Le 6 juin, après la visite du monastère de Chilandar, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie s’est dirigé par voie de mer vers le monastère de Vatopedi, devant les portes duquel l’attendaient l’archimandrite Ephrem, higoumène du monastère, et les membres de la communauté.

Le Patriarche a célébré un office d’intercession, auquel assistaitent le métropolite Apostol de Milet, représentant du Patriarcat de Constantinople sur la Sainte Montagne, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archevêque Théognoste de Serguiev Possad, supérieur de la Laure de la Trinité-Saint-Serge, l’évêque Serge de Solnetchnogorsk, directeur du Secrétariat administratif du Patriarcat de Moscou, l’archimandrite mégaloschème Élie (Nozdrine), les clercs et laïcs membres de la délégation officielle de l’Église orthodoxe russe, parmi lesquels A. Beglov, représentant plénipotentiaire du Président de la Fédération de Russie pour le District autonome du Centre, L. Sloutskiy, président de la Commission de la Douma d’État aux affaires de la CEI et aux liens avec les expatriés, ainsi que le gouverneur de l’Athos, Aristos Kazmiroglou, le consul général de Russie à Salonique A. Popov, les membres de la communauté et de nombreux pèlerins.

L’higoumène Ephrem a salué le Patriarche Cyrille, lui disant sa joie de l’accueillir et rappelant qu’il avait eu le bonheur d’apporter en Russie la principale relique de Vatopedi, la Ceinture de la Mère de Dieu, qu’environ 4 millions de personnes étaient venues vénérer pour ce qui fut le plus grand rassemblement de l’histoire mondiale. Les miracles se poursuivent aujourd’hui encore, a raconté l’archimandrite et « nous avons été témoin de la force du peuple russe orthodoxe. (…) De fait, l’Église russe, la plus nombreuse, a une grande force et une grande influence dans le monde ». L’archimandrite a également retracé l’histoire des liens rattachant le monastère de Vatopedi à la Russie, constatant la nécessité de l’unité au sein de l’Orthodoxie.

Le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a ensuite prononcé un discours. Il a insisté à son tour sur les liens entre la Russie et le Mont Athos, parlé de la venue de la Ceinture de la Mère de Dieu qui « a manifesté au monde entier le grand miracle de la renaissance de la foi dans un peuple duquel on avait cherché à l’éradiquer pendant 70 ans ». Parlant des miracles opérés par la prière devant la Vénérable relique, il a ajouté : « Cet évènement a permis à beaucoup de comprendre la signification et la force de la foi. Gardant le souvenir de cet évènement, les croyants de Russie, d’Ukraine et des autres pays dont l’Église orthodoxe russe a la charge regardent l’avenir avec espérance. Et ce malgré les nombreux cas d’apostasie dans le monde entier, malgré les crises qui embrasent aujourd’hui la planète, bien que beaucoup perdent espoir dans l’avenir, bien que la vérité et le mensonge s’emmêlent dans les consciences, bien que la notion même de vérité soit en passe de disparaître et que le genre humain est lui-même en grand danger, nous vivons d’espérance, car (…) Dieu est plus puissant que le diable et Il a vaincu le mal par la force de sa résurrection. »

S’adressant à l’archimandrite Ephrem, Sa Sainteté a dit sa joie de le voir au milieu de sa communauté « et que certaines circonstances dangereuses pour votre vie personnelle appartiennent maintenant au passé grâce à Dieu ».

Après un échange de cadeaux, le Patriarche a visité l’église de l’Annonciation et vénéré l’icône de la Mère de Dieu « Joie et consolation ».

Un repas a ensuite été partagé, après lequel Sa Sainteté a de nouveau adressé quelques mots à la communauté. « Le monastère de Vatopedi est l’un des centres de la spiritualité orthodoxe, il réunit des gens de différentes nationalités (…) L’idéal proposé par la civilisation contemporaine consiste à amasser des moyens financiers afin de les dépenser ensuite pour son plaisir. L’Église invite cependant les gens à vivre non pas selon la chair, mais selon l’esprit. Et ce qu’elle enseigne est plus difficile à assimiler que la propagande de la culture contemporaine qui s’adresse à la chair (…) Les gens travaillent à apprendre un métier, à suivre une formation, à atteindre certains résultats. On pourrait en dire autant de la vie spirituelle. Mais si nous sommes prêts à plancher sur nos manuels et à étudier pour apprendre un métier, nous ne sommes pas toujours prêts à consacrer du temps au perfectionnement de notre vie spirituelle. C’est la voie étroite dont parlait le Seigneur. (…) Dans ce sens, les moines vont de l’avant, c’est pourquoi les gens sont attirés par les monastères : chacun a besoin d’être conduit, souhaite que quelqu’un l’aide à monter sur ce sentier ardu. Les moines ont donc une grande responsabilité (…) Je suis venu au Mont Athos pour la première fois en 1971. Le monachisme était alors en plein déclin (…) Grâce à Dieu, de grands changements se sont produits dans la vie de la Sainte Montagne, ce qui témoigne du besoin de vie spirituelle (…) »

Au cours du repas, le métropolite Apostol de Milet, représentant du Patriarcat de Constantinople au Mont Athos, qui accompagne le Primat de l’Église orthodoxe russe durant son pèlerinage sur la Sainte Montagne, a également pris la parole. Il a rappelé les souvenirs de sa première rencontre avec le Patriarche Cyrille, il y a plus de 30 ans.

Le gouverneur de l’Athos, Aristos Kazmiroglou s’est exprimé à son tour, souhaitant la bienvenue à Sa Sainteté.

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Le monastère de Vatopedi est l’un des plus anciens, des plus riches et des plus grands monastères du Mont Athos. Il est situé dans une petite baie au nord-est de l’Athos.

Suivant la légende, il a été fondé par l’empereur Constantin durant la première moitié du IV, mais a été ensuite détruit par l’empereur Julien l’apostat. En 802, le monastère est ruiné une seconde fois par les arabes. Il est reconstruit au X siècle par trois frères, Athanase, Nicolas et Antoine.

Le catholicon a été bâti au X siècle et consacré à l’Annonciation de la Mère de Dieu. On y conserve des fresques et des mosaïques du XIV. La bibliothèque recèle l’une des plus riches et des plus rares collections de manuscrits et de livres. Le monastère possède de nombreuses reliques. Il compte aujourd’hui 120 moines.