En Allemagne, cérémonies du 70e anniversaire de la libération du camp de concentration de Dachau
Le 70e anniversaire de la libération du camp de concentration de Dachau a été célébré avec solennité sur le site même de l’ancien camp le 3 mai 2015. Le souvenir de cet évènement est généralement commémoré le premier dimanche suivant le 29 avril.
Les organisations religieuses de Munich, des représentations d’associations publiques et politiques participaient aux célébrations. A. Merkel, chancelier d’Allemagne et H. Zehofer, premier-ministre bavarois sont intervenus.
Cette année, l’anniversaire de la libération coïncide avec le 20e anniversaire de la consécration de l’église orthodoxe russe de la Résurrection du Christ, bâtie sur le site de l’ancien camp de concentration. Cette église élevée à la mémoire des victimes, est le premier lieu de culte de la paroisse de la Résurrection des villes de Dachau et de Munich.
Suivant le site du diocèse de Berlin et d’Allemagne, la Divine liturgie a été célébrée ce 3 mai avec la participation de clercs et de laïcs des paroisses orthodoxes de Munich, Nuremberg, Ulm et Kempten. D’anciens prisonniers de Dachau assistaient à l’office.
La célébration de la Liturgie était présidée par l’archiprêtre Piotr Stepanov, chef du doyenné de Bavière. Il concélébrait avec l’higoumène Maxime (Schmidt), recteur intérimaire de la paroisse de l’Intercession de Düsseldorf, recteur de la paroisse Saint-Valentin-Saint-Passicrate d’Ulm et de la paroisse de la Sainte-Rencontre d’Ahlen, l’archiprêtre Slobodan Milounovic (Église orthodoxe serbe), l’archiprêtre Nicolas Zabelitch, recteur de la paroisse de la Résurrection des villes de Dachau et de Munich et le prêtre Anatoly Schäfer, de la même paroisse.
Une procession a suivi la liturgie, après quoi l’assistance s’est réunie autour d’un repas fraternel dans les pavillons installés autour de l’église.
Le camp de concentration de Dachau fut l’un des premiers camps de concentration installés sur le territoire de l’Allemagne durant la période du Troisième Reich. Il est tristement célèbre pour les terribles tortures et les expériences médicales effectuées sur des prisonniers vivants. Par ailleurs, on y rassemblait les opposants idéologiques au fascisme et on les liquidait en masse. C’est ici, à deux kilomètres du camp, qu’ont été fusillés en masse les prisonniers de guerre soviétiques.
Le 29 avril 1945, les prisonniers du camp ont été libérés. Peu après, les anciens prisonniers de confession orthodoxe (parmi lesquels des prêtres) restés sur le territoire du camp ont organisé une célébration pascale. On connaît cet office par les souvenirs de Gleb Rar, écrivain orthodoxe de la diaspora russe, qui fut interné à Dachau. En 1945, l’Église orthodoxe fêtait Pâques le 6 mai, qui, symboliquement, est aussi la fête de saint Georges. Les croyants cousirent des vêtements sacerdotaux à l’aide de serviettes. 18 prêtres et un diacre revêtirent ces aubes. Des Serbes, des Russes et des Grecs prirent part à l’office. Malgré la misère, cet office pascal est resté dans les mémoires comme un inoubliable triomphe de l’allégresse provoquée par la libération. Cette joie pascale des anciens prisonniers est aujourd’hui transmise à leurs descendants par une étonnante icône de la Résurrection du Christ conservée dans l’église du même nom à Dachau. Elle représente le camp et ses milliers de prisonniers à la tête desquels se tient le Christ ressuscité les emmenant vers la liberté : des anges ouvrent devant eux les portes du camp.
Des recherches historiques et archéologiques témoignent aujourd’hui de l’ampleur des crimes commis dans le camp. Le clergé et les paroissiens de l’église de la Résurrection de Dachau, parmi lesquels des descendants de victimes, s’efforcent de contribuer au rétablissement et à la préservation de la mémoire des victimes innocentes de leurs pays d’origine.