Du 15 au 18 novembre, plusieurs évènements ont été organisés aux Philippines pour commémorer la mémoire des émigrés russes qui, de 1949 à 1951, trouvèrent refuge dans l’île Tubabao. Les réfugiés russes venaient de Chine, conduits par saint Jean de Shanghai.

Les descendants des réfugiés russes de Chine, résidant aujourd’hui aux États-Unis et en Australie, y compris la présidente du Conseil de coordination des communautés de compatriotes russes aux États-Unis N. G. Sabelnik, née à Shanghai, qui vécut à l’île de Tubabao avec ses parents de l’âge d’un an et demi à trois ans.

N. G. Sabelnik et T. V. Tabolina, de l’Institut d’ethnologie et d’anthropologie de l’Académie des Sciences russe, spécialiste de la diaspora russe, ont consacré leurs allocutions au thème de la présence russe à Tubabao.

Le 16 novembre, avec la bénédiction de l’évêque Serge de Solnetchnogorsk, l’higoumène Paul (Khokhlov), clerc de l’Église orthodoxe russe chargé de la paroisse Saint-Michel de Kuala-Lumpur, capitale de la Malaisie, a célébré une panikhide à la mémoire des expatriés russes morts sur l’île de Tubabao et inhumés au cimetière local. Un chœur dirigé par Nicolas Massenkov, chef de chœur à l’église Saint-Jean-Baptiste de Berkeley (Californie, États-Unis) chantait l’office. N. Massenkov fut l’élève de saint Jean à Shanghai.

Le même jour, une rencontre avait été organisée avec les enseignants et les élèves de l’école secondaire de l’île Tubabao. Un office a été célébré, après quoi, en mémoire des défunts, des icônes portant la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille ont été distribuées.

Le 17 novembre, les représentants de l’Église orthodoxe russe ont participé à l’ouverture d’un mémorial de la présence russe à Tubabao. Il s’agit de trois stèles portant des plaques venant de l’ambassade de Russie à Manille, de la représentation du Haut-commissaire aux affaires des réfugiés de l’ONU aux Philippines et de la Fondation du Président E. Quirino (6e président des Philippines ; en 1949, il accueillit les émigrés russes venant de Chine). Sur la dernière plaque, sont représentés les portraits de saint Jean et du président E. Quirino.

Tous les habitants de l’île se sont rassemblés pour la cérémonie d’inauguration du mémorial. Les personnes âgées ont rappelé avec beaucoup de respect le souvenir des émigrés russes.

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Le changement de la situation politique en Chine en 1948 força les nombreux émigrés russes résidant à Pékin, à Tianjin, à Qingdao, à Hankou et dans d’autres villes chinoises, à fuir vers Shanghai. Leur déplacement à Shanghai avait été organisé par l’Organisation internationale des réfugiés, dépendant de l’ONU, qui s’adressa aux gouvernements de différents pays, leurs demandant d’accorder un asile temporaire aux émigrés russes. Le seul état ayant répondu à l’appel fut la République des Philippines, qui permit aux réfugiés de Chine de résider temporairement sur une partie inhabitée de l’île Tubabao.

L’évacuation débuta en janvier 1949, et se termina au début du mois de mai. Environ cinq mille cinq cent personnes, hommes, femmes et enfants, principalement russes, furent transportés de Shanghai à Tubabao par la mer et par les airs.

Deux églises-tentes furent installées dans l’immense camp de réfugiés, l’une dédiée à saint Michel, l’autre à saint Séraphin. Par ailleurs, avec l’autorisation des autorités, on transforma une ancienne église militaire américaine en cathédrale, dédiée à la Mère de Dieu. En avril 1949, l’évêque Jean de Shanghai arriva sur l’île, où il demeura trois mois. Il partit ensuite pour les États-Unis et obtint que de nombreux réfugiés de Tubabao fussent autorisés à pénétrer sur le territoire d’autres pays. Les émigrés purent ainsi s’installer aux États-Unis, en Australie et dans les pays d’Amérique Latine. Après le départ du dernier groupe de migrants en 1953, le camp fut fermé.