Le 16 octobre 2016, une réception avait lieu à Londres à l’occasion du tricentenaire de l’Orthodoxie russe en Grande-Bretagne et en Irlande. L’archevêque Justin Welby, archevêque de Canterbury, et l’évêque de Londres Richard Chartres (Église d’Angleterre), l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en Grande-Bretagne A. V. Iakovenko, des représentants des Églises orthodoxes locales, de l’Église catholique romaine et d’autres confessions chrétiennes, les membres de la délégation de l’Église orthodoxe russe, des invités du diocèse de Souroge, participaient à la réception.

L’archevêque Élisée de Souroge a prononcé un discours d’accueil, ainsi que l’ambassadeur de la Fédération de Russie, A. V. Iakovenko, qui a souligné le rôle de l’église de l’ambassade de Londres et de son clergé dans le développement des relations bilatérales entre les deux pays pendant ces trois cents ans.

L’archevêque de Canterbury a accueilli Sa Sainteté le Patriarche Cyrille au nom de l’Église d’Angleterre et de l’ensemble de la Communauté anglicane. L’hymne britannique a été joué pendant la réception.

Le Primat de l’Église orthodoxe russe s’est adressé à l’assistance :

« Monsieur l’Ambassadeur,

Chers pères, frères et sœurs, mesdames et messieurs,

Nous célébrons aujourd’hui le tricentenaire de l’Église orthodoxe russe et de la présence russe en Grande-Bretagne. L’orthodoxie n’est pas une communauté nationale, mais internationale, comme le montre éloquemment l’histoire de l’Orthodoxie russe ici, en Grande-Bretagne. Il y a trois cents ans, les Russes venus en Grande-Bretagne y parfaire leurs connaissances dans le domaine maritime et acquérir de l’expérience, notamment en sciences exactes, éprouvèrent le besoin d’un soutien spirituel, et il apparut nécessaire de fonder ici une paroisse.

L’ambassadeur russe prit l’initiative d’inviter un prêtre pour la paroisse russe. Quel prêtre, à votre avis ? Le prêtre grec de l’Église d’Alexandrie. Ce prêtre grec fut le père spirituel des Russes en Grande-Bretagne, sans que cela troublât personne, ni à Saint-Pétersbourg, ni à Londres : cela paraissait tout naturel. Il n’y a qu’une seule Église orthodoxe. Grecs, Arabes, Slaves d’autres nationalités, tous nous formons une seule Église. Je regrette qu’aujourd’hui, aucun ambassadeur du monde, ni russe, ni grec, n’ait l’idée d’inviter un prêtre qui ne soit pas de sa nationalité pour célébrer dans sa paroisse.

Nous avons choisi une voie qui ne permet guère de comprendre la dimension universelle de l’Orthodoxie. Je pense que viendront des temps où nous devrons revenir à cette conscience d’appartenir à une seule Église orthodoxe universelle. Je dois souligner encore une fois, avec la plus profonde reconnaissance, le rôle des ecclésiastiques qui, dans le passé, ont pris soin des fidèles russes durant 300 ans. Le rôle de la paroisse russe est évidemment spirituellement très important pour la diaspora russe (et pas seulement), qui réside ici, dans les Îles britanniques.

Permettez-moi d’exprimer ma conviction que le jubilé d’aujourd’hui n’est pas seulement important pour les Russes orthodoxes, et pas seulement pour les orthodoxes de Grande-Bretagne. J’aimerais vraiment que ce jubilé ait aussi son importance pour l’ensemble de la société britannique, pour les rapports anglo-russes. L’identité, l’originalité, la mentalité et la spiritualité d’un peuple ne se manifestent nulle part ailleurs mieux que dans sa culture religieuse. Aucun vrai dialogue n’est possible entre nations et entre états si cette culture n’est pas comprise. Le fait que le facteur religieux soit souvent ignoré aujourd’hui dans les relations entre états et cultures est, de mon point de vue, une grande erreur : la religion est justement la source de l’identité nationale, en même temps que de la spiritualité nationale.

Si vous me demandiez pourquoi je suis venu aujourd’hui en Angleterre, je répondrais que je suis venu, naturellement, pour participer au jubilé, mais aussi pour tendre une main amicale au peuple anglais, à l’Église d’Angleterre, afin de souligner une fois encore l’importance du facteur religieux, y compris dans les relations internationales. Je suis certain que la coopération entre l’Église orthodoxe russe et les communautés chrétiennes d’Angleterre peut apporter une contribution essentielle au développement des rapports entre nos pays et nos nations. Nos efforts de doivent pas être motivés par des considérations d’ordre politique, quelle que soit notre opinion sur la politique étrangère de nos états, mais sur ce qu’il y a de commun entre chrétiens d’Orient et d’Occident.

Dieu fasse qu’aucun des troubles de ce siècle ne détruise l’unité des valeurs morales chrétiennes, afin qu’à travers ces valeurs nous continuions à nous considérer comme frères et sœurs. Pour qu’il en soit ainsi, nous nous efforcerons de bien travailler. J’espère que nous le pourrons, qu’il n’est pas encore trop tard.

Que le Seigneur bénisse la Reine, l’Angleterre et l’Église orthodoxe russe. »

A la fin de la réception, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est entretenu avec les représentants des Églises orientales, parmi lesquels le chef du diocèse britannique de l’Église copte, l’évêque Angelos, l’évêque Joachim Manoukian (Église apostolique arménienne), le métropolite Mor Athanase Tom Dakkama (Église Syro-jacobite). Sa Sainteté a prononcé des paroles de réconfort à l’adresse du peuple syrien, soulignant que l’Église orthodoxe russe priait pour la fin du conflit et soutiendrait toujours ses frères de Syrie.