Le 13 décembre 2011, à Salonique, a eu lieu la présentation de l’édition grecque de l’ouvrage du Patriarche Cyrille Liberté et responsabilité. L’édition a été assurée avec le soutien de l’Archevêché d’Athènes, la maison d’édition « En plo » et la Fondation Saint-Grégoire-le-Théologien.

Étaient présents le métropolite Anthème de Thessalonique et des représentants de son clergé, le Consul général de la Fédération de Russie à Salonique A. Popov, les membres de la délégation de l’Église orthodoxe russe, la presse et des représentants de la société civile.

Le métropolite Anthème a ouvert la cérémonie en s’adressant  à l’assistance. Il a souligné que l’importance de cet évènement qui « témoigne des liens particuliers de nos frères de Russie avec le peuple grec ». Le métropolite a chaleureusement accueilli le métropolite Hilarion venu à Salonique spécialement pour cette présentation. Selon lui, la collaboration des Églises orthodoxes de Russie et de Grèce correspond au dessein de Dieu qui « attend cette unité ». Le hiérarque a dit sa joie de voir éditer le livre du Patriarche Cyrille en grec, remarquant que cette publication elle-même disait en assez l’actualité.

Le métropolite Hilarion a ensuite pris la parole, commençant par relater la biographie du Patriarche Cyrille dans ses grandes lignes, la replaçant dans le contexte des années de persécutions en URSS. « L’énergie déployée par le jeune recteur de l’Académie de Léningrad n’a pas plu aux autorités, a précisé le métropolite Hilarion poursuivant son récit. En 1984, l’archevêque Cyrille fut déchargé de la direction de l’Académie et nommé au siège de Smolensk, l’un des plus pauvres de l’Église russe. Cette nouvelle étape de sa vie coïncida avec une nouvelle étape dans la vie de l’Église qui, après sept décennies de persécutions, commençait à sortir de l’ombre. L’état relâcha l’étau dans lequel il retenait l’Église, avant de s’effondrer à son tour, tandis que 15 états indépendants naissaient sur les ruines d’un grand empire. C’est à cette époque que le métropolite Cyrille fut nommé à la tête du Département des relations ecclésiastiques extérieures, à l’époque le cerveau de l’Église orthodoxe russe. Le Département n’était alors pas seulement chargé des relations internationales, interchrétiennes et interreligieuses, mais devait encore et surtout élaborer un mode de relations entre l’Église et l’état. Pour la première fois depuis plusieurs siècles, l’Église se retrouvait en situation de liberté. Pour la première fois, personne ne lui dictait plus les décisions qu’elle devait désormais prendre elle-même (…) et elle pouvait  élaborer le modèle de relations avec l’état qui garantirait sa liberté interne.

Afin d’élaborer ce modèle, afin de définir la place de l’Église dans une société en pleins changements, il fallait fournir un travail intellectuel et spirituel colossal. C’est de ce travail que se sont chargés le métropolite Cyrille et l’équipe du DREE.

L’un des fruits de ce travail aura été le document intitulé « Bases de la conception sociale de l’Église orthodoxe russe, un texte sans précédent qui définissait le rapport de l’Église au monde, donnant la réponse officielle de l’Église à de nombreuses questions d’ordre social et moral, y compris des questions de bioéthique.

Le livre que nous présentons aujourd’hui au lecteur grec fait également partie des fruits de ce travail intellectuel. Il porte le nom du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, bien qu’il ait été écrit à l’époque où le Primat de l’Église russe était encore métropolite. Il remonte à la période de 1996-2008 (…) et reflète l’histoire de notre Église et de nos patries à la fin du XX et au début du XXI siècles. »

Le livre aborde les défis auxquels est confrontée l’Église après 70 ans de pouvoir athée. Du point de vue du Patriarche Cyrille, l’un des principaux défis est celui de l’idéologie libérale laïque, imposée à tous et dans tous les domaines.

L’auteur du livre est convaincu que l’influence de la religion doit se faire sentir dans la vie quotidienne de chacun. « La foi ne peut être seulement une conviction intellectuelle, elle ne peut être envisagée comme l’affaire personnelle d’un individu concret », a dit le métropolite Hilarion. L’homme ne peut être croyant à la paroisse et à la maison et incroyant au travail. Le christianisme est un mode de vie, pas seulement un mode de pensée. En conséquence, si le chrétien est un homme public, ses déclarations et ses actes doivent être motivés par la foi chrétienne. Si le chrétien fait de la politique, sa foi doit se manifester dans son activité politique. « Sans rien imposer à personne l’Église doit être présente dans l’espace public. L’auteur du livre, aujourd’hui le Patriarche Cyrille, insiste sur le fait que l’idéologie laïque libérale, essentiellement athée, ne peut être considérée comme commune à tous ni obligatoire pour tous », a poursuivi le métropolite Hilarion.

Le danger ne réside pas dans la coexistence de différents paradigmes idéologiques, mais dans le fait que le paradigme séculariste soit imposé à toute la société et prétende à être normatif. « Pour le croyant, liberté ne signifie pas permissivité. Il existe une échelle de valeurs morales absolues, dont la source est Dieu lui-même et ses commandements. Les chrétiens doivent avoir le droit de vivre selon leurs convictions et la norme séculariste ne peut donc être imposée ni être à la base de la législation devenant l’unique base du discours politique, influençant la pratique théologique et ecclésiastique » a souligné le président du DREE.

Le patriarche Cyrille, dans son livre Liberté et responsabilité invite à une liberté qui n’est pas l’affranchissement des commandements et des lois morales, qui n’est pas permissivité, égoïsme ou hédonisme. Il invite à la liberté par rapport au péché, liberté qui permet ainsi la croissance spirituelle de l’homme. Le métropolite Hilarion est convaincu que tant que se poursuit le débat entre les idéaux religieux et laïc, le livre du Primat de l’Église russe restera d’actualité. « Nous espérons que ce débat qui se poursuivra probablement jusqu’à la fin des temps se terminera par le triomphe de la vérité sur le mensonge et la victoire du Christ sur l’antichrist » a-t-il conclu.

A l’issue de la cérémonie, le chœur de la métropole de Thessalonique a interprété des chants de noël.