Sa Sainteté le Patriarche Cyrille : l’Église a toujours été le garant de la paix et de l’unité des peuples de Russie et d’Ukraine
Le 14 mars 2014, vendredi de la deuxième semaine du Grand Carême, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a célébré la Liturgie des Présanctifiés à la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou. Après l’office, il s’est adressé aux fidèles. Le Primat de l’Église orthodoxe russe est revenu sur la crise politique qui secoue actuellement l’Ukraine.
« Aujourd’hui, toutes mes pensées vont vers l’Ukraine, parmi notre peuple fidèle qui traverse de très dures épreuves. Depuis au moins 400 ans, des tentatives de diviser le monde russe se succèdent. Lorsque nous disons monde « russe », nous n’interprétons pas ces mots comme le font nos détracteurs lorsqu’ils parlent de l’Empire russe ou de l’Union soviétique. Il s’agit du monde russe, la grande civilisation russe issue du baptistère de Kiev et qui s’est répandue sur les immenses territoires de l’Eurasie. Depuis 400 ans, cette civilisation originale fondée sur l’Orthodoxie et ses valeurs morales ne laisse pas de repos à ceux qui voient dans cette civilisation pacifique un défi à leurs propres idéaux. Et nous savons que chaque fois que l’ennemi s’est abattu sur la Patrie, ce qu’il voulait avant tout c’était diviser notre peuple et, plus particulièrement, arracher les terres du méridionales et occidentales russes à l’ensemble de ce monde.
Aujourd’hui, des états indépendants existent sur cet espace, et nous respectons leur souveraineté, leur volonté et leur désir de bâtir indépendamment leur vie nationale. Cela ne veut pas dire que l’aspiration à une souveraineté légitime, à la réalisation de cette souveraineté doit s’accompagner de la destruction de l’espace spirituel commun. Et nous prions aujourd’hui pour qu’il n’y ait jamais de confrontation militaire entre frères, pour que jamais des frères par la foi et par le sang ne se donnent la mort ni ne se détruisent les uns les autres.
C’est pourquoi la principale prière que j’élèverai aujourd’hui sera une prière de paix pour l’Ukraine, pour la paix dans les relations entre les frères vivant aujourd’hui tant en Ukraine qu’en Fédération de Russie. Notre Église a toujours été le garant de cette paix et de cette unité, et Dieu fasse qu’elle ne soit pas anéantie par des forces politiques extérieures.
J’aimerais dire avec une joie particulière que tous les Patriarches orthodoxes, tous les Primats des Églises orthodoxes ont unanimement déclaré qu’il ne pouvait y avoir d’autre solution au problème ukrainien qu’une solution pacifique. Il ne doit pas y avoir de tentative de s’emparer par la force, que ce soit la force politique ou la force physique, les églises et les monastères. Et il n’y a pas d’autre voie pour surmonter le schisme que le retour des schismatiques dans le sein de l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Les chefs de toutes les Églises ont signé ces propositions, personne n’a protesté, personne n’a rien proposé d’autre, et ce signal doit aujourd’hui être entendu partout, en Russie, en Ukraine et dans le monde entier.
Nous saluons la disposition de notre Église à entamer des négociations avec ceux qui demeuraient dans la division, sur la base des principes formulés par la Synaxe, cette réunion des chefs des Églises orthodoxes autocéphales. J’espère vivement que cette position panorthodoxe sera respectée et que personne ne s’élèvera contre la voix de l’Orthodoxie universelle.