Le métropolite Hilarion : La sainte idée du Concile ne doit pas être bafouée
Dans une interview à la chaîne de télévision « RT », le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a expliqué pourquoi l’Église orthodoxe russe insistait sur le report du Concile panorthodoxe.
Au cours de l’entretien, qui avait lieu en anglais, Mgr Hilarion a rappelé que les Églises de Bulgarie, d’Antioche et de Géorgie avaient refusé les unes après les autres de participer au Concile, tandis que l’Église serbe en avait demandé le report.
Parmi les causes de cette décision, des désaccords dans les relations bilatérales entre les Églises locales, qui n’ont pas encore trouvé de solution. Le métropolite Hilarion a rappelé notamment que l’Église d’Antioche avait rompu la communion eucharistique avec le Patriarcat de Jérusalem à cause d’une controverse sur l’appartenance juridictionnelle du Qatar. « L’Église d’Antioche a reçu à ce sujet une réponse de Constantinople il y a seulement quelques jours. Mais cette réponse ne les a pas satisfait, c’est pourquoi ils ont décidé de ne pas se joindre au Concile panorthodoxe » a expliqué le président du DREE.
Le métropolite Hilarion a aussi rappelé que l’Église orthodoxe serbe, dans sa déclaration du 8 juin 2016, avait constaté des problèmes dans ses relations avec l’Église orthodoxe roumaine, qui a créé un diocèse sur le territoire canonique de l’Église serbe. Il y a encore une autre question, la place du Patriarcat de Géorgie dans les diptyques. « De notre point de vue, et du point de vue de l’Église géorgienne, elle doit occuper la sixième place dans l’ordre des Églises orthodoxes locales. Or, Constantinople place cette Église à la neuvième place. C’est un petit désaccord, mais historiquement parlant, cette question a son importance. » L’Église bulgare avait aussi ses raisons pour ne pas participer au Concile.
Comme le remarquait l’hiérarque, le Patriarcat de Moscou a participé à la préparation du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe depuis le début du processus préconciliaire, en 1961. « Et nous avons toujours déclaré que toutes les décisions du Concile devaient s’appuyer sur un consensus. Le consensus signifie que toutes les Églises reconnues de tous – il y en a 14 – doivent participer au Concile, et exprimer leur accord avec ces décisions, a poursuivi le métropolite Hilarion. Nous espérions qu’il en serait ainsi, et il restait une chance jusqu’à la dernière minute. Mais cela n’a pas eu lieu. Les unes après les autres, plusieurs Églises orthodoxes ont déclaré leur refus de participer. Cela veut dire qu’il n’y aura pas de consensus. Cela veut dire que le Concile ne peut pas s’appeler panorthodoxe. »
L’Église orthodoxe russe a exprimé sa conviction que le seul moyen de sortir de cette situation difficile était d’ajourner le Concile, a rappelé le métropolite.
Mgr Hilarion a aussi rappelé que l’Église orthodoxe russe avait toujours insisté pour que le Concile panorthodoxe soit une continuité de l’unité panorthodoxe. « Pour que ce soit le cas, les problèmes en présence doivent être résolus avant le Concile, pas pendant, et pas après, a constaté le métropolite, regrettant que la situation actuelle ait incité plusieurs Églises à s’abstenir de participer au Concile ».
« Nous croyons que la sainte idée du Concile ne peut être bafouée, a-t-il remarqué. Il faut seulement être mieux préparé. Nous avons toujours dit qu’il fallait se préparer très sérieusement. Si une Église orthodoxe a des questions, par exemple, elle ne peut pas être ignorée. » Le président du DREE a affirmé qu’il fallait tirer les leçons de ces évènements, reconnaître les erreurs du processus préconciliaire et s’efforcer de les corriger, ce qui exige à la fois du travail et de la patience.