Le 17 avril 2012, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou a participé à la Conférence internationale intitulée « Lectures stolypiniennes. Les voies de la modernisation en Russie : de Stolypine à nos jours ». La conférence avait lieu à l’Académie russe de l’économie nationale et du service d’état près le Président de la Fédération de Russie à Moscou. L’évènement était organisé par le Ministère du développement économique russe, l’Académie russe de l’économie nationale et du service d’état et la Fondation d’études du patrimoine de P. A. Stolypine.

Lors de l’ouverture sont intervenus V. Y. Sourkov, vice-président du Gouvernement de la Fédération de Russie ; V. I. Matvienko, président du Conseil de la Fédération de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie ; P. Pojigaïko, président de la Commission de la Chambre sociale de Russie à la culture et à la conservation du patrimoine historique et culturel, président de la Fondation d’études du patrimoine de Stolypine ; Yu. Petrov, directeur de l’Institut d’histoire russe de l’Académie des sciences russe ; V. Maou, recteur de l’Académie russe l’économie nationale et du service d’état près le Président de la Fédération de Russie ; A. Klepatch, vice-ministre du développement économique russe ; M. Zourabov, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en Ukraine ; V. Moutiyan, délégué du Cabinet des ministres d’Ukraine à la collaboration avec la Fédération de Russie, les pays de la CEI, l’Entente économique eurasienne et d’autres associations régionales.

Le vice-premier ministre du gouvernement russe, V. Sourkov, a prononcé un discours d’ouverture. Il a souligné que les aspects les plus importants et les plus forts de la politique appliquée par P. Stolypine étaient « le respect des traditions, le respect de son propre pays, le respect du caractère de son peuple en même temps que la volonté de réaliser des transformations indispensables dans l’intérêt même de ce peuple ». La lutte qui opposa alors Stolypine aux extrémistes politiques est une leçon absolument nécessaire aujourd’hui, dans la mesure où la Russie est toujours vulnérable face à ces tendances, a constaté V. Sourkov. « Nous espérons surmonter ces phénomènes négatifs » a-t-il poursuivi. Selon lui, le courage personnel et résistant à toutes les épreuves de Stolypine qui « est resté fidèle à ses convictions jusqu’à la fin, s’opposant pratiquant seul aux tendances complexes et contradictoires du temps » peut et doit servir d’exemple à nos contemporains. « Quoique nous pensions de cette figure historique et de son œuvre, certains étant sceptiques, d’autres enthousiastes, d’autres encore raisonnant objectivement, toute discussion sur Stolypine sera utile à la Russie car elle lui rappelera cet exemple de courageuse citoyenneté » a conclu V. Sourkov.

V. Matvienko a parlé de l’actualité de Stolypine pour le monde contemporain. « Tout le monde n’est pas d’accord avec Pierre Stolypine et sa politique. Aussi bien de son vivant qu’aujourd’hui, les appréciations sont contradictoires, mais ceci ne concerne pas seulement Stolypine et pas seulement la Russie. Les historiens et les représentants d’autres sciences ont toujours rompu des lances et continueront probablement à le faire dès qu’il s’agit d’un personnage important de l’histoire nationale et mondiale », a affirmé le président du Conseil de la Fédération. Evoquant l’importance historique de la figure de Stolypine, V. Matvienko a souligné que grâce à ses réformes la Russie était devenue l’un des pays les plus prospères de son temps, l’expérience de mise en place de ces réformes présentant un intérêt particulier pour le monde d’aujourd’hui : « Dans la plupart des cas, ces réformes ont été un succès : leur étude, leur réflexion du point de vue de leur applicabilité aux conditions contemporaines ont une grande importance, y compris pratique ».

Dans son exposé, le métropolite Hilarion a remarqué que la Russie avait manifestement besoin d’une modernisation économique et politique. Cependant, suivant Mgr Hilarion, il est impossible de parvenir à un effet même purement économique sans prendre en compte la dimension morale de cette modernisation, dans la mesure où « les problèmes accumulés par notre pays depuis plus d’un siècle sont loin d’être simplement économiques : ils ont une dimension idéologique et morale ». S’adressant à l’assemblée, le président du DREE a rappelé que des années d’athéisme d’état dans notre pays avaient « éradiqué les fondements religieux et moraux sur lesquels reposait la vie sociale, les remplaçant par la fragile morale de l’homme soviétique, qui s’inspirait en partie de la base éthique chrétienne ». Avec l’effondrement de l’Union soviétique, cette morale précaire avait perdu toute signification pour les citoyens russes. « La majorité des gens a perdu tout repère, a rejeté tout système moral et demeure dans un vide idéologique. Les vieilles valeurs se sont révélées trop fragiles et trop naïves dans le monde rigide du rationalisme économique et la lutte pour la survie », a pousuivi le métropolite.

Un des principaux obstacles à la modernisation de la Russie aujourd’hui, suivant Mgr Hilarion, est la corruption qui, a-t-il souligné, règne « dans les têtes », ou plus exactement « dans les cœurs des gens ». « L’homme qui n’a pas de limites morales intérieures, qui  ne possède pas la crainte de Dieu n’est limité que par la crainte d’être châtié suivant la loi civile. Mais la loi est imparfaite, de même que sont imparfaits les gens chargés de veiller à son application et de punir les contrevenants. L’usage montre que les mesures répressives dans la lutte contre ce fléau ont une certaine efficacité, mais ne sont pas capables de le vaincre définitivement » assure le chef du Département des relations ecclésiastiques extérieures.

Suivant le métropolite Hilarion de Volokolamsk, toute transformation, tant au niveau national qu’au niveau familial ou individuel doit s’accompagner d’un perfectionnement de l’esprit humain, des qualités morales de la personne. « Tout homme accomplit son propre ministère, où il peut apporter sa contribution à l’œuvre commune de modernisation du pays ».

« La vraie grandeur d’un pays ne se définit pas en fonction du volume de son PIB, ni en fonction de l’ampleur de ses réserves en or, ni suivant ses succès dans les domaines économiques et financiers. La grandeur d’un pays se définit suivant la qualité de son capital humain », estime Mgr Hilarion. « Nous ne construirons pas un état fort tant que nous n’aurons pas appris à construire notre propre vie sur le fondement solide des valeurs morales chrétiennes. Nous ne rendrons pas notre pays attrayant pour nos voisins tant qu’il ne nous paraîtra pas attrayant à nous-mêmes, tant que n’aura pas cessé le reflux du capital humain ».