Le 23 mars 2012, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la Liturgie des  saints dons Présanctifiés en l’église dédiée à l’icône de la Mère de Dieu « Joie-de-tous-les-affligés », à Moscou, entouré de l’higoumène Philarète (Boulekov), vice-président du Département, et d’autres membres du clergé de la paroisse. À l’issue de la célébration,  le métropolite Hilarion a prononcé l’homélie suivante :

« La liturgie des présanctifiés emplit nos cœur d’un esprit particulier – c’est l’esprit de paix et de repos intérieurs, qui sont si indispensables à l’homme dans sa vie de tous les jours. En effet, comme il est fréquent que nous soyons déchirés par nos propres passions, par les circonstances de la vie, et aussi par les impressions extérieures que nous recevons des autres des médias… Pour quelles raisons la paix intérieure est-elle indispensable ? Avant tout pour qu’au milieu de la mer agitée de ce monde, nous gardions le calme intérieur, afin que les passions qui se déchaînent autour de nous ne fassent pas irruption dans notre cœur, afin que nos forces corporelles et spirituelles demeurent dans la sérénité. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons garder la pureté intérieure et la chasteté, nous opposer aux attaques de l’ennemi qui s’efforce de semer dans le cœur de l’homme les graines de la vanité, de l’irritation et de la colère. Nous devenons particulièrement vulnérables lorsque nous perdons la paix intérieure, ce gouvernail intérieur qui nous permet de naviguer sur les eaux de l’océan de la vie, sans s’y noyer.

Souvent, les gens remarquent qu’il est plus difficile de garder le calme intérieur pendant le grand Carême, que ce soit du fait que nous mangeons peu, ou que nous mangeons autre chose que ce à quoi nous sommes habitués, ou que les démons nous attaquent, et nous ne pouvons y faire face. La sainte Église utilise diverses méthodes et moyens pour nous rendre cette sérénité intérieure, que ce monde nous dérobe constamment par les impressions extérieures et les passions, par tout ce qui nous entoure et affecte involontairement nos âmes et nos cœurs. Et l’un de ces moyens est la liturgie des dons présanctifiés. Elle diffère par son caractère particulièrement priant, et ce n’est pas un hasard si le typikon prescrit de l’accomplir au moment du soir, lorsque l’homme a terminé ses occupations du jour, a achevé son travail et son activité habituels, alors que le soleil se couche et que la nature même appelle l’homme à ce qu’il passe  le reste de la journée, jusqu’au moment il va dormir, dans le calme de ses forces de l’âme et du corps. C’est précisément à ce moment que nous accumulons nos forces spirituelles qui sont nécessaires à notre vie. Durant le jour, nous les dispersons – au travail, en  communiquant avec des amis ou des ennemis, et aussi avec la famille, les connaissances proches ou éloignées. Si notre réserve de forces intérieures ne se remplit pas, nous perdons graduellement la capacité d’aller paisiblement à la rencontre des épreuves, des afflictions et de ces impressions externes auxquelles nous nous heurtons constamment.

Mais par la liturgie des présanctifiés, le Seigneur ne nous aide pas seulement à rassembler nos propres forces intérieures, mais Il donne Sa puissance de la grâce, qui recouvre toutes les possibilités humaines et aide pleinement à se sentir chrétiens. Le Seigneur nous donne des possibilités naturelles, mais aussi surnaturelles pour accomplir tout ce à quoi Il nous a appelés.

Le grand Carême est un temps particulier. C’est celui du repentir, de la concentration spirituelle, de la tempérance, et c’est précisément pendant le grand Carême que l’Église nous propose cette liturgie des présanctifié, belle, majestueuse et priante, afin qu’en venant à l’église nous nous unissions avec Dieu dans la prière et que nous nous apaisions, nous détachions des soucis du monde et participions à l’office divin, auxquels les anges prennent part, afin que nous nous renforcions dans la grâce divine, que nous acquérons lorsque nous communions aux saints dons du Christ.

Demandons au Seigneur qu’Il nous aide d’achever dignement le parcours du grand Carême, afin que celui-ci devienne pour nous le temps de la pénitence, du perfectionnement spirituel, de la correction de nos fautes et de la concentration, afin qu’en ces jours nous apprenions à regarder d’un œil nouveau notre propre monde intérieur et ce qui nous entoure, afin que le grand Carême nous prépare à la semaine de la Passion, et celle-ci à la fête de la sainte Pâques, lorsque le Seigneur ressuscité Lui-même illuminera nos cœurs. Amen. »