Le 9 février 2014, Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou a reçu au kremlin de Moscou Gjorge Ivanov, Président de la République de Macédoine.

Le président macédonien était accompagné de Boris Josifovski, secrétaire général du cabinet du Président de Macédoine, de Darko Kostadinovski – conseiller d’état en politique étrangère et d’Iliya Isajlovski, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Macédoine en Fédération de Russie.

Le Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou était représenté par l’archimandrite Philarète (Boulekov), vice-président du DREE et A. Khochev, du Secrétariat au DREE aux relations interorthodoxes.

Après avoir salué son hôte, le Primat de l’Église orthodoxe russe a rappelé l’histoire commune des deux peuples, remontant aux saints Cyrille et Méthode. La ville d’Ohrid, d’où les Russes ont reçu les premiers livres en slavon, était « la Jérusalem intellectuelle de tous les Slaves ». « L’Église orthodoxe russe associe étroitement la Macédoine à la mission de saint Cyrille et à notre patrimoine spirituel et culturel commun » a souligné le Patriarche Cyrille.

Énumérant ensuite différents évènements historiques, Sa Sainteté a constaté : « L’Empire russe s’est toujours efforcé de défendre le peuple macédonien, de défendre les lieux importants pour l’ensemble de l’Orthodoxie qui se trouvent sur le territoire de votre pays. Le soutien des peuples orthodoxes était une priorité dans la politique étrangère. La position des autorités russes au début du XX siècle consistait à empêcher la partition de la Macédoine après les différents bouleversement ayant affecté les Balkans ».

Le Patriarche Cyrille a rappelé que l’on fêterait cette année le vingtième anniversaire des relations diplomatiques entre la Fédération de Russie et la République de Macédoine. Donnant une haute appréciation du niveau de relations culturelles entre les deux pays, le Primat de l’Église orthodoxe russe a souligné que les pèlerinages effectués par les Macédoniens en Russie et par le Russes en Macédoine en étaient un élément important.

L’entretien a aussi abordé la question des expatriés. Comme on sait, après les évènements tragiques de la révolution d’Octobre, de nombreux Russes ont quitté la Russie et une partie d’entre eux s’est installée sur le territoire de l’actuelle Macédoine. Suivant différentes estimations, les Russes dans ce pays sont actuellement 48 000. Le Patriarche Cyrille de Moscou a constaté avec reconnaissance que l’état et le peuple macédonien se montraient accueillants envers les populations russophones résidant sur leur territoire.

Parmi les autres thèmes abordés, figurait également la situation de l’Orthodoxie en Macédoine. Sa Sainteté a affirmé que le rétablissement du statut canonique de l’Église orthodoxe macédonienne, plus que tout autre assurerait la préservation de l’identité nationale, culturelle et religieuse du pays. Le règlement de ce problème s’avère donc particulièrement important. On doit en venir à bout grâce à un dialogue fraternel avec l’Église orthodoxe serbe.

Le Patriarche a parlé du rôle que pourrait jouer l’Église orthodoxe macédonienne dans la résolution de nombreux problèmes interreligieux délicats. En ce sens, le règlement de sa situation canonique acquiert également une importance particulière.

Parlant des contacts culturels, Sa Sainteté a évoqué les échanges d’étudiants mis en place l’an dernier.

Le Patriarche Cyrille s’est ensuite arrêté aux modifications alarmantes apportées par plusieurs états européens à leurs législations familiales. La notion de famille comme union d’un homme et d’une femme, la question de la morale personnelle et familiale sont remises en cause. Le Patriarche a déploré ces évolutions et la destruction de l’institut du mariage dont dépend l’avenir du genre humain. Il s’est dit certain que la majorité absolue des Européens étaient inquiets de ces changements mais n’étaient pas entendus. Il s’est demandé à quel point les gens, y compris sur le continent européen, pouvaient aujourd’hui librement exprimer leur point de vue dans le cas où il se démarquerait du point de vue des élites politiques et financières. « De nombreux Européens prennent conscience de ce que cela peut se terminer par une catastrophe de civilisation » a constaté le Patriarche Cyrille.

« En tant que croyant, je suis convaincu de ce que la seule loi qui est la loi de la vie et sans laquelle la vie ne peut pas exister est la loi morale que Dieu a inscrite dans la nature humaine, a poursuivi le Primat de l’Église russe. Si elle est détruite, c’est la vie qui se détruit. Les récits bibliques de Sodome et Gomorrhe en sont un exemple éclatant, de même que le récit du déluge. Ces exemples nous disent que ce mode de vie n’est pas viable, il va à l’encontre de la volonté divine et donc contre la vie elle-même. L’humanité finira bien par le comprendre, mais combien y aura-t-il eu de victimes et de souffrances auparavant ? » Suivant le Patriarche, l’Église doit dire à la société contemporaine ce qu’elle peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire pour ne pas enfreindre la loi divine.

L’euthanasie, désormais inscrite dans la jurisprudence de plusieurs pays d’Europe occidentale, contredit également la loi de Dieu. « Nous sommes horrifiés d’apprendre que le Parlement belge examine actuellement un projet de loi sur l’euthanasie des enfants, a souligné le Patriarche Cyrille. Aujourd’hui, des services d’euthanasie mobile apparaissent en Europe. Il y avait jusqu’à présent un service d’aide médicale d’urgence, qui aidait les gens à survivre, il y maintenant un service d’euthanasie, pour aider les gens à mourir rapidement ».

Sa Sainteté a parlé de la pression exercée sur les pays balkaniques pour qu’ils adoptent le modèle occidental. Le Patriarche Cyrille a mentionné les gays-parades en Slovénie et en Croatie, organisées contre la volonté du peuple. Il a rappelé que la Cour européenne des droits de l’homme avait déclaré que la législation grecque, qui ne prévoit pas les mariages homosexuels, ne correspondait pas à la Convention européenne des droits de l’homme. « Nous voyons là une intervention très dure de l’état dans la vie spirituelle. En Union soviétique, nous avons vécu une période où… les gens étaient condamnés à cause de leur foi. Aujourd’hui, nous canonisons les martyrs du XX siècle. Notre exemple témoigne de ce qu’aucune pression politique ne peut vaincre l’homme, ni ses opinions religieuses, s’il ne le souhaite pas lui-même. »

De son côté, le président macédonien s’est dit heureux de rencontrer le Patriarche Cyrille. Il a souligné que les liens entre les deux pays existaient depuis plusieurs siècles. Il a ensuite parlé de l’importante contribution des émigrés ruses à la vie spirituelle et culturelle du peuple macédonien.

Le chef de l’état a exprimé ses condoléances suite à l’attentat perpétré ce jour même à Sakhaline, alors qu’un criminel avait ouvert le feu dans une église, tuant deux personne et en blessant six.