16.06.2016 21:58
Le Métropolite Hilarion : Il n’y a pas de raison de parler de schisme à l’intérieur du monde orthodoxe
Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a donné une interview à RIA-« Novosti ».
- Mgr Hilarion, dans la dernière déclaration du Synode de l’Église orthodoxe russe, on peut relever trois propositions principales : ajourner le Concile panorthodoxe prévu du 18 au 27 juin sur l’île de Crète afin de régler des différends, organiser à cet effet une discussion panorthodoxe, permettre à tous les évêques (ils sont plus de 700) de participer au Concile. Où et quand pourrait avoir lieu cette discussion, suivie du Concile véritablement panorthodoxe ? Quels en seraient les participants et l’ordre du jour ?
- Je pense qu’il serait relativement facile d’organiser cette discussion, à condition de le souhaiter. Aucune Église locale ne s’est prononcée contre le Concile panorthodoxe en tant que tel. Les désaccords portent uniquement sur le degré de préparation du Concile à l’heure actuelle. Le lieu de possibles concertations panorthodoxes n’est pas tellement important, l’important c’est qu’elles aient lieu. Quant au format de ces discussions, elles pourraient avoir lieu dans le cadre du Secrétariat du Saint et Grand Concile déjà mis en place, comme le propose la déclaration du Saint Synode. Cependant, ce n’est possible que dans le cas où le mode de travail de cet organe sera notablement révisé, car jusqu’à présent, il a été malheureusement inefficace. Quant aux dates possibles du Concile et aux documents qui y seront présentés, on ne pourra en parler que lorsque la préparation au Concile panorthodoxe sera vraiment terminée au niveau de toutes les Églises.
- Quelle est la probabilité que la délégation de l’Église orthodoxe russe ira en Crète aux dates prévues pour le Concile panorthodoxe ?
- Jusqu’au dernier moment, nous espérions que les causes ayant incité différentes Églises locales à renoncer à participer au Concile seraient réglées à temps. Pour notre part, nous avions proposé un moyen de résoudre les problèmes en convoquant une Conférence préconciliaire panorthodoxe d’urgence. Malheureusement, les problèmes soulevés par les Églises autocéphales ont été ignorés. Aujourd’hui, durant le temps qui reste, ils ne peuvent plus être réglés. Dans ces conditions, je ne vois pas de raison pour que l’Église russe change d’avis.
- Quant attendez-vous une réaction du Patriarcat de Constantinople à la décision du Synode de l’Église russe, et quelle doit être cette réaction ?
- Nous attendons bien sûr une réponse à la déclaration de notre Saint Synode et aux lettres adressées aux Primats des Églises orthodoxes locales. Quelle sera cette réponse, nous le saurons dans les jours qui viennent. J’espère que la réaction du Patriarcat de Constantinople et des autres Églises locales sera de s’inspirer de notre aspiration à tous à préserver l’unité de l’Église orthodoxe, à renforcer la compréhension mutuelle et la confiance entre toutes les Églises autocéphales locales.
- Ces évènements témoignent-ils d’un schisme dans la famille orthodoxe ?
- Comme je l’ai déjà dit lors du briefing qui a suivi la réunion du Synode, la situation autour de la préparation du Concile panorthodoxe reste ordinaire, bien qu’extrêmement complexe. Il n’y a pas de raison de parler de schisme à l’heure actuelle.
- A votre avis, quelles sont les raisons profondes des désaccords autour du Concile ? Du point de vue de l’Église orthodoxe russe, qu’est-ce qu’il faut encore retravailler avant le Concile dans le cadre du processus de préparation et de rédaction des documents finaux ?
- A mon avis, la principale cause de cette situation n’est pas tant dans l’existence de désaccords entre les Églises que dans l’absence d’un mécanisme efficace et permanent pour leur discussion franche et sous tous leurs aspects. Le processus préconciliaire tel qu’il fonctionnait ces dernières années rendait difficile un travail sérieux sur les documents ; les opinions des Églises autocéphales n’étaient pas suffisamment prises en compte. Finalement, ceci a causé le refus de participer au Concile de quatre Églises orthodoxes locales. Je pense que nous devons tirer les leçons de cette situation, afin qu’à l’avenir puisse être convoqué un Saint et Grand Concile auquel participeront toutes les Églises locales sans exception, et qui sera ce qu’il doit être : un témoignage de notre unité.