Incarnation divine. Aujourd’hui, comme eux autrefois, nous entendons les prières et les chants de l’Église, nous écoutons avec dévotion la Sainte Écriture nous raconter ce glorieux évènement. Et nous ne cessons de nous émerveiller de cet admirable miracle.

Réfléchissant à la Nativité du Christ, saint Syméon le Nouveau Théologien écrit : « Dieu est venu dans le monde, (…) unissant la nature divine à la nature humaine, pour que l’homme devienne dieu, et que la Sainte Trinité demeure mystérieusement en cet homme devenu dieu » (Homélie 10). Saint Ephrem le Syrien parle ainsi de l’Incarnation divine : « Maintenant la Divinité a posé sur Elle le sceau de l’humanité, pour que l’humanité soit ornée du sceau de la Divinité » (Hymne sur la Nativité).

A l’écoute de ces sages paroles, demandons-nous de quelle façon nous pourrions être marqués du sceau divin ? Comment parvenir à cette ressemblance divine à laquelle sont appelés les hommes depuis la création du monde ? Comment vivre pour que le Christ soit formé en nous (Gal 4, 19) ? La réponse est simple : suivons les commandements du Sauveur. Avec l’apôtre Paul, je m’adresse à chacun de vous, très chers, « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ » (Gal 6, 2). Que l’amour recouvre tout, et vous trouverez la paix de l’âme et la quiétude. Soyez magnanimes envers tous, et la joie s’établira en vous, une joie que « personne ne pourra vous enlever » (Jn 16, 22). « Par votre persévérance, vous sauverez votre âme » (Lc 21, 19), et vous hériterez de la vie éternelle.

Combien il est important que nous, chrétiens, ne nous contentions pas d’appeler les autres à suivre de grands idéaux moraux, mais nous efforcions nous-mêmes de les incarner dans notre vie quotidienne, avant tout par le service du prochain. Et alors, par la miséricorde de Dieu, nous aurons en nous les vrais fruits de l’esprit : amour, joie, paix, longanimité, bonté, miséricorde, foi, douceur, sobriété (Gal 5, 22-23).

« Veillons les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres » (Heb 10, 24). En surmontant les conflits et les divisions, nous portons au monde la prédication la plus convaincante de la naissance du Sauveur et témoignons par les œuvres de la beauté extraordinaire et de la puissance spirituelle de la foi orthodoxe.

Nous entrons dans l’année 2017. Exactement cent ans nous séparent des évènements qui ont radicalement modifié le cours de l’histoire de la Russie, ce grand pays multinational, l’entraînant dans la folie de la guerre civile, lorsque les enfants se soulevèrent contre leurs pères et que les frères levèrent l’épée contre le frère. Les pertes et les afflictions qui ont suivi, par lesquelles est passé notre peuple, ont été pour beaucoup déterminées par la destruction d’un état vieux d’un millénaire et par la lutte contre la foi religieuse, qui causèrent une profonde scission au sein de la société.

Nous nous rappelons avec émotion et dévotion les exploits des nouveaux-martyrs et des confesseurs de l’Église russe, par les prières desquels, nous le croyons, le Seigneur n’abandonna pas notre peuple et lui donna la force d’accomplir de grandes œuvres et de grands exploits militaires amenant à la victoire dans la plus terrible des guerres, à la restauration du pays, à des réalisations forçant l’admiration.

Nous remercions le Seigneur d’avoir manifesté au monde ce miracle : la résurrection de la foi et de la piété dans notre peuple, la restauration des sanctuaires profanés, les nouvelles églises et les monastères dont la construction est en soi un signe visible des profondes transformations qui se sont produites dans les cœurs.

Il y a eu dans nos vies, ces dernières décennies, bien des difficultés et des épreuves, et il y en a encore beaucoup. Mais elles sont passagères, et n’effraient donc pas. L’expérience du siècle passé nous a beaucoup appris et elle doit nous prémunir contre bien des maux.

Suivons sans crainte la voie du salut, car Dieu est avec nous. Affermissons-nous dans la foi, car Dieu est avec nous. Croissons dans l’amour et accomplissons de bonnes œuvres, car Dieu est avec nous.

Mettons toute notre espérance en Dieu, car Il est « le rocher des siècles » (Is 26, 4) et, selon le témoignage de l’apôtre Pierre, « il n’y a de salut en aucun autre » (Ac 4, 11) Que la lumière du Christ éclaire toujours le chemin de notre vie terrestre, et que ce chemin nous amène au Royaume céleste, préparé par le Seigneur à ceux qui L’aiment.

Nous réjouissant spirituellement aujourd’hui avec vous tous, qui vivez dans différents, pays, différentes villes et différents villages mais qui constituez l’unique Église du Christ, j’aimerais souhaiter dans la prière à chacun de vous la santé de l’âme et du corps, la paix dans vos familles, le succès dans vos travaux. Que le Seigneur et Sauveur né à Bethléem permette à chacun de nous de ressentir Sa présence dans nos vies avec une nouvelle force et de tout notre cœur.

Amen.

 

PATRIARCHE CYRILLE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE


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