Le 22 avril 2016, un symposium intitulé « La religion suivant l’approche des sciences philosophiques, théologiques et religieuses : problèmes de détermination du sujet de l’expertise » a eu lieu à l’Académie populaire russe d’économie et d’administration d’état.

Ce symposium était organisé par le département des relations entre l’état et les confessions religieuses de l’Institut d’administration de l’état, de l’Académie susdite, et par le Centre « Religion et société » de l’Institut des sciences sociales de cette même Académie avec la participation de l’Association russe des centres de religiologie et le Conseil interreligieux de Russie.

Le directeur de l’Institut d’administration de l’état, I. N. Barnits, le chef du Département à l’interaction avec les organisations religieuses de la Direction présidentielle à la politique intérieure, E. V. Eremine, le chef du département des relations entre l’état et les confessions religieuses O. Y. Vassilieva, ont prononcé un discours d’accueil.

Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, recteur de l’Institut des Hautes Études Saints-Cyrille-et-Méthode, a présenté un exposé intitulé « La théologie dans l’enseignement ».

Plusieurs autres exposés ont été présentés.

Les participants ont discuté des approches contemporaines de la thématique religieuse et des perspectives de leur développement, ainsi que des formes de coopération interdisciplinaires.

A la fin de la séance, le métropolite Hilarion s’est adressé à l’assemblée :

« Chers collègues,

J’aimerais réagir aux notes alarmantes qui se sont fait entendre dans plusieurs interventions. Certains, par exemple, ont dit craindre que, pour des raisons financières, la théologie finira par absorber les sciences religieuses. On a parlé des « conséquences tragiques » de l’introduction de la théologie en tant que nouvelle discipline. Il a été dit que les théologiens utiliseront leur droit à participer aux discussions pour accuser les religiologues d’amoralité, etc.

J’ai terminé mon exposé, présenté au début de la réunion d’aujourd’hui, sur une note optimiste. Même la discussion qui a suivi ne m’a pas fait changer d’avis : il est possible de trouver un terrain d’entente, de discuter et de collaborer ; les théologiens laïcs et les spécialistes des sciences religieuses peuvent s’entendre. Bien plus, il y a du travail pour tout le monde. J’espère aussi qu’il y aura assez de finances pour tous.

J’établirais un parallèle avec un monde qui m’est proche de par ma formation initiale. Il y a la musique et les sciences de la musique. Il y a des gens qui écrivent de la musique, il y a ceux qui l’interprètent, il y a des musicologues, des critiques musicaux qui nous aident à comprendre qui est un bon compositeur ou un bon interprète, et qui ne l’est pas. Je me souviens que pendant mes études au conservatoire il existait une tension entre compositeurs et musicologues. Les compositeurs pensent que la musicologie ne sert à rien, parce que généralement les musicologues les gênent. Mais les gens ont besoin d’une évaluation critique venant de l’extérieur.

La théologie présuppose une pratique religieuse et elle « dessert » cette pratique religieuse à l’aide de concepts et de méthodes déterminés, d’un appareil méthodique et scientifique. Les sciences religieuses supposent une abstraction de la pratique religieuse. Cela ne signifie pas que les spécialistes des sciences religieuses sont forcément athées. Je suis convaincu qu’il peut y avoir des religiologues croyants, qui savent trouver un lien entre leur pratique religieuse personnelle et les approches propres à la religiologie.

C’est pourquoi, je crois qu’il est important de tracer des lignes de démarcation entre les différents espaces limitrophes. Je pense qu’aucun d’entre nous n’a intérêt à empiéter sur ces lignes de démarcation et à « arracher le pain de la bouche » des autres. Je tiens à affirmer ma certitude qu’il y a aura du travail pour tous, qu’il y aura un terrain pour la collaboration. »

Le professeur V. V. Schmidt, du département des relations nationales et fédérales de l’Institut d’administration de l’état, a fait le bilan de la séance.